L’événement était de taille : une conférence internationale sur la
transparence en Afrique dans un pays classé très bas dans la perception de
l’indice de corruption et dans le classement annuel publié par Transparency
International. C’est que lors de sa visite en Mauritanie en décembre dernier,
Peter Eigen, président de TI avait été subjugué par le dispositif mis en place
par notre pays pour lutter contre la corruption et la mauvaise gouvernance en général.
Le rapport qui sortait la semaine de sa visite, et qui plaçait la Mauritanie à
la 122ème place ne l’avait pas empêché de provoquer cette réunion
internationale sur terre mauritanienne.
Sous le thème «Transparence et développement en Afrique», la rencontre
a finalement réuni les experts de tous horizons : institutions
internationales (TI, Banque Mondiale, Union Européenne, Union Africaine,
PNUD…), organisations de la société civile locales et régionales et les
représentants de gouvernements. En fait ce qui fait la fameuse triptyque du «Triangle
magique» tel que défini par Peter Eigen.
Après deux jours de discussions ouvertes, les participants ont convenu
de «la nécessité urgente et permanente d'accélérer
les progrès dans la lutte contre la corruption, le blanchiment d'argent,
l'évasion fiscale et toutes les autres formes de flux financiers illicites, à
travers des approches globales et stratégiques à long terme». Relevant que «l'Afrique est dotée d'une richesse de ressources naturelles,
dont le pétrole et le gaz, les mines ainsi que les ressources marines». Malgré cela, notre continent vit
toutes ces misères qui n’expriment en rien ses potentialités. Pourtant, «avec une bonne gouvernance à tous les niveaux, ces
ressources naturelles peuvent transformer les vies de millions de citoyens
africains des générations actuelles et futures. Avec une bonne gouvernance, les ressources naturelles
peuvent permettre à nos Etats de créer des emplois, dynamiser la croissance
économique, réduire la pauvreté et les inégalités, accroître l'intégration
sociale et favoriser le développement durable».
Dans le texte intitulé «Déclaration
de Nouakchott», les participants ont appelé
«à soutenir et à suivre l’engagement du gouvernement de la
Mauritanie, qui assure actuellement la présidence de l’Union Africaine». Notamment «à encourager la gestion efficace et transparente
des ressources publiques par des institutions fortes et fonctionnelles, une
fonction publique professionnelle et efficace, ainsi que des politiques saines
de gestion budgétaire et de passation de marchés et l'utilisation des nouvelles
technologies et des instruments pour la publication et l'analyse des données
fiscales». Ensuite «promouvoir
et renforcer la coopération et le dialogue entre les gouvernements, la société
civile et le secteur privé, afin de construire le consensus politique et la
compréhension qui sera nécessaire à prévenir et éradiquer la corruption, le
blanchiment d'argent, et les flux financiers illicites.»
Sans oublier d’appeler à «réaffirmer davantage
le soutien pour les efforts des pays membres de l'Union africaine pour
récupérer et restituer les avoirs volés, à refuser un havre de sécurité aux
recettes de la corruption, à mettre en place les principales conventions
régionales et internationales de lutte contre la corruption par leurs
engagements internationaux de recouvrement des avoirs, et à initier les
procédures internes contre les agents corrompus y compris le recouvrement des
avoirs volés».
La conscience aigue de l’utilité des médias amène
les participants à «soutenir la liberté de, et l'accès à l’information, un
principe qui est vital à la promotion de l'ouverture et la redevabilité dans la
politique public et la passation des marchés, et à permettre à la société
civile, y compris les médias, à aider à prévenir et lutter contre la corruption
et ses infractions principales».
Les participants ont
déclaré s’être réunis à l'invitation de Mohamed
OULD ABDEL AZIZ, Président de la République Islamique de Mauritanie,
et Président en exercice de l'Union africaine, avec le soutien de la Banque
africaine de développement, l'Union européenne, Deutsche Gesellschaftfür
Internationale Zusammenarbeit (GIZ) GmbH, Transparency International (TI), le
Programme des Nations Unies pour le Développement, et la Banque mondiale ;
provenant du secteur public, du secteur privé et de la société civile, et en
présence du chef d'État de Mauritanie, de représentants de plusieurs
gouvernements, et de hauts représentants des organisations internationales et
régionales.
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