samedi 31 décembre 2011

Adieu 2011…


L’année 2011 finit ce jour. Une année de plus est passée. Les années s’égrènent, une à une sans qu’on se rende compte que nous perdons un temps précieux.
La politique reste l’occupation première de l’élite mauritanienne. Elle le restera tant qu’elle est une source de revenu, de sécurisation de carrière et de promotion sociale. Les pratiques PRDS (parti-Etat, 1991-2005) ont fait que 98% de l’élite ont trouvé dans l’exercice de la politique la voix la plus aisée et la plus courte pour gravir les échelons, accumuler les biens et profiter de l’impunité ambiante. La politique est devenue un exercice permanent d’indignité et de mensonges. Sans risques pour ses auteurs.
Le jeu politique reste un exercice pour les plus doués dans l’irrespect du code de la route et autres réglementations sociales. Ceux qui clignotent à gauche et virent à droite. Ceux qui ont toujours un objectif déclaré, un objectif caché et un autre qui leur permet de ne jamais être stable dans le positionnement, ni constant dans les engagements.
L’école est toujours un dépotoir social, une sorte de fabrique de la nullité à ciel ouvert. C’est vraiment le Mal, avec un grand M. Et parce que l’ascension professionnelle et la promotion sociale ne sont pas le fruit d’un effort particulier, encore moins la conséquence de qualités particulièrement positives, l’école fournit la médiocrité ambiante et la cultive.
Malgré la multiplication des festivals, des émissions spécialisées dans la promotion de la musique ou de la poésie, malgré toutes les gesticulations, nous ne retrouvons pas le chemin de la prospérité, de la créativité et du rayonnement. Le «recul de la joie» - c’est comme ça qu’un ami à moi appelle la tristesse ambiante et qui est la cause, selon lui, de nos déboires – règne toujours, faisant de nous l’un des peuples les plus constipés sur terre. L’expression du bonheur est une condition de l’accomplissement individuelle et commun. Le Mauritanien n’est jamais satisfait et ne fait rien pour l’être…
Pas la peine de parler d’économie, de la fracture sociale, de la menace sécuritaire, de l’administration… cela nous attristera encore plus. Alors que nous sommes déjà trop tristes.
Mais l’année finit quand même avec quelques notes heureuses. Au plan politique, le dialogue politique a permis de discuter sans tabou, notamment des questions liées à la dévolution pacifique du pouvoir, les équilibres du pouvoir afin d’atténuer le régime présidentiel, la normalisation des institutions notamment de l’Armée… Il reste certes beaucoup à faire, des textes à affiner, des rôles à préciser, des missions à élargir… Il y aura toujours quelque chose à dire. Espérons que les députés de la République essayeront de le dire durant cette session qui tire à sa fin et qui a été réservée (presque) aux nouvelles lois issues du dialogue.
Le train de vie de l’Etat a considérablement diminué, avec lui la circulation de «l’argent facile»… «l’argent facile» désigne ici tous les fonds laissés en gestion à des prédateurs connus en vue de les traduire en projets de développement du pays et qui se retrouvent dans leurs comptes personnels : la création de nouveaux riches participait de l’exercice de la politique car cet argent est utilisé pour entretenir une clientèle politique au profit du parti-Etat. Ce «bien mal acquis» et facilement dilapidé, s’est considérablement tari. Tout le monde s’en plaint. Parce qu’on ne sait toujours pas ce qu’on veut…
On m’a raconté récemment qu’une vieille dame devait obligatoirement faire un voyage loin de chez elle, au moment où sa petite fille devait accoucher. La dame avait un vieil âne qui rechignait à quitter le campement. Son beau-fils et ses deux cousins entreprirent de faire avancer l’âne. Tiraillée entre la nécessité pour l’âne de continuer à être poussé et l’inquiétude pour sa fille restée seule, elle répétait : «continuez à frapper l’âne, revenez au campement». Traduisant ainsi son incapacité à faire le choix… n’est-ce pas une attitude bien de chez nous : ne jamais établir un ordre de priorité, toujours vouloir tout et tout de suite, tergiverser entre les choix différents… n’est-ce pas ?  

vendredi 30 décembre 2011

Le conseil de l’UPR


Le conseil national de l’union pour la République (UPR) s’est tenu jeudi. L’évènement serait passé inaperçu s’il ne se tenait pas dans des conditions particulièrement «agitées» pour le parti qui est sensée être au pouvoir.
D’ailleurs, c’est ce «parti au pouvoir» que l’UPR a voulu accréditer par l’organisation d’une telle assise. Pour ce faire, le conseil avait annoncé l’arrivée du Premier ministre, Moulaye Ould Mohamed Laghdaf qui devait présenter le plan d’urgence, solidarité 2012. Il n’est finalement pas venu alors que sa présence aurait pu être lue comme le véritable signe de confirmation d’un gouvernement émanation du parti. C’est finalement le ministre du développement rural, Brahim Ould M’Bareck qui a présenté le programme…
Il s’agissait aussi pour l’UPR de (re)faire son unité, au moins sur la place publique. D’ailleurs le président du parti ne manquera pas de saluer les efforts des députés. Ceci pour dépasser le dernier clash entre le responsable politique et les députés auxquels il était venu faire la leçon l’autre jour (voir la journée de mardi).
Ce qui n’a pas empêché d’entendre le seul discours discordant dans la bouche d’un député. Il s’agit du député de Barkéwol, Mohamed Ould Babana qui a dit que le péché originel de l’UPR a été la désignation plutôt que le choix des membres de son conseil national et de son bureau exécutif. Il a rappelé que la politique est une activité qui demande un engagement, une compétence, une expérience… Ce ne semble pas la préoccupation du parti.
Au sein du parti, de fortes divergences apparaissent de temps à autre. Mais le parti est conscient que le premier danger pour lui est de perdre le parrainage prononcé du Président de la République Mohamed Ould Abdel Aziz. A la veille des élections et pour un parti qui n’a pas pu s’imposer de lui-même sur la scène, un parti qui s’est vu tout offrir (majorité parlementaire, mairies, militants…), pour ce parti, perdre le soutien direct et visible du Président équivaut à la mort. C’est bien cette bataille qui l’occupe en ces temps où l’on parle de formations de jeunes encouragées par le Président de la République.
Quoi qu’en disent les instances de l’UPR, ce parti est incapable d’être l’appareil politique adéquat pour accompagner celui qu’il est sensé servir : le Président Ould Abdel Aziz. Et parce que celui-ci a décidé de ne pas reproduire les rapports que ses prédécesseurs entretenaient avec les partis de leurs époques (PPM, SEM, PRDS, ADIL), l’UPR ne sera pas «le Parti-Etat» qu’il aurait bien voulu être. Et parce que la réhabilitation du politique est encore à faire, l’UPR attendra pour devenir un parti politique. Du chemin reste à faire…

