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dimanche 10 juin 2018

Mai-juin 2009-Mai-juin 2018 : Il était une fois, «l’Accord de Dakar»…


Cela aurait pu être le fondement d’un ordre politique nouveau en Mauritanie. Il a finalement été une «accamlmie» dans le mouvement tumultueux et (très) accidenté de l’histoire récente de notre pays.
L’Accord de Dakar… premier et dernier moment de convergence, première et dernière tentative d’inclure l’ensemble des acteurs politiques dans une même dynamique.
Rappel.


Fin mai 2009. Le Général Mohamed Ould Abdel Aziz arrivé au pouvoir par le coup d’Etat du 6 août 2008, a démissionné en prévision de l’élection présidentielle prévue le 6 juin. 45 jours avant comme le prévoit la Constitution. Il sillonne le pays. Pour la deuxième fois consécutive. La première c’était pour expliquer son coup de force et légitimer son action par les accueils populaires. La deuxième, c’était pour lancer les grands travaux et faire entendre sa voix, l’ambition s’exprimant déjà. Cette fois, c’est carrément pour battre campagne. Pas un département, pas une bourgade n’a pas vu ou entendu le cortège présidentiel passer… Partout «l’agenda unilatéral» fixant le 6/6 comme jour d’élection présidentielle a été défendu. Pourtant…
Au moment de sa démission, le Général Ould Abdel Aziz a laissé toutes les portes ouvertes. Au cours de son dernier conseil des ministres, il avait déclaré à quelques ministres curieux de savoir quel sera leur sort, que «tout pouvait arriver», qu’ils devaient «s’attendre à quitter le gouvernement si l’intérêt de la Nation le dictait». Au Président intérimaire auquel il remettait le pouvoir, il recommandait de tout entreprendre pour essayer de ramener les protagonistes sur une même voie. Rien de surprenant dans la démarche du Président Ba M’Baré qui a tout de suite essayé de faire passer le message. «Maladroitement», jugeront certains qui lui reprocheront d’avoir tapé aux mauvaises portes. Oubliant que la «régence» du président du sénat n’a pas inspiré confiance aux acteurs politiques, surtout ceux de l’opposition. Ceux-là ne perçoivent pas les changements qui interviennent dans les positions de la communauté internationale sur laquelle ils avaient beaucoup compté…
Qu’est-ce qui pouvait être fait à ce moment-là ? Essentiellement concevoir, entre Mauritaniens et avec des garanties de suivi par la communauté internationale, une solution politique globale qui prendrait en compte aspects techniques, politiques et psychologiques de la crise.
Ce «package» devait être construit autour de l’acceptation par le Président Ould Cheikh Abdallahi de démissionner ouvrant la voie à un processus constitutionnel et, simultanément, au report de l’élection du 6/6. Il verrait un processus électoral consensuel avec un gouvernement d’union nationale qui permettrait la cogestion de la nouvelle transition. Avec notamment des outils représentatifs de toutes les forces en présence. L’apaisement de la scène et des rapports créant l’atmosphère adéquate pour la mise en œuvre d’un tel plan. 
Percevant les «concessions» du Général comme l’expression d’une faiblesse, l’opposition passe allègrement de la «volonté de faire échouer l’agenda unilatéral» à l’expression de préalables à tout dialogue : «C’est seulement après le report de la date que les discussions et le dialogue doivent être ouverts», disaient à l’époque les dirigeants du Front national pour la défense de la Démocratie (FNDD). Alors que pour le Rassemblement des forces démocratiques (RFD) qui a finalement opté pour l’opposition franche au régime issu du 6 août, la question de la non-éligibilité des militaires était centrale et indiscutable.
La communauté internationale s’organise quant à elle. Après l’échec de l’entremise libyenne, la mission est confiée aux Sénégalais. Le ministre sénégalais des affaires étrangères, Cheikh Tidjane Gadio commence ses contacts. La médiation est immédiatement rejetée par ceux du FNDD pour lesquels le Président Abdoulaye Wade a fait preuve «d’indulgence vis-à-vis des putschistes». Surtout qu’en cette fin mai, il venait de recevoir les lettres de créances du nouvel ambassadeur de Mauritanie «nommé par la junte».
