A
peine les choix de l’Union pour la République (UPR) annoncés, que les
mécontentements se sont exprimés. C’était attendu. Mais ce qui l’était moins,
c’est le cadre dans lequel cette expression s’est faite : à travers la
tribu.
Au
Hodh, en Assaba, au Trarza, des communiqués ont été publiés au nom de tribus
mécontentes du choix fait par l’UPR. C’est ce qui choque.
Jamais
des choix n’ont suscité autant de désapprobation «tribale». Allant
jusqu’à amener à dénoncer des éléments de la tribu cooptés par le parti qu’on
dit «au pouvoir». Jamais justement l’expression tribale et sectaire n’a
été aussi forte en Mauritanie. Quelques raisons à cela.
D’abord
la perte des repères «traditionnels» parmi lesquels ceux dits «idéologiques».
Qui est qui aujourd’hui ? qui est de gauche ? qui est de
droite ? qui est du centre ? qui est conservateur ? qui est
progressiste ? qui est islamiste ? qui est laïc ? La laïcité
existe-t-elle ici et sous quels aspects ? suffit-il de revendiquer un
référentiel religieux pour être islamiste ? ou de ne pas le faire franchement
pour ne pas l’être ?
Il
y a aussi les repères «physiques» autour desquels s’articulaient les
enjeux politiques locaux et nationaux. D’abord les intermédiaires qualifiés
parfois de «grands électeurs» : notables et dignitaires de régimes
qui ont toujours servi d’encadreurs de masses. Le pouvoir de Ould Aziz a, dès
son avènement, déclaré la guerre à l’intermédiation et aux professionnels en la
matière. Décapitant «l’industrie politique» et mettant fin au racolage
en la matière. Sans asseoir quelque chose à la place. C’est ce qui explique que
la scène semble aujourd’hui un peu perdue, et même chaotique par moments et
dans certains microcosmes.
Troisième
raison et non des moindres, l’absence d’alternative autre que l’instinct
grégaire qui nous réunifie autour de ce que nous avons été et non de ce que
nous aurions voulu être. Il est toujours plus facile pour les formations
politiques de jouer sur les fibres sectaires et primitives que de concevoir et
de travailler pour un projet moderniste et citoyen. Surtout qu’avec la
désaffection des populations, le refus de ces formations de prendre leurs
responsabilités et leur incapacité à faire face aux défis, les partis
politiques n’ont pas pu dépasser le stade de la gestation «démocratique».
Leurs choix de boycott en 1992 et plus tard ont eu l’effet d’une IGV pour la
démocratie naissante. Du coup, la scène politique n’est jamais arrivée à
maturation.
Il
est plus simple alors de rester dans les schémas traditionnels qui imposent à l’individu
la sujétion au groupe restreint. C’est finalement aux autorités de réagir
fortement et rapidement.
Toute
expression franchement tribaliste, ethnique et/ou régionaliste publique doit
être sanctionnée dans l’immédiat. Aucune faiblesse ne doit être acceptée par
les autorités. Les élections concernent les partis et non l’administration
publique. Toute protestation doit viser les partis et non les structures de l’Etat…
On
pourra m’opposer que l’Etat lui-même et ses représentants doivent se faire
respecter. C’est vrai, d’autant plus que ces élections occasionnent des
manquements graves. Quand on sait que les arbitrages sur la loi des finances
ont été suspendus parce que les administrations n’ont pas le temps, on est en
droit de s’inquiéter. Cette loi des finances doit être soumise au Parlement la
première semaine de novembre pour permettre aux dépenses de l’Etat d’être
ordonnées et d’être exécutées. Jusqu’au jour d’aujourd’hui, rien n’a été fait
du travail préalable. A cause de la politique et des élections…
Le
«shut down mauritanien» menace le pays qui se déchire entre soutiens et
protagonistes de groupes tribaux qui n’entendent rien céder de ce qu’ils
croient être une suprématie et qui n’est qu’un sentiment factice d’auto-consécration.
L’Histoire nous apprend que tout ce que nous savons de nous-mêmes est juste ce
que nous voulons savoir, ce que nous avons construit par nous-mêmes et sur le
tard. Rien qui puisse justifier la déconstruction de l’Entité nationale.
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