jeudi 29 décembre 2011

Une complicité à positiver


Quelques-uns de nos confrères l’avaient relevé en son temps : la participation des députés de la COD (coordination de l’opposition démocratique ayant refusé de participer au dialogue) à la session ouverte en novembre est en contradiction avec la position de leurs partis, de leurs discours officiels qui jugent illégale et illégitime cette session.
C’est aujourd’hui le grand professeur Lô Gourmo Abdoul, figure emblématique du mouvement de contestation en Mauritanie, qui explique la position du droit dans une interview accordée à nos confrères du Calame.
«Ce Parlement n’a plus aucune légitimité ni légalité, depuis l’ouverture de la présente session, puisque le mandat de ses membres a expiré». Pour Lô Gourmo, la députée Kadidata Malick Diallo (UFP) «a vu juste et a dit ce qu’il fallait direEt d’expliquer que «l’opinion publique attend, toujours, la réponse du Ministère, sur la légalité des reports, en rafale et sans précédent, de la quasi-totalité des élections du pays, c'est-à-dire celles des sénateurs, des députés et des conseillers municipaux et maires». Pour lui, «leurs dates sont fixées par des textes – la Constitution et des lois organiques – de valeur supérieure aux actes administratifs qui les ont prolongées. Pour ne s’en tenir, à titre d’illustration, qu’à l’élection des membres de l’Assemblée nationale, il est facile de voir que c’est la Constitution – et elle seule – qui impose la durée du mandat de ses membres et détermine, du coup, le calendrier électoral. Son article 47 est on ne peut plus clair: "Les députés à l’Assemblée nationale sont élus pour cinq ans au suffrage direct".» 
De son côté, «la loi organique (ordonnance n° 91-028 du 7 octobre 1991) dispose que "les pouvoirs de l’Assemblée expirent à l’ouverture de la session ordinaire du mois de novembre à la cinquième année qui suit son élection". Cette disposition s’explique par le fait que des élections doivent, nécessairement, avoir été organisées dans les soixante jours qui précédent, afin que les nouveaux élus puissent entrer en exercice dès l’ouverture de cette session, ce qui impose la date des élections en septembre et octobre, pour les députés et les conseillers municipaux, sans parler des sénateurs».
La conséquence, aux yeux du Professeur Lô est sans appel : «Si les élections ne sont pas organisées à la date prévue, l’institution concernée est vidée de ses compétences et ne peut, donc, plus fonctionner en organe régulier de l’Etat. Elle devient une sorte de «zombi constitutionnel» qui, le cas échéant, expédie les affaires courantes mais ne peut plus prendre de décisions nouvelles de nature à engager les intérêts essentiels ou l’avenir de l’Etat et du pays». 
La solution selon lui ? «Si le pouvoir actuel voulait suivre le Droit et éviter un vide juridique, il fallait qu’il fasse adopter, par sa majorité, une loi constitutionnelle qui le lui permette. C’est ce qu’avait fait le président Moktar Ould Daddah, en 1970, lorsque, voulant prolonger le mandat des députés, il dut faire adopter la loi constitutionnelle 70-124 du 24 avril 1970, que tout le monde peut consulter». 
Cette lecture sans appel des textes est évidemment celle d’un spécialiste qui ne cache absolument pas ses engagements politiques (il n’a jamais su les cacher, et c’est tout à son honneur). Sa lecture peut – et doit – avoir force de fatwa, au moins pour ceux de l’opposition qui ont tenu à ne pas rater la session ouverte en novembre.
Si, comme le dit le Professeur, l’illégalité est établie – et c’est ce que je pense malgré le peu que je connais du droit -, la responsabilité de tous est fortement engagée. La présence des députés de l’opposition constituant une complicité évidente. Et si l’on pousse le raisonnement du Professeur Lô Gourmo qui compare la situation à celle occasionné par l’existence du HCE (haut conseil d’Etat, organe au pouvoir le 6 août 2008 jusqu’au 18 juillet 2009), peut-on assimiler l’attitude des députés (leur participation) à un soutien à cette situation «exceptionnelle» ?
Mais au lieu de rester sur ces concepts et parce que la faute est consommée, peut-on attendre de ces députés d’apporter plus (et mieux) aux textes qui passeront devant eux. Sur la CENI, la HAPA, les rééquilibrages du pouvoir, les modifications des lois électorales…, pouvons-nous attendre des députés de l’opposition des propositions en vue d’améliorer ces textes ? ou resteront-ils au niveau de l’expression d’une virulence verbale vis-à-vis du pouvoir en place ? Le temps de faire des propositions pendant son temps de parole peut-il arriver ? La simple haine peut-elle cesser d’être un programme ?
Dire, un mois après, que la session est illégale est certes utile mais elle ne disculpe pas. Parce que le moment pour le dire est passé… nous y sommes restons-y.

mercredi 28 décembre 2011

Enrôlez-vous !!!!


Ce n’est pas la présente campagne menée pour populariser l’opération d’enrôlement, qui me pousse ici. C’est mon expérience personnelle.
Je ne sais pas pourquoi, peut-être quelque relents de chauvinisme et de sentiment d’appartenance qui me rattrape, peut-être l’âge, en tout cas j’ai décidé depuis le début de faire enrôler à Mederdra. J’attendais donc l’occasion.
Ce matin, j’y suis allé. Seul. En arrivant, j’ai trouvé une équipe dirigée par un jeune homme et comprenant au moins un notable de la ville et l’adjoint de la Brigade de Gendarmerie. Il y avait là deux autres personnes que je ne connaissais pas. La commission était bien installée et vu la présence de Mohamed Ould Samba el Voullany (le notable), la question de l’identification était rapidement évacué, juste en utilisant la procédure consacrée : vous présentez vos papiers (CIN, acte de naissance originelle…), le président de la commission, cadre de l’Agence d’enrôlement et patron des lieux, s’assure auprès de vous de la conformité des informations, vous corrigez s’il y a lieu parce qu’on vous dit que ce qui sera saisi sera définitif pour vous, on vous fait lire les informations, vous signez et vous passez à la deuxième phase qui est celle de l’enregistrement des données physiques (biométrie) : photo, empruntes, signature… Et, séance tenante, une copie de votre nouvelle pièce d’identité vous est remise. Avec le numéro national qui servira à tout établir : la CIN, le passeport, le permis de conduire, la carte grise, la carte bancaire… c’est le seul pays qui aura un système intégré de la sorte, avec toutes ces possibilités.
La célérité, la solennité, la disponibilité de la commission, la clarté  et l’écoute font que là où j’ai été au moins, ça marche. On m’explique que depuis deux jours l’affluence est forte. C’est que, le 20 janvier prochain, on commencera à éditer les CIN et les passeports. Certains pays interdisent, à partir du 1er janvier 2012, l’accès sur leurs territoires de gens qui n’ont pas un passeport biométrique.
Quand vous aurez décidé de vous enrôler, je vous souhaite d’être gagné par le sentiment qui m’a étreint quand j’ai tenu l’acte entre mes mains. Grâce à ce sentiment et cette émotion, j’ai compris combien cette opération était importante. Ne serait-ce que parce que nous avons, enfin, un système sérieux et moderne. Manière d’avoir quelque chose qui inspire confiance. Tant mieux. 

