samedi 22 décembre 2012

Evaluation


Cela devait se passer dès le 1er trimestre de 2012, cela a attendu les derniers jours de l’année. «Cela», c’est l’évaluation de la mise en œuvre du troisième plan d’action de la stratégie de lutte contre la pauvreté (CSLP) couvrant la période 2011-2015. Et comme pour justifier on vous rappelle que dans le temps, les évaluations se faisaient à la fin du cycle et non chaque année, tout en précisant d’ailleurs qu’il n’y a eu qu’une seule évaluation, celle de 2004.
Cette fois-ci, le ministère des affaires économiques et du développement (MAED) a voulu frapper très fort en organisant les assises de l’évaluation dans une ville de l’intérieur, en l’occurrence Kiffa, la capitale de l’Assaba. Une manière de soutenir la décentralisation et de signifier l’intérêt qu’on accorde à la participation des populations locales et de leurs représentants.
Il y avait là quatre maires par région tous les Walis, les députés qui ont voulu faire le déplacement. Pour l’Opposition, seul le député RFD Yacoub Ould Moïne était présent. Des ONG’s, peu ou pas de syndicats, peu ou pas de presse, de nombreux représentants locaux… En plus de trois membres du gouvernement (MAED, l’intérieur et le secrétariat général du gouvernement) et du commissaire chargé des Droits de l’Homme. De nombreux experts. Deux jours de travaux, de critiques, d’évaluation qui aboutissent, on l’espère ici à la validation du rapport 2011 avant de lancer celui de 2012 qui devrait être évalué en mars prochain. C’est à ce moment-là, à ce moment seulement, que la Mauritanie pourra prétendre à entrer dans la conformité.

vendredi 21 décembre 2012

Que de mensonges !


J’ai été…nommé ce jeudi par certains de ces sites prompts à donner l’information la moins vérifiée. Pas question pour eux de confirmer, d’entrer en contact avec ceux dont ils vont parler, de s’assurer que ce qu’ils vont livrer à l’opinion est juste. Non ! la question pour eux est juste de pouvoir structurer et écrire. Ces sites induisent les radios en erreur et quand c’est la radio, cela prend une ampleur auprès du public. Imaginez la pression que j’ai vécue toute la journée de jeudi, jusqu’en fin de soirée. J’ai dû recharger deux fois mon téléphone.
Mardi dernier, c’était le limogeage du Directeur de Cabinet du Président qui avait «été fait»  la Une. Même procédé : les sites d’abord, les radios ensuite. Ce fut ensuite la mort du président irakien qui avait été annoncée. Chaque jour en fait sa «fausse» Une qui fait le tour… Jamais de démenti ni d’excuses pour le public ainsi abusé. Non pas la peine. Cela procède de la volonté de maintenir un climat de suspicion où il importe peu de savoir le vrai du faux, «de toutes les façons ce n’est pas important». Une manière de décrédibiliser le fait et par-delà, la vérité. La bataille est bien celle-là : chiffres officiels, réalités du terrain, réalisations, avancées, réussites des uns et des autres, distinctions, vraies informations… tout cela doit relever du «pas important» et du «douteux». Tant pis pour les crédules…
Je reviens à cet autre mensonge qui a effrayé quand même des milliers de gens : l’annonce de la «fin du monde», annonce faite par les Mayas dont le message aurait été décrypté par les scientifiques et les diseurs de nouvelles (bonnes et mauvaises). Voilà déjà ce que j’écrivais le 1er janvier 2012 de cela :
«On nous avait mis en garde contre cette année. La littérature relevant de l’eschatologie cosmique, mais aussi le cinéma, la poésie et finalement tous les arts nous ont prédit la fin du monde en 2012. Il y a même eu un film inspiré de cette fin des temps toute proche.
Mais au-delà de l’inspiration artistique qui a quand même donné des chefs d’œuvre comme 2012, le discours est resté le même. A chaque chiffre rond, des philosophes, des artistes, des religieux ont pensé que la fin des mondes, telle que décrite dans les textes ésotériques, que cette fin était imminente.
Nous, Musulmans, on est prémuni dans la mesure où nous croyons – c’est l’un des dogmes de la foi – que la fin du monde fait partie d’un Savoir spécifique réservé au Tout-Puissant. Personne – pas même le Prophète Mohammad (PSL) – n’est habilité à en savoir plus que ce qui a été révélé. Autant dire rien. Cela arrivera quand cela devra arriver. Nous estimons que la fin du Monde est pour chacun de nous l’instant où il meurt.
C’est pourquoi nous disons : «travaille pour ton monde comme si tu devais vivre éternellement, travaille pour ton Au-delà comme si tu devais mourir demain». Essayons de travailler pour le monde ici-bas comme si «nous devions vivre pour l’Eternité»… un peu d’efforts…
Que 2012 soit pour nous la fin d’un monde fait de paresses, d’injustices, d’inégalités, d’ignorances…» 

