Pour
une première c’en était une : hier, samedi, en fin d’après-midi, la
voiture du Président de la République qui revenait d’une sortie dans le désert,
est l’objet d’un tir d’une patrouille militaire dans les environs de Toueyla
(trentaine de kilomètres au nord de Nouakchott). C’est la version donnée par le
ministre de la communication qui fait foi dans la mesure où aucun crédit ne
peut être accordé à tout ce qui se dit. Notamment sur l’éventualité d’un acte
délibéré visant la personnalité du Président de la République Mohamed Ould
Abdel Aziz.
Tout
ce qui lie l’accident à une entreprise terroriste aurait été immédiatement
exploité par les autorités qui se verraient alors à l’avant-garde de la lutte
contre le phénomène et subissant pour cela l’ire des combattants. C’est
pourquoi la thèse de l’accident parait la plus probable.
Au-delà
du fait de savoir ce qui s’est passé exactement, c’est la santé du Président de
la République qui importe en ces heures. Pas seulement pour les raisons
humanitaires et affectives que l’on peut prétexter, mais surtout pour ce que
cette mort aurait impliqué pour la Mauritanie. Imaginons un moment que le pire
était arrivé. Le pire étant la mort du Président. Quel que soit par ailleurs le
responsable de cette mort ou le mobile de l’acte, le pays serait plongé aujourd’hui
dans l’inconnu.
Si
j’en parle, c’est bien pour interpeller ce qui reste des consciences nationales
afin de les amener à prendre sérieusement en compte la fragilité de cette
entité qu’est la Mauritanie.
Nous
avons encore en tête les images de juin 2003, le sac de certains édifices
publics, la désertion des prisonniers, la fuite des hommes d’affaires et des
dignitaires du régime de Nouakchott, la peur d’une population désemparée, celle
d’une classe politique tétanisée et incapable de réaction.
Il
y a eu certes des coups d’Etat chez nous, toutes sortes de coups (la nuit, le
matin, l’après-midi…), mais jamais, à part celui du 8 juin 2003 cela n’a
entrainé mort d’homme. Et les morts de ce jour-là, nous avons accepté,
implicitement, de les inscrire dans la rubrique «pertes et profits», la plupart
des responsables ayant aujourd’hui pignon sur rue (et notoriété).
Chez
nous, l’assassinat politique relève du domaine de la légende. Certains continuent
de croire que l’Emir Mohamed Fall Ould Oumeir, que Sidi Mohamed Ould Soumeyda,
que le colonel Ahmed Ould Bouceif et ses compagnons, que le commandant Jiddou
Ould Saleck, que même Ahmed Ould Minnih et Pr Mohamed Ould Ahmed Aicha… que
tous ceux-là ont été victimes d’un complot (sabotage, empoisonnement…). Cela reste
cependant du domaine des allégations. Jamais, depuis le temps des Emirats, il n’y
a eu un assassinat politique sur cette terre. Et si la dévolution du pouvoir a
toujours été par voie de coup d’Etat, elle est restée sans violence.
Ceux
qui veulent accréditer l’idée d’une opération visant le Président de la
République doivent se reprendre et saisir les conséquences de leur propagande.
Remercions
Allah de nous avoir préservés du pire et reconnaissons qu’il n’y avait aucun
intérêt à cacher la vérité si elle était autre que celle donnée officiellement.
C’est d’ailleurs ici le lieu de souligner la rapidité avec laquelle le
ministère de la communication a réagi. Une première aussi dans ce pays où l’on
a appris à cacher tout, le temps de laisser s’installer le doute et la peur.
Tout le monde savait que le Président de la République
passait ses heures de repos en plein désert, au nord de Nouakchott. Tout le
monde savait qu’il se déplaçait seul, sinon «légèrement» accompagné, même dans
les rues de la capitale où il a pris l’habitude de circuler de nuit comme de
jour. Mais ce que nous ignorions c’est qu’il y avait des patrouilles de l’Armée
dans ces zones-là. En fait, la présence, la semaine dernière, de dizaines d’intervenants
miniers américains, australiens et européens à Nouakchott et le passage du
rallye «légende des héros» expliquent largement les derniers renforcements de
la sécurité autour de la ville de Nouakchott plusieurs fois menacée par AQMI. Cette
patrouille mise en cause dans le tir accidentel pourrait faire partie de ce
déploiement.N.B: Le Président a été blessé au niveau du côté (bas, shaakla), aucun organe vital n'a été touché. Il a subi une opération réussie à l'Hôpital militaire et a été évacué pour des soins complémentaires.
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