mardi 27 décembre 2011

Le politique et le journaliste


C’est l’édito paru dans La Tribune de la semaine que j’ai voulu partager avec vous :
«Nos confrères d’ANI (akhbar Nouakchott) et d’Alakhbar ont rapporté des informations qui n’ont visiblement pas plu à l’Union pour la République (UPR). Le parti qui se veut au pouvoir s’est fendu d’un communiqué virulent où il a accusé les deux organes de mentir. Poussant la méchanceté des propos jusqu’à accuser ceux de l’ANI d’être à la solde du …prosélytisme chrétien et juif (sic)… Ce que cela veut dire ? Rien sinon la suprême insulte pour les rédacteurs du communiqué. Toute la presse a fait bloc face à cette attaque sans précédent.
Jusque-là, et même du temps des dictatures du PRDS et UFD (union des forces démocratiques, parti d’opposition très sensible aux critiques), aucun parti n’est allé jusqu’à attaquer de front des organes de presse. On se contentait de parler d’«une certaine presse», «des journaux», «un site»… tout en restant dans le vague. Mais jamais d’attaque aussi virulente et aussi vulgaire.
Ceci dit, nous allons revenir aux informations publiées ça et là (et pas seulement dans les deux organes).
La semaine dernière, et juste à la veille du vote de la loi des finances rectificative, le directeur politique – on peut être directeur politique d’un parti comme on l’est d’une entreprise publique  (avec avantages pour soi et risques pour elle) – de l’UPR tient une réunion avec les députés de son parti. C’est la première du genre. Et nombre de députés étaient venus croyant qu’ils auraient affaire au président du parti, ce qui aurait été l’occasion de «régler certains problèmes». Ce n’était que le directeur politique…
En ouvrant la réunion, le responsable politique a tenu des propos qui ont dérangé. Il a demandé aux députés d’être plus engagé dans la défense du gouvernement en remarquant que «quelques députés de l’opposition ont pris le devant de la scène». Qu’à l’occasion du passage de la loi des finances, l’UPR a confié à des spécialistes la rédaction d’un mémorandum qui sera distribué aux députés qui devraient articuler leurs discours autour des axes de ce document. Objection des députés : le projet de loi est en discussion depuis un mois, pourquoi attendre la dernière minute pour proposer ce discours ? Réponse : à prendre ou à laisser. Malaises et protestations. Clashs même entre les députés de la formation.
En fait, cette réunion intervient à un moment où des voix se font de plus en plus entendre, des voix qui dénoncent tantôt l’inertie du parti, tantôt son absence de représentativité, tantôt ses incohérences, tantôt ses mauvais choix, tantôt… son existence (khlagtou baat)…
Les détracteurs de l’UPR ne sont plus ses adversaires politiques mais ses militants, ses cadres, on personnel administratif… Mais plus grave pour lui, le refus du Président de la République de faire comme avant, d’aller plus loin que ce que lui permet la loi : Ould Abdel Aziz ne veut visiblement pas d’un PRDS ou d’un Adil bis. C’est pourquoi il refuse de laisser utiliser les moyens de l’Etat au profit de l’UPR. C’est pourquoi quand un groupe vient le voir pour décrier la situation qui y prévaut, sa réponse est toujours la même : si la situation est telle que vous la décrivez, pourquoi ne pas essayer autre chose ? Avec les partis de jeunes en formation, il a poussé le résonnement jusqu’à s’engager à ne rien faire pour un parti quel qu’il soit, allusion à l’UPR…
Il y a de quoi énerver un parti qui ne compte visiblement que sur le soutien officiel, celui de l’autorité publique. Un parti qui refuse de comprendre que la Mauritanie a dépassé un cap et qu’il serait impossible de la faire revenir en arrière. Ce n’est pas la faute de la presse si on en est là. Ce n’est pas non plus sa faute si le parti qui devait épauler le Président de la République dans la réalisation de son programme, que ce parti vive aujourd’hui sur le crédit de celui qu’il devait servir, avec les risques de l’entamer sérieusement. Pas non plus sa faute si, pour organiser un meeting dans la capitale économique – là où il y a hommes d’affaires et cadres déclarant leur soutien à Ould Abdel Aziz qui y a eu la majorité des suffrages lors de la présidentielle de 2009 -, si donc dans cette capitale, l’UPR a fait une collecte de militants : chaque fédération UPR était appelée à mobiliser quinze voitures avec quatre personnes en moyenne à bord de chaque. Ce n’est pas la faute de la presse si l’UPR n’arrive pas à être un Appareil politique capable d’accompagner les grands changements en cours…
C’est une tendance chez nos hommes politiques, dans les formations politiques de chez nous : quand ça ne va pas pour eux, c’est la faute de la presse. Si tu n’es pas avec moi, tu es contre moi. Ce n’est pas nouveau et ce n’est surtout pas l’apanage d’un parti donné. C’est une valeur largement partagée et qu’il va falloir analyser, discuter en partenaires.
Il est vrai que notre personnel politique est issu de l’école du monolithisme. Nationalistes de tous bords, communistes, disciples du PPM (parti du peuple mauritanien, 1961-1978), ou des SEM (structures d’éducations de masses, 1980-1991), ou du PRDS (parti républicain démocratique et social, 1991-2005)… tous n’ont qu’une vision : celle de faire de la presse un moyen de propagande à leur service.»

lundi 26 décembre 2011

La question du Sahara, le défi premier


Mes amis de la Jeunesse Euro-Méditerranéenne m’ont demandé de leur faire une présentation sur le conflit du Sahara. Je partage avec vous la présentation ci-après :
«Chaque fois que l’on évoque l’union du Maghreb Arabe ou encore l’intégration dans cet espace, l’on bute sur la question du Sahara qui constitue aujourd’hui un défi majeur sur la voie de la réalisation de cette aspiration légitime de nos peuples.
Trente-six longues années de déchirements dont seize ans de guerre larvée, pèsent lourdement sur le devenir du Maghreb. Même si l’on ignore, le temps d’une analyse, les effets, les blessures de cette guerre, il nous sera impossible d’en occulter l’aspect «bloquant» et déstabilisant pour toute la région. Et parce que votre forum est celui d’un Maghreb de paix, tout commence par là.
Ne perdons pas de temps dans les rappels historiques, certes utiles à comprendre la genèse d’un conflit, mais dangereux quand ils servent à enraciner et à justifier les divergences. Aussi le propos n’est pas de fonder ici une position. Mais plutôt de réfléchir avec vous sur la situation actuelle. Une situation qui est le produit d’un immobilisme injustifié et d’un radicalisme excessif dans les positions.
Mon pays, la Mauritanie, a choisi de se cantonner dans une position de «stricte neutralité». Et pour éviter d’avoir à faire un équilibrisme aventureux face aux puissants voisins du nord, la Mauritanie en a fait sa religion. Arguant la nécessité pour elle de respecter le plan préconisé par les Nations-Unies.
Le Maroc a annexé les territoires qu’il estime siens et a énormément investi pour maintenir sa présence et renforcer le sentiment d’appartenance au Maroc chez les populations de ce territoire. Il a relativement progressé dans son positionnement en acceptant l’idée d’une large autonomie qui pourrait être accordée aux territoires concernés.
L’Algérie continue de soutenir avec force les indépendantistes sahraouis qui ont déclaré leur indépendance le 27 février 1976. Le principe du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, l’intangibilité des frontières héritées de la colonisation, l’illégitimité (et la non applicabilité) de l’accord tripartite, celui de Madrid signé entre le Maroc, l’Espagne et la Mauritanie… tout cela justifie la position de l’Algérie.
Mais au-delà des positionnements officiels (et rigides), y a-t-il des perspectives d’action en vue de rompre avec l’immobilisme qui entretient le conflit ? Oui, quand on fait le constat suivant :
-          Le conflit est très coûteux pour toutes les parties prenantes : au-delà du maintien d’une tension entre les deux pays, le Maroc et l’Algérie dépensent une grande part de leurs ressources financières pour renforcer leurs positions respectives. Des ressources qui auraient pu être allouées aux projets à même renforcer l’intégration au sein d’un Maghreb dynamique et interdépendant. Imaginons les routes qu’on aurait pu construire pour relier les pays entre eux, les réseaux électriques transfrontaliers, les chemins de fer…
-          La résolution du conflit n’intéresse pas réellement la communauté internationale, occupée plutôt par d’autres foyers autrement plus stratégiques pour l’Amérique et l’Europe qui constituent les composantes de cette «communauté internationale» (la Palestine, l’Afghanistan, le Darfour…). Cette indifférence – cachée cependant – a été renforcée par l’état de «ni guerre ni paix» qui prévaut depuis la cessation officielle des hostilités militaires en 1991.
-          Le conflit dure depuis trop longtemps. Et comme tout conflit qui dure, les protagonistes commencent à s’y habituer, à vivre avec, à composer avec… Il est même perçu par certaines oligarchies de la région comme une source de maintien au pouvoir, et une possibilité de tirer profit de la situation.
-          Le conflit se rapporte à un territoire de 266.000 km2, avec une population totale estimée à 120.000 habitants, alors qu’il bloque la constitution d’un espace qui couvre près de six millions de kilomètres carrés et qu’il sert une population de plus de 110 millions d’habitants (sans pour autant dénier à cette population un quelconque de ses droits, sans chercher non plus à l’empêcher de traduire sa volonté malgré la règle de la majorité).