jeudi 20 décembre 2012

Accord RIM-U-E, plutôt équitable


Après le passage devant le Conseil des ministres européens, l’Accord de pêche a été l’objet d’une évaluation de la Commission de développement du Parlement européen.
Le 3 décembre dernier, le Conseil des ministres avait ordonné la mise en œuvre provisoire et immédiate de l’Accord en attendant son passage devant le Parlement, dernière étape du processus. La compensation devrait être versée dans les jours qui viennent et les bateaux battant différentes flottes européennes devraient reprendre leurs activités dans les eaux mauritaniennes suivant les dispositions du nouvel Accord.
Les Mauritaniens ont exprimé, dans leur grande majorité, leur satisfaction quant aux termes de l’Accord dont la philosophie procède de la recherche d’une exploitation équilibrée et d’un commerce équitable entre notre pays et l’UE. De l’autre côté quelques voix s’étaient élevées pour dénoncer l’Accord qui faisait de la pêche de fonds un monopole des artisans mauritaniens, obligeait à l’embarquement de 60% du personnel sur les bateaux, limitait les zones de pêche, augmentait le prix du poisson mauritanien… Pour une fois ce n’était pas la régularité des négociations qui était en cause, ni l’intégrité des négociateurs, mais la capacité de la Mauritanie à tirer un maximum de profit de sa ressource.
La réunion du 17 décembre de la Commission de développement a jugé très positif cet Accord qui prend en compte le souci de préserver la ressource et d’équilibrer les rapports. Elle l’a donc entériné. Différentes formations politiques européennes sont représentées dans cette Commission qui fait de la préservation de l’environnement un souci premier.
Reste maintenant à trouver des solutions aux opérateurs nationaux ayant des partenaires autres que des ressortissants de l’UE opérant dans le pélagique, surtout prendre en considération la subvention dont jouissent la flotte UE, ce qui ouvre la voie à une concurrence déloyale, les produits étant vendus sur les mêmes marchés. Reste aussi à aligner tous les investisseurs autres que l’UE, les Chinois par exemple, sur les nouvelles grilles de manière à faire profiter le pays des avancées réalisées avec le nouvel Accord.
La volonté politique a fermement soutenu le processus de négociation avec les Européens, ce qui explique en grande partie la conclusion heureuse en faveur de la Mauritanie.