«Nous n’accepterons plus de dialoguer sous les auspices de la Libye et surtout pas à Tripoli», déclarent certains grands leaders du FNDD oubliant qu’ils mettaient hors-jeu le président de l’Union Africaine (Kadhafi) et celui de l’OCI (Abdoulaye Wade).
Psychologiquement, le FNDD semble avoir trouvé une nouvelle ressource politique dans le retour du RFD et de Ould Daddah dans le giron de la franche opposition. Depuis les Etats généraux de la démocratie, les relations entre le Chef de file de l’opposition et le Général ne sont plus comme elles étaient. Puis vint le temps de l’expression de la réelle ambition du Général qui consacra la rupture totale.
Messaoud Ould Boulkheir, Mohamed Ould Maouloud et Ahmed Ould Daddah se retrouvent encore une fois dans le même camp. Oubliées les querelles récentes et anciennes, place à la solidarité sous le pavillon «Opposition».
 Reprenant du poil de la bête, l’opposition au coup d’Etat, s’en prend violemment à la communauté internationale qui commence à apaiser ses relations avec Nouakchott. Jean Ping, président de la Commission africaine, hier extrêmement hostile aux militaires, n’hésite plus à déclarer : «Je continue de suivre de près l’évolution de la situation en Mauritanie, et ce à la lumière de la récente mission effectuée dans ce pays par le Secrétaire Ali Triki, représentant du Président en exercice de l’UA, et le Commissaire à la Paix et à la Sécurité de l’UA, Ramtane Lamamra. Cette mission témoigne de l’engagement renouvelé de l’UA à ne ménager aucun effort pour aider les parties mauritaniennes à agréer et à mettre en œuvre une solution consensuelle à la crise actuelle qui puisse bénéficier du soutien de la communauté internationale dans son ensemble». Avant de conclure : «j’encourage les parties mauritaniennes à parachever le rapprochement de leurs positions respectives par une démarche inclusive, conforme à la Constitution du pays et portée par une volonté sincère de concrétiser les chances d’une sortie de crise consensuelle. Je souligne que l’UA demeure pleinement disposée à aider les parties mauritaniennes dans la réalisation rapide de cet objectif».
En même temps, le Président sénégalais, Me Abdoulaye Wade renouvelle sa volonté à œuvrer pour trouver une porte de sortie en vue de solutionner la crise mauritanienne. Les protagonistes mauritaniens ratent le message. Comme d’habitude…
L’initiative sénégalaise reprend… perspective de plus en plus précise de recul de la présidentielle… de gouvernement d’union nationale… en attendant les réactions des parties se multiplient… dont celle de l’Ambassade des Etats-Unis aux accusations d’ingérence… du FNDD aux positions des puissances étrangères… création d’un nouveau parti dédié au Général démissionnaire…
L’Ambassade des Etats Unis rappelle : «Les États-Unis continuent à croire qu'une solution stable et durable de la crise passe nécessairement par le retour de toutes les institutions constitutionnelles, y compris le retour du président, démocratiquement élu, de la République islamique de Mauritanie. Une fois les institutions démocratiques rétablies, les États-Unis salueront et appuieront tout dialogue politique visant à construire un consensus national pour renforcer la démocratie en Mauritanie». Pour ce faire «Le gouvernement américain a imposé des sanctions sur les visas contre les membres du Haut Conseil d'Etat et les autorités administratives mises en place après le coup. Ces sanctions s'appliquent aussi à d'autres personnalités qui ont soutenu activement ou ont bénéficié du coup d'état. L'application de sanctions financières ciblées contre ces mêmes personnes est encore activement en cours d'examen». Les interférences parasitent l’atmosphère et le processus de pourparlers.
L’opposition politique est accaparée par l’appréciation des positions des pays «amis». Ici ce sont les Etats-Unis qui sont salués, la France stigmatisée.