Ce constat fait, nous n’avons plus besoin de faire le plaidoyer d’une action urgente en vue de faire bouger les choses. Cette action doit être la vôtre, vous qui avez bousculé l’ordre établi, vous qui avez dérangé la paresse ambiante, vous qui avez fait écrouler les murs construits par la peur et l’habitude.
Vous devez savoir qu’après avoir essayé les armes dans une guerre sous-régionale coûteuse, les parties prenantes ont décrété un cessez-le-feu ouvrant la voie aux négociations qui durent depuis 20 ans.
Le bouleversement que notre monde arabe en général a connu a ouvert la voie à la volonté des peuples de s’exprimer. Il s’agit pour vous d’imaginer comment le Maghreb de paix à construire peut d’abord régler, et au plus vite, le conflit du Sahara qui reste l’élément de blocage premier sur la voie de la construction d’un Maghreb intégré.
Comme pour ce bouleversement, il vous appartient à vous de créer l’onde de choc qui obligera nos dirigeants à trouver la voie de la paix. Puis celle de la solidarité. Puis celle de l’intégration. Enfin celle de l’union.»

dimanche 25 décembre 2011

La dérive de la SNDE

La SNDE, c’est la société nationale de l’eau. Elle s’appelle comme ça depuis la séparation avec la société d’électricité. Après avoir vécu les affres du manque d’eau, Idini n’arrivant plus à subvenir aux besoins croissants de la ville de Nouakchott, la SNDE a fêté le lancement de la production de l’Aftout Essahli comme s’il s’agissait de la fin de ses déboires.
Il est vrai que l’Aftout Essahli permet de fournir près de 90.000 m3 par jour à la ville. Dont à peine 43% sont facturés. Mais en fait ce qui pose véritablement problème, c’est la gestion de cet ouvrage. Sa rentabilisation qui doit signifier d’abord un recouvrement plus efficient. Ensuite le manque de personnel qualifié pour l’exploiter et l’entretenir. Si bien que la société est en passe de lancer un contrat d’entretien de la grosse tuyauterie avec une société chinoise de la place. Les cadres de la société vivent mal la situation et l’expriment. La hiérarchie est bien au courant de la dérive de la SNDE.
Il y a un peu plus de deux mois, le ministre de l’hydraulique (tutelle) et celui des finances ont été mandatés par le Président de la République pour diagnostiquer et proposer des solutions. Après deux visites de terrain, les ministres ont désigné une commission technique qui a rendu son verdict.
Ne relevons pas cette incapacité du ministre de tutelle d’identifier les problèmes bien avant que le Président ne le lui demande… ce n’est pas la peine, un ministre de chez nous est fait pour attendre qu’on lui dise de faire pour faire, pour ignorer tout de son secteur et des secteurs environnants. Ne nous attardons pas non plus sur le fait de se dire que le ministre des finances doit avoir d’autre chose à faire que de venir s’entretenir, des heures durant avec des cadres mal exploités, peu payés et très mécontents d’une société qui n’est pas sous sa tutelle…
Revenons à nos moutons… Les deux ministres ayant présenté leurs conclusions au Président se sont vu répondre que rien ne sera fait tant que la société n’a pas fait preuve de bonne santé. Pour avoir les milliards demandés, il fallait que la société augmente substantiellement ses capacités de recouvrement. Il fallait qu’elle assainisse sa gestion, qu’elle cesse de recruter…
Quelques semaines après, on se rend compte facilement que le taux de recouvrement a reculé, que la société a recruté sans pour autant prendre en compte ses besoins. Un cadre de la société me disait récemment que si la Mauritanie a effectivement investi dans la réalisation d’un projet comme l’Aftout Essahli, celle-ci n’a pas préparé la gestion de cette grande réalisation. «C’est comme, disait-il, si tu donnais une voiture dernier cri à quelqu’un qui ne sait pas conduire»… et d’en conclure que le problème de la société est d’abord un problème de management. Et c’est vrai. 