mercredi 19 décembre 2012

Portons le deuil


Moustapha Ould Mohamed Salek n’est plus. Le premier président de l’ère militaire a été emporté par une longue maladie qui a finalement été plus forte que la volonté d’un homme qui a marqué son époque. L’un des premiers officiers de la Mauritanie indépendante, après avoir été enseignant comme la plupart, sera aussi l’un des premiers chefs d’Etat Major de l’Armée. Il reviendra à ce poste la veille du coup d’Etat de juillet 1978. Ce qui lui permettra d’être le chef des putschistes du 10 juillet.
Homme de consensus, ayant une expérience du pays, un sens de la mesure, Ould Mohamed Salek était le seul parmi les officiers supérieurs à pouvoir faire l’unité de toute la classe des officiers de l’Armée, les conspirationistes et ceux qui devront prendre le train en marche. A ce titre il fut le président du premier Comité militaire de redressement national (CMRN) qui prit le pouvoir le 10 juillet 1978. Trahi par certains de ses compagnons qui avaient cru pouvoir l’utiliser comme ils voulaient, il résista aux pressions énormes en créant un Conseil consultatif national qui devait être l’embryon de la démocratisation du pays.
Manigances, tergiversations, manque de solidarité… Le colonel Ould Mohamed Salek se retrouve seul devant ses compagnons dont la plupart sont ses cadets. Il se résout à accepter leur diktat. Le CMRN devient CMSN, S pour «salut» et la présidence perd son autorité, le Premier ministre devenant tout puissant. Une situation qui ne peut durer. La disparition tragique du colonel Ahmed Ould Bousseif en mai au large de Dakar, ouvrira la porte de sortie devant le père du 10 juillet qui s’en alla tranquillement.
Plusieurs fois victime de l’arbitraire, notamment sous Haidalla qui l’avait accusé de vouloir revenir au pouvoir, Ould Mohamed Salek acceptera de vivre humblement comme un citoyen mauritanien qui a certes ce qui le distingue mais qui est profondément marqué par son ancrage social et culturel. Des mouvements politiques pourront le remettre sur scène en le présentant en 1992 à la présidentielle, mais il revient vite à son exil intérieur. Il tire la leçon avec humilité, sans extravagance et se retire de la vie politique. Ce qui explique en partie le respect dont il jouit dans les milieux politiques et sociaux mauritaniens.
Le fait d’avoir donné au pays, sans demander de retour, sans fracas, le fait d’avoir dirigé sans dommage pour la société et pour les acteurs, de s’être retiré sans prétendre à être le sauveur… tout cela, en plus des caractères qui l’ont fait (humilité, candeur, attention…), explique largement que nous acceptons tous aujourd’hui de porter son deuil.
Qu’Allah le Tout-Puissant l’accueille en Son Saint Paradis, qu’Il allège les souffrances des siens. 

mardi 18 décembre 2012