Arrivée de Wade à Nouakchott et rencontre avec les chefs de ce qui allait devenir «les pôles politiques mauritaniens» (Mohamed Ould Abdel Aziz, Sidi Ould Cheikh Abdallahi et Ahmed Ould Daddah). En compagnie de Jean Ping, le commissaire africain. Avant de regagner Dakar, Me Abdoulaye Wade déclare à la presse : «Je pars optimiste, je ne dis pas qu'il y a entente à 100% mais je crois que sur l'essentiel, des convergences existent». Le président Wade qui s’est dit «optimiste», a déclaré qu’il prenait sur lui «que s'il y a consensus entre les différents partenaires sur une date déterminée, je me ferai fort de convaincre le général de l'accepter». Avant d’ajouter : «Avec M. Ping et M. Triki, nous sommes arrivés à la conclusion que les transitions doivent être très brèves et que, dans ce cadre précis, les élections en Mauritanie doivent avoir lieu avant l'hivernage.» Soutien déclaré de la France à la démarche.
Côté opposition, Mohamed Ould Maouloud déclare : «nous sommes disposés à participer à toute proposition conduisant à un dialogue qui met fin à la crise mais nous n’acceptons pas le fait accompli y compris l’agenda unilatéral auquel tient l’autre partie. Nous espérons qu’il y ait un dialogue et un accord sur une solution consensuelle mais il faut poser la question à l’autre partie si elle est prête à une solution consensuelle.»
Le premier round des négociations est ouvert. Plutôt cordial. Pour le camp du candidat Ould Abdel Aziz, il y avait là Sid’Ahmed Ould Raïss, coordinateur national de la campagne du candidat, Melainine Ould Tomy, directeur de cabinet du candidat, Sidi Mohamed Ould Maham, député, virulent adversaire de toute idée de report, Diop Abdoulaye, sénateur de M’Bagne et Coumba Ba, conseillère à la Présidence de la République.
Pour le RFD, il y avait là Mohamed Abderrahmane Ould Moine, vice-président du RFD d’abord favorable au rapprochement avec les militaires et dont une partie de l’entourage était de l’autre côté, Sidi Ould Salem, vice-président du RFD, Nana Mint Cheikhna, députée et fervente opposante au coup d’Etat et Yedali Ould Cheikh, président de la commission Communication du parti, opposé dès le départ à tout rapprochement avec les militaires.
Pour le FNDD, il y avait Moussa Fall, Secrétaire Permanent  du parti ADIL dont le président, Yahya Ould Ahmed Waghf est aujourd’hui en prison, El Khalil Ould Teyeb  député APP et vice-président de ce parti, Saleck Ould Sidi Mahmoud député islamiste de Tewassoul, fortement engagé contre le coup d’Etat, Kadiata Malick Diallo députée UFP et Soumaré Outouma activiste proche des islamistes et militant dans les ONG.
Dès la fin mai, Me Wade fait parvenir un projet d’accord avec toutes les parties. Il fixait la date du scrutin autour de la mi-juillet (11 ou 18), prévoyait la mise en place d’un gouvernement d’union, la reconstitution de la CENI et la démission de Ould Cheikh Abdallahi. La signature devrait avoir lieu à Dakar.
Le ministre Gadio déclare : «L’ensemble du processus pour nous c’était quoi ? C’était participer aux élections pour ceux qui le désirent et participer aux institutions de la transition que seraient le gouvernement d’union nationale et la CENI cogérée par les trois leaders politiques».
Mercredi 27 mai 2009, les protagonistes de la crise mauritanienne se retrouvent à Dakar. Pour l’Union Pour la République (UPR) et donc le candidat Mohamed Ould Abdel Aziz, la délégation est composée de Sid’Ahmed Ould Raiss, Mme Coumba Ba de la présidence, Me Sidi Mohamed Ould Maham, le sénateur Diop et Me Brahim Ould Daddah. Pour le FNDD : Mohamed Ould Maouloud (UFP), Salek Ould Sidi Mahmoud (Tawassoul), Ba Aliou Ibra (Adil), Mohamed Ould Bourbouss (APP) et Dr Outouma Soumare. Pour le RFD : Mohamed Abderrahmane Ould Moïne, députée Nana Mint Cheikhna, Yedaly Ould Cheikh, Dr Sidi Ould Salem et Diop Chouaib.