samedi 24 décembre 2011


Le monde selon Ould Ahmed Zeidane

Sid’Ahmed Ould Ahmed Zeidane est un monument de la culture de l’espace Bidhâne… sans doute le dernier à jouer une tidinit (luth traditionnel) authentique, à réciter tous les «bett» et autres panégyriques dédiés à la gloire des héros des épopées de cet espace qu’on appelle ailleurs «l’espace Maure»…
Ould Ahmed Zeidane, affaibli par l’exercice de son art qu’il voit dépérir dans une société de moins en moins attachée à ses valeurs premières, ce Ould Ahmed Zeidane résiste encore aux assauts de la guitare électrique, aux chansonnettes fredonnées plus que chantées sur des rythmes endiablés confectionnés grâce à l’électronique…
Un hawl de Ould Ahmed Zeidane est d’abord destiné à raconter les épopées qui se confondent avec l’histoire des groupes… surtout de celui des Awlad M’Barek, cette tribu guerrière appartenant à la lignée M’Ghafra faisant partie de la seconde vague des Hassane venus dans ces contrées à partir du 15ème siècle et dont la plus grande réalisation reste l’arabisation effective et complète de l’espace berbère saharien. De cette conquête victorieuse sont nés les Emirats (Trarza, Brakna, Adrar) et chefferies (Awlad M’Barek notamment). Est né aussi la structuration de la société Bidhâne (Maure) qui a survécu aux siècles d’évolution, à la colonisation et à l’Etat moderne se voulant égalitaire. Et, last but not least, est né le Hassaniya, ce dialecte qui a fini par être parlé dans tout le Sahara de l’ouest et une partie de son centre et qui unit aujourd’hui une aire culturelle qui compte une vingtaine de millions de personnes dont un peu plus de deux en Mauritanie qui reste un pays dédié à l’origine à cette population… du moins dans l’esprit de ses concepteurs (les colons avec notamment l’esprit Coppolani)…
Quand Ould Ahmed Zeidane joue sa tidinit, c’est avec passion. Quand il parle, c’est avec passion. Ce qu’il dit ne souffre pas la contradiction. D’ailleurs pourquoi contredire. N’est-ce pas la beauté des propos, le caractère extraordinaire du récit, la mélancolie que le jeu des cordes provoque, n’est-ce pas cela le plus important ? Parce que c’est l’art qui importe, pourquoi s’attarder sur le fait de savoir si les faits sont exacts ? Peu de gens acceptent cela aujourd’hui…
Je ne connais pas de griots qui récitent aujourd’hui les trois «bett» qui célèbrent «el kars», partition composée à l’origine en l’honneur de Mohamd Ammash Ould Amar, le premier de la lignée Amar Ould Eli et à qui Sid’Ahmed Wul Awlil, griot, praticien émérite de la tidinit et du verbe, avait dit : «Wul A’mar Wul Eli doumouli yelkhallag» (Que Dieu préserve pour moi Wul A’mar Wul Eli). Remplacé par son frère Eli Bouserwaal qui assassinat son frère Hennoun pour éliminer la concurrence, Wul Awlil composa pour le nouveau chef : «Wul A’mar Wul Eli marayt illi kiivu» (je n’ai vu de pareil à Wul A’mar Wul Eli). Puis Khattri vengea la mort de Hennoun et il lui composa : «Wul A’mar Wul Eli la dawar vi dayn» (ne rien devoir à Wul A’mar Wul Eli, je l’espère pour moi). Toutes les compositions ont gardé la rythmique, les notes… Ce qui fait aujourd’hui la confusion.
Guirit maça, guirit Ehl çabay, ntrish, el vayez, lehjib, le’seyri… des titres de partitions associés aux noms de héros de l’épopée Awlad M’Barek qu’il est difficile de dissocier de celle des Idaw’ish.
Cette dernière tribu, la seule tribu non arabe (d’origine) qui a pu résister aux poussées conquérantes et créer une dynastie et un Emirat régnant sur le Tagant. Cette tribu-là doit beaucoup à Seddoum Wul N’Diartou, le plus grand des poètes de l’espace Bidhâne.
Surnommé «l’idéologue de l’Emirat Idaw’ish», Wul N’Diartou incarne parfaitement ce que le griot doit être à la société : une sorte de ministre de la communication, un appareil de propagande qui doit allier le soutien absolu au recul qui permet d’imposer de nobles valeurs, de grands desseins et une belle âme à celui que l’on chante… Rien à voir à nos flatteurs modernes qui trouvent la vertu là où elle n’est pas, qui ne se soucient que de la prodigalité vulgairement exprimée…
Pas le temps de tout dire sur ce qu’inspire une compagnie aussi riche, aussi agréable que celle de Sid’Ahmed Ould Ahmed Zeidane… Juste l’occasion de rappeler que le jour où le pays pleurera ce vieux griot, il aura perdu une partie importante de son patrimoine culturel et civilisationnel. Ce sera dommage.

vendredi 23 décembre 2011

«Dur, dur d’être bébé…»


Tous les pères d’aujourd’hui – au moins ceux qui habitent Nouakchott et qui ont plus de trente ans – ont, à un moment de la journée, eu à discuter avec leurs enfants des conditions de vie de leur temps… quand ils avaient l’âge de leurs enfants…
L’absence d’électricité et la lampe à pétrole, sinon la bougie. Le morceau de pain providentiel de la journée que l’on continuait à mâcher manière de faire durer le plaisir. Les longues marches de tous les jours pour aller à l’école, ou rejoindre ses amis de l’autre côté de la ville. La douche exceptionnellement prise à l’occasion d’une fête ou d’une sortie. Les livres qui manquaient cruellement. Le plaisir d’aller au cinéma au mieux une fois le mois…
Et de comparer avec les enfants d’aujourd’hui qui ont l’eau courante, l’électricité, l’internet, les enseignants, le pain, les moyens de transport (publics et privés), la télévision…
On veut tous dire à nos enfants qu’ils sont mieux lotis que leurs aînés, ceux des générations de leurs parents. On veut tous les convaincre cependant que ce n’est pas cela qui en fait de meilleurs apprenant… parce que la conclusion à laquelle nous aboutissons facilement est celle-là : «…Pourtant les niveaux d’aujourd’hui sont exécrables, l’élève du CM2 de notre époque est plus outillé qu’un docteur d’aujourd’hui…»
A qui la faute ? Ce n’est pas parce que les enfants ne posent jamais cette question qu’il va falloir l’occulter. Répondons à la question…
A qui la faute si, malgré l’amélioration des conditions générales, la vie a dépéri chez nous, l’école a perdu de sa grandeur, la société s’est fourvoyée, les valeurs se sont inversées, la culture a foutu le camp… à qui la faute ? Si biens et opportunités ont été dilapidés ? à qui la faute si nous en sommes encore à nous lamenter sur un passé qui n’a pas, en vérité, été des plus brillants ? à qui la faute si nous avons continué à tourner en rond tout ce temps ? à qui la faute si nous avons manqué de courage pour entreprendre les ruptures nécessaires quand il le fallait ?
Les plus de trente-cinq ans – on va prendre d’autorité cet âge – ont été incapables de changer le monde, de faire évoluer le pays. Ils se sont contentés de le gérer sans risque pour eux de se remettre en cause, sans volonté de remise en cause non plus de l’ordre ante. Nous avons préféré l’immobilisme, nous avons eu la déconfiture.
Aujourd’hui, le pays compte 75% de sa population ayant moins de trente ans (au moins). Alors que la classe dirigeante – au pouvoir ou aspirant à y être – a une moyenne d’âge de 63 ans. Alors qu’il y a une véritable rupture entre cette majorité ayant désormais d’autres préoccupations que ses ainés, et ces ainés-là qui sont quelque part responsables de l’état de déconfiture que nous dénonçons… Cette rupture a besoin de s’exprimer en terme de conflit de génération irréfléchi et rebelle… la jeunesse mauritanienne a besoin de secouer le carcan séculaire, de soulever la chape de plomb, de vaincre les pesanteurs… Elle ne doit pas attendre qu’on en lui donne l’occasion, elle doit plutôt provoquer cette occasion… le souffle de la jeunesse doit emporter toutes les vieilleries qui nous empêchent d’avancer…