Dans la ligne de mire


L’information qui a fait l’actualité de cette journée, c’est celle publiée par la plupart des sites et sur toutes les ondes «libres» : le limogeage du Directeur de Cabinet du Président de la République, Dr Isselkou Ould Ahmed Izidbih. Et chacun d’y aller dans sa «petite» explication pour justifier ce limogeage supposé… «supposé» parce qu’il n’en était rien, absolument rien.
Dès le début, n’importe qui pouvait avoir la vraie information mais qui veut la «vraie information» ? On a souvent parlé ici de cette propension à privilégier la rumeur par rapport à l’information et finalement à accorder plus de crédit au «supposé» plutôt qu’au fait. Une culture qui devient dominante avec l’usage de l’internet. Mais revenons à Ould Ahmed Izidbih et à la campagne dont il est la cible.
Il faut comprendre que l’intellectuel qu’il est – docteur en mathématiques, maitrisant parfaitement l’écriture – a rompu avec l’idée du «Dircab» se mêlant de tout, donnant l’impression de garder les secrets, se suffisant à une relation orale avec son patron, pratiquant la délation dans le système des rapports quotidiens, utilisant inconsidérablement les fonds mis à sa disposition pour avoir «sa» clientèle et «ses» réseaux… Il est déjà dérangeant pour tous ceux qui veulent le maintien des anciens réflexes.
Son passage à l’Université de Nouakchott, l’a obligé à «se frotter» aux organisations estudiantines affiliées à la mouvance islamiste. Il a réussi à faire face à leur mainmise sur l’université, ouvrant un front avec les étudiants et leurs «inspirateurs». Arrivé au Cabinet, il a «amené» avec lui ces animosités qui ont pris l’allure d’une forte haine ouvertement exprimée par tous les symboles et les sympathisants de la mouvance. Il a fini par paraître comme le seul responsable – ou même intellectuel – faisant obstacle à l’hégémonie islamiste sur la scène politique.
Il est accusé d’avoir créé un «cabinet de l’ombre» dédié à une contre-campagne médiatique, véritable rempart à la propagande islamiste et prenant du coup le contrepied de l’Opposition. En l’absence d’autres voix, celle de Ould Ahmed Izidbih a sonné comme une provocation de plus, une résistance de trop d’un système que l’on espérait affaibli. D’où la cristallisation contre la personne.
Autre «péché» de Ould Ahmed Izidbih, c’est de ne pas pouvoir se laisser confiner comme le représentant d’une entité tribale, régionale ou politique particulière. Ce qui est dérangeant pour les esprits de chez nous plutôt portés vers la facilité de ranger chacun dans un petit casier pour ne jamais l’en sortir.
Tout pour être dans la ligne de mire de ceux qui font l’opinion – ou qui croient la faire. Et qui sont de plus en plus décrédébilisés par ces campagnes autour de fausses informations jamais démenties par leurs propagateurs.

