Le 28 novembre 2010, le Président Ould Abdel Aziz disait sa pleine disposition et même sa foi en la nécessité d’un dialogue avec l’opposition. On attend depuis des propositions officielles de la Coordination de l’Opposition démocratique (COD). Mais cette réponse a tardé pour raisons de mésententes internes. On nous dit aujourd’hui qu’elle est fin prête. Mieux vaut tard que jamais. Trois positionnements auront marqué cette longue gestation.
Les plus radicaux vis-à-vis du pouvoir préconisaient l’exigence d’une élection présidentielle anticipée. Cette position défendue par le RFD était assimilée par Ould Boulkheir de APP à un coup d’Etat.
Un deuxième groupe, dirigé par l’UFP, revendiquait le retour à l’Accord de Dakar comme base de dialogue. En faisant fi du fait que l’Accord de Dakar est un tout destiné à sortir le pays d’une situation politique d’exception et non à régir la vie publique. Une élection présidentielle consensuelle et dont le processus est cogéré, tel est le sens de la lettre de cet Accord. En son article VII, il disait que «dans le prolongement» de cette élection, un dialogue inclusif devrait être promu entre les différentes composantes de l’espace politique mauritanien. Il n’y a pas eu de «prolongement» parce que les deux autres protagonistes – le FNDD et le RFD – ont refusé de reconnaitre les résultats de ces élections pourtant cogérées. L’Accord de Dakar est mort quand ses signataires ont convenu de l’enterrer. Et si on le remet aujourd’hui en vigueur, comment faire pour retrouver «les parties prenantes signataires» ? d’une part le FNDD avec l’UFP, ADIL (aujourd’hui dans la Majorité), Tawaçoul (encore indécis pour son orientation carrément opposante et s’inscrivant dans le sillage de la COD), d’autre part le RFD et les forces soutenant le candidat Ould Abdel Aziz… Le RFD de l’époque est-il celui d’aujourd’hui ? les forces soutenant Ould Abdel Aziz sont-elles celles d’aujourd’hui ? et l’APP, et l’UFP, et Tawaçoul ???
Vient la troisième tendance qui est celle prônant le dialogue et dont les figures de proue sont Messaoud Ould Boulkheir président de l’APP et de l’Assemblée nationale, et Boydiel Ould Hoummoid président du Wiam qui vient de se renforcer par l’arrivée en son sein de deux députés. Ni référence franche à l’Accord de Dakar, ni exigence d’élections anticipées…, juste concevoir une plateforme autour de laquelle un dialogue «constructif» peut s’engager.
Reste que l’approche des élections municipales et législatives (octobre ou novembre) bouscule les acteurs politiques. Certains parlent déjà de la possibilité de boycott oubliant les expériences du passé. En réalité certains chefs politiques de chez nous ont toujours calculé avec «l’effondrement imminent du pouvoir». Treize ans durant, ils ont espéré voir s’effondrer le pouvoir de Ould Taya. Quand il y a eu le putsch manqué du 8 juin 2003, personne n’est pourtant sorti dans les rues saluer une chute éventuelle. Pourtant le pouvoir est resté 48 heures dans la rue. Et quand vint la délivrance de 2005, nos appareils politiques étaient loin d’être préparés à une telle éventualité. D’où l’obligation pour eux de suivre le mouvement. Aveuglément et sans condition pour certains… nous en subissons encore les conséquences. Apprendre du passé n'a jamais été notre fort. Tout comme d'ailleurs anticiper sur l'avenir.
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