jeudi 22 décembre 2011

Les concessions rurales toujours…


On parle beaucoup ces jours-ci de la ceinture verte qui a été morcelée en une multitude de concessions rurales et ce depuis l’ère Taya. On a parlé de l’immense territoire concédé à un promoteur d’un projet touristique et qui a fini loti et vendu au plus offrant. Bien sûr que le promoteur a été obligé «d’associer» l’un des premiers responsables de la transition en lui donnant la moitié des terres…
On a parlé des concessions rurales octroyées à des proches, des serviteurs et des membres de l’ancien pouvoir. On parle actuellement des 150 hectares qui entrent dans le cadre du marché de l’aéroport de Nouakchott. Les travaux ont commencé sur la partie de la ceinture verte octroyée à la nouvelle société chargée de construire l’aéroport.
Quand les bulls ont détruit ce qui restait de la ceinture verte, cela a mis à nu un peu plus une belle concession de 50.000 m2 environ. Une concession qui se trouve au carrefour entre la route qui va au 1er Arrondissement et la bretelle allant au projet Sukuk. Vous ne pouvez pas rater cette concession bien clôturée, ayant une forme peu rectiligne.
Cette concession qui n’a pas été incluse dans l’ensemble «douteux» devant faire l’objet d’une révision, cette concession a été accordée le 27 juillet 2009. Elle a eu son titre foncier le 29 juillet, deux jours après l’acte administratif l’octroyant au nom d’un Med El Mamy dit Meme Ould Mohamed qui est visiblement un prête-nom… à quelque marabout de grande envergure dit-on. Moyennant un prix de 18.750 UM pour une valeur estimée pourtant à 5 millions.
«L’immeuble distinct créé a été inscrit au livre foncier du Cercle du Trarza sous le n°12519 et il a été délivré dudit titre une copie à Mr MED ELMAMY DIT MEME OULD MED acquéreur susnommé». C’est ce que les autorités foncières – le conservateur de la propriété foncière – ont mentionné le 29 juillet 2009 en accordant le titre.
Une concession est octroyée sous forme de «concession provisoire» par une autorité administrative en vue d’une activité productive (agriculture). Après constat des autorités concernées (agriculture) d’une activité sur plusieurs années, vous obtenez une concession définitive.
Le troc du marché de l’aéroport nous permet de relancer le fameux dossier des concessions rurales qui a tant intéressé…

mercredi 21 décembre 2011

De Lemghayti à Adel Begrou


Le 4 juin 2005, le GSPC (groupe salafiste de combat et de prédication) attaquait la garnison de Lemghayti et tuait une quinzaine de mauritaniens (les nôtres). Le 24 décembre 2007, AQMI (Al Qaeda au Maghreb Islamique, ancien GSPC) assassine quatre touristes français près d’Aleg. Le 27 décembre 2007, AQMI tue trois soldats mauritaniens (les nôtres) à Ghallawiya. Le 15 septembre 2008, summum de l’horreur, 11 soldats et un guide civil sont assassinés, décapités et leurs carcasses piégées, à Tourine. Il s’agissait là aussi des nôtres. Le 29 novembre 2009, le 15 décembre de la même année, des occidentaux sont enlevés sur les routes mauritaniennes…
Que la Mauritanie réagisse, on ne doit pas parler d’une «guerre mauritanienne», mais d’une «guerre déclarée à la Mauritanie». Laquelle des attitudes aurait été la plus dangereuse pour le pays : attendre et subir, se contenter dans ce cas de résister aux assauts ; ou reprendre l’initiative, essayer d’éloigner la menace et même d’y mettre fin ?
La Mauritanie a choisi de s’attaquer au mal. A sa racine. Le résultat est évident : certes AQMI continue à menacer, à frapper dans des lieux isolés comme ce qui vient de se passer à Adel Begrou. Il y a quelques mois, AQMI avait essayé l’expédition de Bassiknou qui s’est mal terminée pour ses combattants.
Il faut donc comprendre la recrudescence des activités AQMI, notamment les enlèvements, non pas comme une reprise de l’initiative, mais une tentative de donner l’impression. L’impression d’exister, de continuer à menacer. Se profile derrière aussi, la volonté d’avoir des boucliers pour se protéger contre la menace des Etats de plus en plus déterminés.
Pas lieu encore une fois de présenter cette incursion comme un échec de notre pays. Nous sommes déjà assez émus à l’annonce du rapt de ce gendarme qui n’est plus seulement le fils de sa mère, mais le fils de toutes les mères de Mauritanie, le fils de tous les pères de Mauritanie…
Je crois qu’il est utile aussi de rappeler que ces soldats qui meurent, que celui qui est kidnappé, sont des Mauritaniens, pas des soldats de l’OTAN considérés comme envahisseurs par les Afghans… ce sont les nôtres qui se trouvaient chez eux au moment des faits… et ce n’est pas un titre comme «un gendarme mauritanien kidnappé par les combattants d’AQMI», ce n’est pas ce titre qui permettra d’en faire un citoyen d’une autre contrée. Ce n’est pas non plus une telle attaque qui signe la consécration d’AQMI. Et ce ne peut être l’occasion pour un journaliste de donner l’impression de s’en féliciter. Pas du tout. 

mardi 20 décembre 2011

Corée du Nord-Mauritanie


Kim Yong-un a remplacé son père Kim Yung-il à la tête de la Corée du Nord. Le père est mort à l’âge de 69 ans, le fils accède au «trône» à 26 ans. Le père a hérité ce «trône» de son père Kim Il-sung, lui-même fondateur et premier président de la Corée du Nord. Il a régné près d’un demi-siècle avant d’être remplacé par son fils en 1994.
Vous entendrez ces jours-ci beaucoup sur cette dictature que l’on hérite de père en fils. On vous dira certainement que c’est le modèle nord-coréen qui a inspiré Hafedh El Assad en Syrie, Husni Mubarak en Egypte, Zeine el Abidine en Tunisie, Omar Bongo au Gabon et autres. Mais parce que personne ne s’attardera sur les fortes relations que nous avions eues avec ce pays et ce régime, je m’en vais rappeler ce que j’en sais encore.
Au milieu des années 70, les relations sont si fortes qu’elles nous valent la présence, pour quelques jours, de Kim Il-sung à Nouakchott. Il fut hébergé dans la villa de passage qui était en fait la seule maison appartenant à la famille du Président Mokhtar Ould Daddah, lequel avait préféré la laisser à la disposition des autorités pour y héberger les hôtes de marque. Nouakchott était encore une cité, certes propre et coquette, mais sans grands immeubles, sans le frasque qui allait la caractériser à partir des années 80.
Les enfants de l’époque se racontaient que Kim Il-sung rassemblait sa délégation à l’ombre des grands arbres qui sont encore là, pour passer le temps. On supposait qu’ils discutaient de chose et d’autre. Mais on remarquait que les autres ne riaient jamais en même temps que le «Président éternel», le «professeur de l’humanité tout entière» (c’est comme ça qu’il était surnommé par son appareil de propagande). On s’amusait beaucoup à regarder ces «poupées» qui se déplaçaient dans une harmonie parfaite et qui semblaient avoir trouvé le chemin du bonheur éternel.
De ces années, est née l’usine d’habillement : la Sonaco (société nationale de confection), actuel centre féminin situé non loin du marché ayant son centre de production à El Mina (revendu plus tard à l’ouguiya symbolique). Ce sont aussi les Coréens (du nord) qui organisèrent le défilé du 15ème anniversaire de l’indépendance nationale. Mais la lune de miel ne dura pas à cause de la guerre du Sahara. Les nord-coréens préférant soutenir le mouvement indépendantiste sahraoui.
Il faudra attendre l’arrivée au pouvoir de Ould Haidalla pour relancer ces relations privilégiées. Lui-même ira en Corée du Nord d’où il ramènera l’idée des Structures d’éducation de masses (SEM). Un embrigadement à la communiste qui visait à organiser les populations et qui sera le bras séculier de l’époque CMSN. Plus tard les SEM se mueront en PRDS.
Je ne sais pas exactement quand nos relations ont été définitivement coupées avec la Corée du Nord. Mais je me souviens très du jour où les drapeaux de la Corée du Sud ont remplacé ceux du nord. On disait à l’époque, et je crois que c’est vrai, que les armateurs qui commençaient à avoir leur mot à dire dans la gestion du pays, avaient plus de relations avec le Sud qu’avec le Nord. Ils auraient poussé les autorités vers cette orientation. En effet à partir de la fin des années 80, c’est bien la maffia sud-coréenne qui va régner en maître sur la ressource halieutique mauritanienne. Bien sûr que c’est avec la complicité des opérateurs dans le secteur… mais ça c’est une autre histoire.
Ceci dit, cette relation a été l’expression de l’indépendance de la diplomatie mauritanienne. Chaque fois que cette diplomatie a diversifié ses orientations, cela a été porteur pour le pays. Le contraire a signifié l’isolement.
Le fait de recevoir aujourd’hui une grande délégation iranienne, d’entretenir les meilleures relations avec les Etats-Unis et les pays du Golf, d’aller en Algérie et d’avoir de bonnes relations avec le Maroc, d’être à égal distance de tous nos frères voisins, de nos amis traditionnels… tout cela promet une vision plus équilibrée du monde et probablement moins d’extravagance dans les positions.

lundi 19 décembre 2011

Sauver le privé mauritanien


Malgré les performances, on va dire, «macroéconomiques» du pays, malgré les efforts pour l’assainissement de la gestion, malgré les avancées certaines sur ce plan-là, il y a une question qui reste posée : quelle traductions dans la réalité ?
Chacun sa réponse. Moi je voudrai en profiter pour relancer la question des rapports que notre intelligentsia entretient avec notre privé.
La première grande – et heureuse – conséquence de la naissance de l’Ouguiya, a été l’émergence d’une classe d’hommes d’affaires nationaux qui ont, peu à peu, pris la place des entrepreneurs étrangers (français, libanais, sénégalais et autres). Le Gouvernement de Mokhtar Ould Daddah avait développé une politique volontariste en vue de promouvoir la formation de cette classe. Les faisant bénéficier de traitements de faveur (crédits, impôts allégés, priorité dans les marchés…). Ceux qui étaient là se souviennent encore de la floraison de sociétés de constructions, d’import-export, d’industries… En ce temps où l’Appareil d’Etat était (relativement) vertueux, le boom enregistré était d’bord le fait du dynamisme du privé. Avec en prime la création de fortunes nationales importantes.
Vint le temps des calamités qui se termina, aux environs du début des années 90, à une collision entre le privé et le public. Les politiques – hauts cadres, leaders d’opinion mais aussi chefs de tribus – se mettent au service des hommes d’affaires pour brader les ressources nationales. C’est au plus offrant.
Il est facile aujourd’hui de mettre tout sur le dos d’une classe d’affaires qui s’est approprié le pays, où ce qu’il y avait de bien – au sens matériel – dans le pays. Mais l’on oublie le rôle des hauts fonctionnaires véreux qui ont eu trois attitudes étalés sur le temps :
-          en se prêtant à la corruption par certains hommes d’affaires, ils vendent biens publics, mobiliers et immobiliers, à des particuliers. Ils ont leurs commissions et font la politique. Pour les autres.
-          En entrainant ensuite les hommes d’affaires dans le politique, les amenant à se mettre en avant, à acheter les allégeances quitte à les monnayer plus tard pour le gouvernant. Quand, à l’époque, les hommes d’affaires versent des sommes faramineuses dans le panier de l’action politique, ils sont sûrs de se faire rembourser plus qu’ils ne dépensent à travers marchés de gré à gré, versements, virements, parrainage de nominations… à un certain moment, ce sont des intermédiaires d’affaires qui garantissaient les carrières…
-          En s’engageant eux-mêmes dans les affaires. A la fin des années 90 et au début des années 2000, les prédateurs (hauts cadres du pays) avaient déjà leurs affaires qu’ils faisaient vivre à partir de leurs postes de responsabilité. Un ministre, un secrétaire général, un directeur… chacun avait ses fournisseurs, proches parents qui ne sont que des prête-noms. C’est cette concurrence entre le milieu d’affaires (originel) et le milieu d’affaires (affaires) qui est à la source de blocages du milieu des années 2000. C’est certainement l’un des facteurs du coup d’Etat : les ressources se raréfiant, les prédateurs augmentant, la concurrence devenant chaque jour plus aigue. Le système n’a pu supporter les tiraillements et a implosé de l’intérieur…
De cet épisode nous est restée cette suspicion envers les opérateurs économiques nationaux. Propagande aidant, la stigmatisation des hommes d’affaires a été forte. Si bien quand on parle de la fameuse dévaluation de 1992 (octobre), on vilipende d’abord les bénéficiaires (quelques hommes d’affaires) en oubliant l’organisateur principal, l’esprit, le génie de la manigance (Gouverneur de la BCM). Celui qui a appelé les hommes d’affaires, leur a demandé de verser des fonds qui seront transférés au taux d’avant la dévaluation. Lesquels hommes d’affaires pourraient revendre les devises sur le marché et faire des bénéfices inimaginables. Ce qu’ils ont fait. Ce fut la première grande arnaque en Mauritanie. Elle ne sera pas la dernière…
Quoi qu’on dise, il est temps que l’on se dise que sans un privé dynamique, laborieux, inventif, il n’y a pas de développement possible. Que pour ce faire, les autorités ne doivent pas adopter une attitude de destruction systématique de l’activité privée.
Au niveau des impôts, il faut trouver des solutions aux petites et moyennes entreprises pour leur permettre de payer le fisc sans risquer d’être étouffées. On dirait qu’on n’a jamais entendu sous ces contrées l’expression : «trop d’impôts tue l’impôt». Il faut aussi payer ces entreprises à temps pour leur permettre de tourner. Il faut enfin les impliquer intelligemment dans la lutte contre la corruption et la gabegie en général. Rien de mieux qu’un chef d’entreprise pour vous dire où il faut toucher pour mettre fin aux pratiques frauduleuses. Il faut enfin réhabiliter nos promoteurs nationaux et les protéger des promoteurs politiques.