Le Président Abdoulaye Wade l’ouvre. D’abord les raisons de son intermédiation. «Voisin de bonne volonté», le Sénégal a le droit et même le devoir d’intervenir pour promouvoir la résolution de la crise mauritanienne. «La Mauritanie est dans le Sénégal et le Sénégal est dans la Mauritanie, et aucun des pays n’a le droit d’ignorer les problèmes de l’autres». Puis l’appréciation de ce qui s’est passé en Mauritanie. L’opposition entre «le droit de fait» et «le fait du droit». Entre traiter avec «un chef d’Etat» et «un président légitime». «Nous avons condamné le coup d’Etat, mais nous ne pouvons nous comporter comme s’il s’agissait d’un pays lointain». Il fallait composer avant d’aider à trouver une solution. D’où le rôle de «facilitateur» avec la bénédiction de l’Union Africaine et «de son président le Guide de la Révolution libyenne Moammar Kadhafi». Le retrait du Président Wade, donne le coup d’envoi aux négociations.
La première séance est consacrée aux déballages. On ne se prive finalement pas. Trois à quatre tours de table. A la fin de la journée, on sait à peu près la liste des problèmes qui devront être traités. Sur deux fondations : la cogestion d’une transition dont la durée doit être déterminée et l’adoption d’une démarche convergente. Après les déballages, les négociateurs reviennent juste pour récupérer un document qui fait office de projet d’«accord cadre entre les trois pôles politiques mauritaniens». C’est ce document qui sera la base des négociations. Il est vite ventilé sur les sites électroniques d’information. Ce qui crée problème. Le diable est dans les détails. Même si Ould Maouloud répète : «nous sommes sur la bonne voie».
Le 2 juin 2009, le texte d’Accord entre les trois pôles politiques mauritaniens est paraphé : le pôle du pouvoir en place, celui du Général Mohamed Ould Abdel Aziz, le pôle du FNDD et celui du RFD.
L’article 1 de l’Accord indique : «Les trois grands pôles de la vie politique mauritanienne, signataires de cet ACCORD CADRE, s'accordent sur la nécessité d'une transition organisée de façon consensuelle dans le cadre du présent Accord politique. Ils s'engagent tous, par conséquent, à gérer ensemble la transition en participant aux élections (pour ceux qui le désirent), au Gouvernement Transitoire d’Union Nationale et à la constitution de la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI)».
Il en découle, selon les termes de l’Accord, «le déplacement du problème vers la transparence des élections en amont comme en aval, c'est-à-dire la fiabilité du fichier électoral, la crédibilisation du scrutin dans son ensemble, l'égalité de traitement des candidats par les médias du service public, la neutralité de l'administration territoriale, l'observation rigoureuse du processus dans son ensemble par la communauté internationale».
La feuille de route est dégagée. Elle fixe les modalités d’une transition consensuelle qui commence par trois actes : démission du Président élu Sidi Ould Cheikh Abdallahi après avoir signé un décret nommant le gouvernement d’union nationale ayant en charge de gérer la transition, et enfin «la prise en charge des effets de cette décision en termes d’intérim de la présidence de la République par le Président du Sénat».
Certains détails concernant notamment la répartition des postes ministériels sont donnés : «Les portefeuilles de ce gouvernement sont répartis de façon paritaire entre le pôle de la majorité parlementaire actuelle soutenant Monsieur Mohamed Ould ABDELAZIZ d’une part et d’autre part les deux autres pôles du FNDD et du RFD. Le Premier Ministre sera nommé sur proposition du pôle de M. ABDELAZIZ, après consultation des dirigeants des deux autres pôles. Les Ministères de l’Intérieur, des Finances et de la Communication seront attribués à des personnalités proposées par le FNDD et le RFD».