lundi 17 décembre 2012

Qui en veut franchement ?


C’est juste pour partager avec vous l’éditorial de notre édition de cette semaine :
«Deux questions qu’il faut se poser aujourd’hui : 1. Qui veut réellement la tenue des élections législatives et municipales ? 2. Qui a intérêt à un gouvernement d’union nationale ou de large ouverture ?
Concernant les élections, il y a effectivement lieu de se poser la question parce que la plupart des acteurs «majeurs» n’ont pas intérêt à la tenue de ces élections. Pour la Majorité, la tenue de nouvelles élections va signifier le risque de perdre justement quelques places indispensables à continuer à gérer unilatéralement le pays. Quand l’Union pour la République (UPR) a vu le jour, il s’est contenté en tant que parti d’adopter la majeure partie des élus indépendants et/ou à débaucher des élus sous les couleurs d’autres partis. Presque à moindre frais, il s’est retrouvé la première force politique du pays. Qu’est-ce qui lui garantit de maintenir cette position si des élections sont organisées demain ? Rien, absolument rien. Surtout que le Président Ould Abdel Aziz sait pertinemment que les partis suscités ou nés d’eux-mêmes vont survivre au détriment de l’UPR, il n’a donc rien à craindre dans la mesure où ces partis, notamment les jeunes, vont récupérer sur l’UPR en devenant le refuge des mécontents des choix que l’UPR aura fait.
Le PRDR (parti républicain pour la démocratie et le renouveau), avarie du PRDS de Ould Taya mais néanmoins deuxième force au sein de la Majorité, n’a pas non plus intérêt à aller dans une nouvelle consultation. Ne pouvant arriver à son état actuel de représentation, il perdra inévitablement tout ce qui fait son «charme» : les quatre-vingt-dix millions de subvention dus au nombre de ses élus municipaux.
ADIL qui a encore quelques députés à l’Assemblée nationale et des Maires, tangue et essaye de surfer sur une vague qui risque de l’emporter à terme : retrait de la Majorité sans pour autant aller à l’Opposition, choix d’être dans la position inconfortable de chercher un équilibre et de se proposer comme médian sur une scène qui ne souffre pas les tergiversations dans les positions.
De l’autre côté, la première force au regard de la représentation parlementaire est le Rassemblement des forces démocratiques (RFD) et rien, absolument rien ne lui indique qu’il restera à ce niveau de représentation. Son président, Ahmed Ould Daddah, jouit aujourd’hui du titre de chef de file de l’Opposition démocratique, titre qui a perdu tout son sens avec la naissance d’une Coordination de l’Opposition Démocratique (COD) reléguant l’Institution de l’Opposition au second plan et ayant une présidence tournante laquelle amène souvent au-devant les moins indiqués des leaders de cette COD. Dans la configuration de demain le chef de file de l’Opposition doit obligatoirement être un élu, donc…
L’Union des Forces du Progrès (UFP) était arrivé après le RFD avec neuf députés. Ce qui lui donnait la légitimité de participer à la gestion du pouvoir, sinon à jouer un rôle de premier plan dans l’Institution de l’Opposition. Mais en 2012, quelles chances a ce parti pour maintenir son niveau actuel de représentation ?
Tawaçoul peut espérer mieux que son niveau actuel. Rien que parce qu’il a les moyens financiers et humains de mener une bonne campagne électorale. Parce qu’il a aussi réussi à faire un travail sur le terrain à travers ses ONG, ses syndicats, ses prédicateurs dans les mosquées et sa communication qui lui permet d’avoir une longueur d’avance sur tous les autres. Mais est-ce suffisant pour souhaiter une aventure qui comporte des risques avec le retour de manivelle avec lequel il faudra compter : les évènements de Libye, de Syrie, d’Egypte et de Tunisie auront une influence sur l’électorat tout comme le recul que le Cheikh Mohamed el Hacen Ould Dedew semble prendre par rapport à l’engagement avec Tawaçoul.
Entre les deux pôles, celui de la Coordination pour une Alternance Pacifique (CAP). Au sein de ce pôle, l’Alliance Populaire Progressiste (APP) de Messaoud Ould Boulkheir est le moins «chaud» pour la tenue de telles élections qui vont nécessairement remettre en cause le statut de son président qui est aujourd’hui à la tête d’une Assemblée où il ne compte que quatre députés. Comment peut-il se maintenir à ce niveau, les conditions l’ayant mené à cette présidence ayant profondément changé ?
Le Wiaam de Boydiel Ould Hoummoid est très engagé dans l’exigence de la tenue d’élections le plus rapidement possible. Les personnalités qui composent ce parti et qui sont actuellement ou non élues, peuvent toutes aspirer à faire valoir leur ancrage social pour espérer se maintenir. Surtout qu’une élection législative pourrait permettre à Ould Hoummoid de reconquérir son fief de Keur Macène.
Pour ce qui est du gouvernement d’union ou de large ouverture, personne n’y a intérêt. L’Opposition radicale serait décrébilisée si elle acceptait de participer à une formation sous l’égide d’un homme dont elle voulait le départ. La CAP perdrait son statut d’opposition si elle y participait. Le pouvoir perdrait la possibilité pour lui d’isoler l’opposition radicale si elle venait à boycotter les élections. C’est donc seulement après les élections qu’il faut envisager de telles ouvertures, pas avant.»

