A entendre Européens et Américains, les crimes commis par l’Etat
islamique en Irak et au Levant (EIIL) ne touchent que les minorités
religieuses, Chrétiens et Yazidis (ce mélange entre Islam et Mazdéisme). C’est
pour eux seulement que «la communauté internationale» s’émeut, c’est
pour eux qu’elle bouge. Alors que les millions de Musulmans, Sunnites et
Chiites, sont les premiers à souffrir de la barbarie instaurée ici par l’EIIL.
Ils sont beaucoup plus nombreux à mourir parmi les Arabes et les Kurdes
Sunnites et Chiites, à mourir sinon à prendre le chemin de l’exil. Depuis le
début de l’offensive des groupes armés, ils ont été les premiers à subir dans
le sang cette barbarie meurtrière. Mais cela ne fait bouger personne.
Aujourd’hui que cette «communauté internationale» consent
enfin quelque assistance très ciblée et très limitée dans le temps et dans
l’espace, elle ne concerne que les seules minorités religieuses. Une façon
d’avoir bonne conscience face aux opinions publiques, face à l’Histoire.
N’est-ce pas la faute des Américains et des Occidentaux en général
si l’Irak est aujourd’hui au bord de l’effondrement total ? s’il
s’effondre brutalement… Le cycle est passé par l’embargo, puis par l’occupation
qui a permis de diviser les populations et de condamner le pays à éclater…
Le gouvernement auquel la gestion du pays a été confiée s’est
attelé à approfondir les clivages confessionnels et ethniques. De manière à ce
que la partition soit aujourd’hui inévitable. Les contours d’un pays pour les
Sunnites, d’un autre pour les Chiites se dessinent, alors que le Kurdistan est
déjà indépendant. Quand on engage l’opération d’armement des Peshmergas, c’est
bien une façon de consolider cet Etat kurde et de lui donner les moyens
militaires et psychologiques de son indépendance totale.
A l’origine de ces mouvements fondamentalistes qui détruisent
aujourd’hui nos sociétés et nos projets de développement, il y a eu la volonté
de l’Occident impérialiste de faire barrage aux nationalismes libérateurs. En
face des discours révolutionnaires des Nassériens et des Baathistes, il fallait
développer une vision conservatrice, même en risquant de la laisser afficher
une volonté réformiste au nom de l’Islam. Les conservatismes pour contrer la
révolution.
Al Qaeda est née du conflit d’Afghanistan qui était devenu le
théâtre – le dernier – de la guerre froide. Encadré par la CIA, le mouvement
est toujours passé par une phase de collaboration étroite avec les Américains.
Qu’il se retourne après contre eux importe peu dans la mesure où les actions
menées serviront toujours les desseins des puissances impérialistes.
Quand les Américains ont compris qu’il n’était pas possible pour
eux de gérer directement un pays comme l’Irak, quand ils ont été incapables de
mettre fin à la vaillante résistance, ils ont décidé de le quitter et d’y implanter
avant de partir des groupes combattants qui continueront à semer terreur et
désolation. L’Etat Islamique en Irak et au Levant (EIIL) est d’abord une
création des Américains.
Si aujourd’hui, il est mieux armé que les Monarchies du Golf, plus
riche que la plupart des pays arabes, c’est bien parce qu’il a bénéficié de
soutiens décisifs. Il n’est pas sorti du néant.
Dans les objectifs déclarés de Da’ish (EIIL), il n’est pas dit
qu’Israël doit disparaitre de la carte alors que c’est en général le premier
justificatif avancé par ce genre de mouvement et d’idéologie. Il n’y a même pas
de place pour le soutien à la résistance
palestinienne, pas le moindre communiqué en cette période de guerre ouverte
contre le peuple palestinien.
Pauvres Arabes… La Syrie est déchirée, tout comme la Libye,
l’Egypte, l’Irak, le Yémen… la menace pèse sur la Tunisie, l’Algérie, le
Bahreïn…
Pauvres
Musulmans… existe-t-il une seule zone où ces groupes ne sèment pas la mort
compromettant à jamais l’avenir de ces peuples ?
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