Ils sont deux Mauritaniens à être retenus dans cette zone de
non-droit qu’est la prison de Guantanamo : Mohamedou Ould Sellahi et Ahmed
Ould Abdel Aziz. Chacun d’eux est un cas à lui seul.
Mohamedou Ould Sellahi est un brillant ingénieur informaticien. Il a
effectivement fait partie de certains cercles d’Al Qaeda. Mais en arrivant en
Mauritanie en 2001, il avait été déjà «traité» par les services de
renseignements allemands et canadiens.
Arrivé en Mauritanie, il a fait l’objet d’une première arrestation
qui a été l’occasion d’agents du FBI de l’interroger et de lui demander de
collaborer avec eux pour appâter les transfuges de la nébuleuse. La Direction
de la sûreté l’a mis à la disposition des agents du FBI à Nouakchott. Ceux-ci
ont visiblement compris qu’il n’y avait rien à espérer de l’homme en terme de
coopération et qu’aucune charge ne pouvait être retenue contre lui. Il me
raconta lui-même les méthodes «musclées» utilisées pour lui faire peur,
mais aussi les supplications des responsables mauritaniens qui lui promettaient
monts et merveilles s’il acceptait de servir les Américains. Il sera relâché.
Il est repris quelques semaines après. Cette fois-ci les autorités
mauritaniennes sont décidées à en faire une monnaie de change aux Américains
auxquels il n’y a rien à offrir d’autre. La direction de la sûreté nationale le
retiendra le temps de convaincre les Américains de l’utilité pour eux d’exfiltrer
le citoyen mauritanien Mohamedou Ould Sellahi.
Sans précédent en Mauritanie, et peut-être dans le monde : des
autorités qui livrent l’un de leurs citoyens à une puissance étrangère. Difficile
à comprendre.
C’est pourquoi toutes ces interviews accordées par les parents des
deux prisonniers, par les défenseurs de droits humains, toutes les analyses de
spécialistes resteront incomplètes tant que le ministre de l’intérieur de l’époque,
le directeur général de la sûreté de l’époque, le directeur de la sûreté d’Etat
de l’époque ne nous ont pas expliqué comment et pourquoi Ould Sellahi a été
remis aux Américains qui ne le demandaient pas.
Ahmed Ould Abdel Aziz a lui été arrêté au Pakistan et remis aux
Américains. Il est depuis retenu prisonnier à Guantanamo où il a été
immédiatement transféré. Son fils est né six mois après. Il serait atteint d’une
maladie compliquée.
Aujourd’hui les parents des deux hommes demandent à voir le
Président de la République pour l’entretenir du drame qu’elles vivent et le
sensibiliser autour de la question. Pourquoi ne pas les rencontrer ?
En attendant il est du devoir de chacun de nous de faire ce qu’il
peut pour faire bouger le dossier. Selon les parents, les autorités auraient
argué qu’il est de l’intérêt des prisonniers d’être jugés – et certainement
acquittés – par les juridictions américaines. Cela leur permettra d’éventuelles
poursuites contre l’administration américaine. Maigre prétexte qui ne tient pas
devant la douleur des parents et l’arbitraire vécu par les deux prisonniers.
Mohamedou Ould Sellahi et Ahmed Ould Abdel Aziz doivent être
libérés et remis à leur pays au plus vite. Et comme le dit l’avocat qui a gagné
le premier prix du concours des plaidoiries, concours organisé à l’IFM (ancien
CCF), «Guantanamo : trop, c’est trop… Les cas de Ould Sellahi et Ould
Abdel Aziz»…
L’absurdité du cas et la flagrance de l’arbitraire exercé sont pour
beaucoup dans la qualité reconnue de la plaidoirie.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire