Il ne se passe plus un jour sans que les régions du Nord malien ne
soient le théâtre d’affrontements entre les forces multinationales et maliennes
d’une part et les Jihadistes d’autre part. La carte des préoccupations dans cette
région est en train de changer. Avec de moins en moins de premier rôle pour les
organisations connues comme le MUJAO (mouvement pour le Jihad en Afrique de
l’Ouest), les Mourabitounes (mouvement créé pour unifier les segments AQMI sous
un même commandement, celui de Mokhtar Belmokhtar alias Belawar), Ançar Eddine
du dirigeant touareg Iyad Ag Ghali…, de moins en moins de rôle aussi pour les
mouvements rebelles qui ne finissent pas de se reconstituer, de s’unir et de se
désunir. Ce qui complique la lisibilité de la situation : on ne sait plus
qui est qui et qui veut quoi. Les commentaires malveillants et l’intoxication à
travers la presse faisant le reste.
De nouveaux mouvements sont en construction. Ils épousent souvent les
contours d’une ethnicité qui ne dit pas son nom. Les agresseurs de Nampala et
ailleurs sont pour la plupart des Peulhs. Jusqu’à présent cette composante
ethnique du Nord n’occupe pas de place prépondérante dans le dialogue
intercommunautaire d’Alger. Alors que les prédicateurs radicaux ont trouvé dans
cette exclusion de fait un motif et une justification pour recruter au sein de
cette composante importante de cet espace. On y pensera quand on se rappellera
que, comme les Bidhânes et les Touaregs du Nord, les Peulhs ont leurs ramifications
sociologiques partout en Afrique de l’Ouest. Que partout où ils sont, ils
vivent une marginalisation plus ou moins avérée. Que les raisons de les pousser
dans les bras du radicalisme sont d’autant plus fortes qu’ils sont
naturellement un peuple religieux, fier d’avoir été l’élément essentiel de la
propagation de l’Islam au sud du Sahara.
Toutes les missions internationales – celle de l’ONU (MINUSMA) et celle
de l’Union Africaine (MISMA) – reconnaissent désormais l’ambigüité de la
situation et la difficulté à trouver des solutions et à rétablir l’ordre.
L’une des grandes difficultés reste l’absence de l’Etat malien et son
incapacité à étendre son autorité sur le Septentrional comme on dit là-bas. La
présence de troupes étrangères ne peut être envisagée indéfiniment car elle est
déjà assimilée à une force d’occupation. D’autant plus que personne ne peut
assurer l’intégrité territoriale du Mali en dehors de ses fils. Personne non
plus ne peut trouver de solutions aux problèmes posés en dehors
d’eux-mêmes.
Dans une déclaration faite aujourd’hui, Pierre Buyoya, le chef de la
MISMA a invité à la mutualisation des efforts car aucun pays du Sahel,
ne peut réussir seul à combattre le terrorisme et ses ramifications
transfrontalières.
Selon les termes du communiqué rendu public par
son bureau, «cette mise en commun des moyens devrait se faire à travers une
pleine appropriation par les pays concernés du Processus de Nouakchott dont l’objectif est le
renforcement de la coopération en matière de sécurité entre les pays du Sahel
et l’opérationnalisation de l’Architecture africaine de paix et de sécurité
(APSA) dans la région sahélo-saharienne».
C’est dans ce cadre qu’il faut envisager le passage à
l’acte par «la mise en place d’une force régionale d’intervention rapide au
Nord du Mali, des patrouilles conjointes aux frontières et une force
multinationale pour faire face à Boko Haram»La reprise des pourparlers d’Alger s’annonce difficile et l’accord qui peut en découler restera fragile tant que toutes les problématiques de la région ne sont pas prises en compte.
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