dimanche 16 décembre 2012

Nouveau gouvernement, nouvelles perspectives


La démission – forcée ou pas – de Modibo Diarra de son poste de Premier ministre et son remplacement par Diango Cissoko ouvre de nouvelles perspectives au Mali. Le nouveau Premier ministre est un homme d’expérience. Vieux routier de la politique malienne, il possède une assise sociale assez solide pour lui permettre de mettre à contribution tous les acteurs, y compris ceux de la société civile, et d’actionner les ressorts de la réconciliation nationale, condition sine qua non de la refondation de l’Etat malien. D’ailleurs le gouvernement qu’il a formé est déjà l’expression de la volonté d’aller dans ce sens avec notamment plus de portefeuilles aux ressortissants des régions concernées par la rébellion. Reste pour le Mali l’épineuse question de la remise à l’ordre d’une Armée dont la restructuration a été confiée à un comité dirigé par un capitaine mutin puis putschiste par la force des choses.
Le mouvement qui a conduit le capitaine Sanogo à la tête du pays a eu pour cause le refus de faire la guerre et toutes les décisions prises par la junte après la chute du régime de Toumani Touré ont cherché à reculer l’échéance du déclenchement de cette guerre pourtant inévitable si le Mali veut récupérer sa partie nord et instaurer l’ordre chez lui. La première mission du nouveau gouvernement est certainement de permettre la mise en œuvre du plan initialement prévu par la communauté internationale qui n’a fait qu’entériner le plan proposé par la CEDEAO et l’UA. Ce plan est-il réalisable ? la communauté internationale est-elle prête à l’appliquer ?
Les chefs d’Etats Majors ouest-africains ont arrêté mardi le plan pour une opération militaire au Mali. Selon le chef d’Etat Major ivoirien cité par l’AFP, le «concept d’opération harmonisé» a été parfait par les participants à la réunion qui se tenait ce samedi à Abidjan. Les chefs militaires ont ainsi adopté une «planification un peu plus poussée» de l’opération initialement prévue, sans pour autant y changer des éléments fondamentaux. On parle toujours de 3.300 hommes qui viendraient épauler l’Armée malienne qui aura fait le ménage en son sein, ainsi que d’un appui très fort de la communauté internationale (Union Européenne, Etats-Unis, pays du champ…). La «Mission internationale de soutien au Mali sous conduite africaine» (MISMA) devra attendre que les vrais promoteurs de la guerre – la France et les Etats-Unis – s’accordent sur le comment et le quand.
Les réserves émises récemment par le secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-Moon trouvent leur justification dans les divergences clairement exprimées par l’un ou l’autre des intervenants.
«It’s crap», aurait affirmé la représentante américaine aux Nations Unies parlant du plan français d’intervention au Mali. Si Susan Rice qualifie de «merde» ce plan, c’est qu’il préconise d’aller vite en besogne. Sans prendre en compte la nécessité de remettre de l’ordre au sein de l’Armée et du gouvernement maliens, encore moins les possibilités de ces troupes mobilisées dans la précipitation et ne tenant pas compte du rapport de force entre les belligérants qui devront se faire face prochainement.
«Cette appréciation de l’émissaire américaine reflète les doutes sérieux autour des effectifs et des capacités de l’armée malienne, soutenue par une coalition de 3300 troupes issues de 15 pays d’Afrique de l’Ouest menée par le Nigeria, à lutter contre une insurrection qui sait faire la guerre et a l’expérience du combat dans le désert impitoyable du Sahel. La franchise de Rice est aussi un revers pour le long et interminable effort de la France et des pays d’Afrique de l’Ouest pour obtenir du Conseil de sécurité un mandat pour une force régionale d’intervention au Mali.» (source : lemonde.fr)
D’autres journaux français commencent à douter de la possibilité d’une guerre imminente au vu des divergences et des capacités des Etats africains concernés. Cité par la presse, un Général français a soutenu que «sur le plan militaire, il ne se passera rien, parce que c’est extrêmement difficile et que personne n’en veut. Mais surtout parce qu’on ne traite pas le terrorisme, la faillite politique des États de la zone et le développement du trafic de drogue, des armes et des êtres humains par une intervention militaire». Ajoutant: «On a laissé cette situation se détériorer, tout en sachant qu’on risquait de le payer très cher et très longtemps».
«Impliqués dans le trafic de drogues, d’armes et d’êtres humains, explique l’un des responsables du service Action de la DGSE, la plupart d’entre eux ne souhaitent pas qu’on vienne perturber les bonnes affaires qu’ils continuent à faire avec certains groupes islamistes et les contrebandiers qui dominent désormais le Sahel».
Sans oublier la méfiance des pays du champ qui voient dans toute intervention militaire de la CEDEAO un risque de faire prendre au conflit une dimension ethnique préjudiciable aux objectifs légitimes de départ (restauration de la souveraineté malienne sur l’ensemble de son intérêt et renvoi des filières des crimes organisés du Sahel). La guerre n’est pas pour demain.