dimanche 18 décembre 2011

Gone with the wind


Ils sont partis. Sur la pointe des pieds. «Ils», ce sont les soldats américains. De l’Irak, ils se sont retirés après près de neuf ans de présence. On s’en souvient encore…
Le 20 mars 2003, le président George W. Bush envoie ses troupes contre l’Irak de Saddam Hussein, accusé de tous les maux et faisant partie du fameux «axe du Mal» contre lequel l’Amérique lançait sa croisade. L’opération avait pour objectif de «libérer» l’Irak, de donner à son peuple l’occasion de s’exprimer, de lui offrir la démocratie, la sécurité, la prospérité, l’espoir d’un lendemain meilleur, de garantir son unité et de le laisser se prendre en charge enfin.
Près de neuf ans après, les 170.000 hommes mobilisés pour occuper le pays le quittent. Le Pentagone aura dépensé 770 milliards dollars dans cette opération d’occupation. L’Amérique aura perdu 4474 hommes dont la majorité dans les combats, 32.000 ont été blessés et ont quitté le champ de bataille (définitivement ?).
Côté irakien, l’occupation américaine s’est traduite par la mort de 113.680 civils, par la destruction des infrastructures (routes, ponts, bâtiments…), par l’exil d’une partie de la population, l’appauvrissement de cette population, l’exacerbation des déchirements confessionnels et ethniques, le recul de l’Irak sur le plan du développement humain, le pillage de ses ressources naturelles, de son patrimoine historique, l’hypothèque sur son avenir…
Il n’y aura plus que 157 soldats pour entraîner les forces irakiennes et protéger l’Ambassade des USA. Les 505 bases américaines ont été fermées. Parce que l’Irak refusait d’accorder l’immunité aux soldats américains, on ne doit laisser sur place que les indispensables.
L’Irak qui exporte 2,2 millions de barils de pétrole par jour, a un revenu pétrolier de 7 milliards dollars par mois.
L’Irak d’avant les américains ne manquait pas d’eau potable. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. L’Irak d’avant les Américains envoyait l’image d’un pays riche, très développé sur le plan des infrastructures, autosuffisant en cadres techniques de grande valeur, où l’on ne comptait pas d’analphabètes… il parait aujourd’hui comme un pays du Tiers-Monde, avec une situation sanitaire des plus alarmantes dans le monde arabe, un niveau de vie très bas, des conditions précaires et une insécurité très forte.
Mais le plus grave, c’est que l’Irak est menacé dans son intégrité. En partant, les Américains laissent derrière eux une société éclatée, un peuple émietté. Après les Kurdes qui sont en passe de prendre leur indépendance, au moins deux des provinces sunnites ont déclaré leur autonomie ces jours-ci. La province de Diyala ou celle de Salah Eddine estiment qu’il n’ya pas de place pour les Sunnites dans l’Irak d’aujourd’hui. On s’achemine donc vers une partition qui sera fatale pour toute la région.
Encore plus grave, l’étendue du phénomène de la corruption qui ronge l’appareil depuis l’arrivée des Américains…
Les soldats américains n’ont pas manqué d’exprimer leur joie de quitter ce pays en espérant rentrer chez eux le plus tôt possible. L’occupation n’ayant pas été une promenade de santé comme l’avait promis George W. Bush.
Mais les Irakiens sont encore plus contents, eux qui estiment avoir «poussé» les Américains au départ et qui espèrent qu’avec ce départ, c’est la fin de l’occupation.
Les images du retrait américain du Vietnam avaient traumatisé l’Amérique. Il a fallu attendre les expéditions d’Irak et d’Afghanistan pour voir la première puissance mondiale essayer de faire oublier cet épisode malheureux. Aujourd’hui, vous ne verrez aucune image de ce retrait qui signe pourtant l’échec d’une folie guerrière, encore plus absurde que celle du Vietnam. Sur ce plan (communication), l’Amérique est encore très forte…
Il faut dire que les yeux du monde sont braqués sur la Syrie, le Yémen et l’Egypte. Encore un service rendu par les dictateurs aux maîtres du moment. Une trahison de plus pour leurs peuples…

samedi 17 décembre 2011

La Tunisie, un cas à part


Le 17 décembre 2010, un jeune étudiant, vendeur à la sauvette de son état, est excédé par le racket que lui fait subir une police municipale de plus en plus vorace et violente. Dans un geste, non pas de désespoir mais d’objection de conscience, de rappel à l’ordre pour ses compatriotes, le jeune Mohamed Bouazizi s’immole. C’est le point de départ de «la révolution du jasmin» qui va coûter quelques dizaines de morts (de plus mais pas inutilement).
Le 12 décembre 2011, un nouveau président est élu en Tunisie. Il s’agit de l’opposant historique Moncef Marzouki, ancien président de la Ligue tunisienne des Droits de l’Homme, ancien candidat à la présidentielle et opposant farouche à Ben Ali. C’est qu’en Tunisie, du chemin a été accompli.
Un coup d’Etat constitutionnel a permis, avec la complicité de l’Armée qui a refusé de tirer, d’amener au pouvoir une équipe de réformateurs. Des gens qui ont travaillé avec l’ancien régime sans se salir, ayant donc une expérience de l’exercice du pouvoir et en même temps la capacité de satisfaire quelques-unes des aspirations du moment.
Des élections ont été organisées. Elles visaient à choisir les personnes qui devront faire partie de la Constituante ayant pour mission première d’élaborer une nouvelle Constitution pour le pays. Des élections régulières et qui ont donné vainqueur le parti de la Nahda, celui de la mouvance islamiste modérée.
Dirigé par Rachid Ghannouchi, un idéologue de première heure d’un islamisme modéré et moderniste, le parti Nahda a vite fait de composer avec la réalité politique. En fondant une coalition qui lui permettait non seulement d’exercer convenablement le pouvoir, mais aussi de donner les gages de sa bonne volonté à vouloir impliquer le plus de segments politiques de la société tunisienne. La démarche de Nahda lui a permis de faire passer le cap à la Tunisie, du moins jusqu’à présent.
L’autre jour, j’écrivais ici, que la Tunisie qui a aboli l’esclavage en 1846 (deux ans avant la France), qui a eu sa première Constitution en 1861, cette Tunisie-là avait pris forcément une longueur d’avance sur le reste du monde arabe. Ajouter à cela tout l’héritage bourguibien (de Habib Bourguiba, le premier président tunisien) : la scolarisation systématique, l’émancipation de la femme, la désacralisation de tous les aspects de la vie… bref tout ce qui fait que la Tunisie est restée la contrée arabe la plus ouverte sur l’Occident en particulier, sur l’Autre en général.
Le fait d’avoir Rachid Ghannouchi a certainement joué. Il a su avoir la vision, les mots pour l’exprimer, les actes pour la concrétiser, une vision qui rassure et qui n’exclut pas. Le mouvement islamiste tunisien est en avance sur les autres parce qu’il a un idéologue qui a su le réformer très tôt pour faire de la Modernité un enjeu central. Ce n’est pas le cas de l’Egypte où l’on est resté sur Hassan el Banna et ses disciples du siècle passé. Encore moins des autres pays où l’on se cherche encore.
Une société comme la société tunisienne a d’énormes capacités pour subir les du changement violent, en amortir le choc sans en ressentir les effets dévastateurs. Ce n’est pas le cas de tout le monde. Surtout pas des pays arabes dont les peuples ont été volontairement maintenus dans l’ignorance et en retrait du monde. Surtout pas…