J’ai lu l’autre jour que le Président
Messaoud Ould Boulkheir a rencontré – une fois «a téléphoné», une fois «a
rencontré» - le Président de la République Mohamed Ould Abdel Aziz. Que les
deux hommes ont discuté de l’initiative du président de l’Assemblée nationale
qui venait d’être acceptée – toujours selon ce que j’ai lu – par la
Coordination de l’opposition démocratique (COD). Déduction : on est sur le
point d’aboutir à un accord politique qui ferait dépasser à la Mauritanie la
situation actuelle.
J’ai lu aussi – il y a quelques jours –
que la CENI a décidé de fixer le 1er octobre comme jour d’élections
(premier tour). Ceux qui ont lu l’information n’avaient pas besoin de poser la
question, il suffisait de regarder le calendrier pour voir que c’est un mardi :
le jour d’élections est toujours un vendredi. Mais le sens critique est le
moins partagé chez nous.
D’ailleurs, nos lecteurs, nos auditeurs
continuent de croire (à 100%) ce que nous leur servons. Alors que chaque
semaine, voire chaque jour, nous leur donnons la preuve que nous ne sommes pas
crédibles. Je crois que c’est lié à la demande de vérité qui n’existe pas. Nous
sommes dans une société où la demande d’exactitude n’est pas évidente.
Quand on ouvre un site, qu’on lit un
journal, on écoute une radio ou l’on regarde une télévision, ce qu’on attend
ici, ce n’est l’information, c’est le commentaire de l’information. Ce n’est
pas le fait qu’on veut avec exactitude, c’est la confirmation de ce qu’on a
entendu dans tel ou tel salon, chez tel ou tel groupe politique. Ce n’est pas l’analyse
froide et raisonnée qu’on espère, c’est le commentaire partisan et virulent.
C’est aussi à nos lecteurs, nos auditeurs
et nos téléspectateurs qu’il faut reprocher les manquements à la déontologie qu’ils
sont prompts à dénoncer. Ils sont en partie responsables de la corruption du
secteur des média. Par leur propension à ne s’intéresser qu’à la moins probable
des informations, qu’au plus fallacieux des arguments, qu’au plus tendancieux
des commentaires.
Comment nous arrive l’information ?
Très peu d’entre les journalistes ceux qui vont à la quête de l’information. En
général, elles arrivent dans nos rédactions, prêtes à être diffusées. Nous les
créons parfois. Quand on a un souci de primeur de l’information. En ajoutant «de sources sûres…», «de sources proches de…», «selon une grande figure qui a préféré gardé
l’anonymat…»… dès que quelqu’un préfère garder l’anonymat, il perd sa
notoriété. Il devient un inconnu, un néant.
On accompagne l’information selon ses
positions et ses préférences. Parce qu’elle a été servie par «un ami», elle peut être réaménagée pour
lui donner la forme qui sied. Si elle est commanditée par un «bailleur», elle est servie tel qu’elle
est parvenue, avec la grossièreté souvent, les fautes et les insuffisances. Si elle
est soufflée par un service, elle est amplifiée par la rumeur qui l’accompagne.
Dans notre pays, on a oublié – tous, hommes politiques et journalistes –
que la démocratie se nourrit de vérité et de transparence, de dialogues et d’échanges,
d’équité et d’engagements. Que le pire ennemi de la démocratie est bien la
propension à exacerber les différences, à exciter les frustrations, à provoquer
les fractures et à créer un climat propice à la violence.
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