Il
n’y aura pas de célébration de la fête internationale de la musique. Motif officiel :
le Ramadan. En réalité nous sommes dans un pays qui a cessé depuis longtemps de
guetter toute occasion de faire la fête. Après avoir été une société
passionnément festive, la chape s’est peu à peu installée pour imposer une grave
tristesse. Le recul de la joie dans notre société est certainement le facteur
principal de sa décadence. L’ennui étant l’une des grandes manifestations de
cette décadence.
Le
Nouakchott des années 70 et 80 est une ville bienveillante et bien vivante. Les
nuits étaient animées par des concerts de musique organisés par de grandes
familles de griots qui créent ainsi un espace de créativité, de poésie et donc
de rencontres. A se rappeler la géographie de ces concerts, on croirait que c’était
bien voulu : Ehl Abba, Ehl Amar Tichit, Ehl Hommod Val, Ehl Amar Iguiw, Ehl
Nana, Ehl Meydah… chaque famille était à elle seule un centre culturel bien
installé dans l’un des quartiers de la ville. On savait qu’à telle heure de la
nuit, on trouvait tel poète ou tel autre chez l’une ou l’autre des familles.
En
plus de ces lieux institutionnels, il y avait aussi de nombreux espaces
d’amateurs qui animaient les concerts dans des lieux privés ou même dans les
maisons de jeunes de la capitale. Il y avait une ambiance qui permettait à la
ville de souffler, de respirer et de résister à la pollution déjà
pesante.
La
journée de la fête de la musique de cette année arrive à un moment où le monde
des professionnels de la musique est en crise ouverte. Les divisions qui l’ont
toujours miné refont surface, avec notamment les sempiternelles querelles de
leadership entre les familles qui jugent, chacune, être plus à même de diriger
que les autres.
Les
professionnels les plus connus ne sont pas contents de l’attitude du ministère
de la culture qu’ils accusent d’interférences dans des querelles qui ne
devaient pas le concerner. Mais il semble que c’est surtout l’existence d’un
Institut de musique aussi coûteux qu’inutile qui pose problème. Voilà une
institution qui aurait dû servir à révolutionner les organisations
professionnelles, l’art lui-même et qui, en définitive, freine toute évolution.
L’institut
de musique n’a finalement servi à rien, sinon à amplifier les divergences entre
les professionnels, à rendre toute activité et donc toute évolution impossible.
Rendez nous la joie de vivre d’antan, nous vous
donnerons assez d’espoir pour croire aux lendemains qui chantent.
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