La mission de ce gouvernement est définie. Il doit assurer «la continuité de l’Etat et la gestion des affaires du pays ainsi que la mise en œuvre du présent Accord, en particulier la prise de mesures appropriées pour l’organisation et le bon déroulement de l’élection présidentielle ; étant entendu que l’action et les décisions d’un Gouvernement de transition obéissent aux exigences du fonctionnement normal des institutions, de la stabilité des administrations publiques et de la continuité des relations internationales du pays, et que les institutions et structures de Défense et de Sécurité accomplissent leurs missions dans le cadre de la Constitution et des lois de la République».
Sur l’élection elle-même, la date est fixée au 18 juillet 2009. Elle doit être précédée par «une révision exceptionnelle de la liste électorale, la vérification du fichier électoral et la validation des dossiers de candidatures». A propos de la CENI et contrairement à toutes les attentes, les parties prenantes optent pour une institution partisane, composée de façon paritaire : «La CENI sera composée de quinze membres, à raison de quatre proposés par chacun des trois grands pôles politiques, le Président, le Vice-Président et un autre membre devant être des représentants de la société civile ayant la compétence nécessaire et ne faisant pas l’objet d’opposition de la part d’aucun des trois pôles politiques». Malgré cette précision, pourtant de taille, les deux premières personnalités de la CENI seront choisis dans le sérail des futurs candidats.
Pour donner des gages de bonne volonté, les parties s’engagent à apaiser leurs relations durant la période transitoire. Cela doit se traduire par la fin des campagnes de médisance et la libération des prisonniers dans le dossier Air Mauritanie (les leaders du parti ADIL pour l’essentiel). Neutralité de l’administration et de son personnel : «Ces engagements feront l’objet d’un suivi et d’une surveillance dans le cadre des organes et procédures internes ainsi que des mécanismes d’appui mis en place par la Communauté internationale pour le renforcement de la transparence et de la crédibilité du processus électoral».
Autour de la partie «poursuite du dialogue national inclusif», il est stipulé qu’il y a nécessité de «renforcer la réconciliation nationale et la démocratie». Et de préciser : «DANS LE PROLONGEMENT DE L’ELECTION PRESIDENTIELLE, le dialogue national inclusif sera poursuivi et intensifié entre toutes les forces politiques mauritaniennes». Pour renforcer la démocratie, travailler pour prévenir les changements anticonstitutionnels, promouvoir la bonne gouvernance, l’état de droit, adopter les réformes nécessaires à cet effet…
Mise en place difficile de l’Accord. A l’origine des blocages : la mauvaise foi des politiques. Les uns ont signé croyant que les autres allaient refuser. Les autres étaient sûrs de l’impossibilité de tenir le calendrier du 18 juillet.
L’accord qui devait être signé le 3 juin à Nouakchott en présence du président sénégalais, ne le sera que le 4 juin. La libération des prisonniers prendra du retard. Le président élu Sidi Ould Cheikh Abdallahi qui a accepté de renoncer volontairement à son mandat, exige des préalables dont la dissolution du Haut conseil d’Etat (HCE). D’où le retour à Dakar.
A Dakar II, les parties ont bataillé 24 heures durant pendant trois jours : les représentants du candidat Mohamed Ould Abdel Aziz ne voulant pas aller au-delà du 18 juillet, ceux de l’opposition ne voulant pas aller en-deçà du 21 juillet. Pour quelques 36 heures, l’élément essentiel de blocage fut celui-là. On perd facilement le temps. Ce sera largement au profit du candidat Ould Abdel Aziz.
La première réunion du Conseil des ministres issu de l’Accord de Dakar est l’occasion d’une profonde mésentente qui n’aura pas d’effet irréversible : le chronogramme est adopté. «de manière frauduleuse», selon les pôles de l’opposition. «C’est un coup d’Etat que nous avons refusé de dénoncer en son temps», reconnait encore aujourd’hui un des leaders de l’opposition. Pour lui, c’est ici qu’il faut situer le péché originel de l’opposition. Il l’explique par le fait que les leaders les plus en vue étaient déjà sur la ligne de départ pour la présidentielle. Tout s’accélère. Nous arrivons au 18 juillet qui voit le candidat Ould Abdel Aziz élu au premier tour à 52%...
L’opposition ne reconnait pas les résultats sauf pour Tawassoul qui en prend acte et essaye un moment de garder le contact. De tergiversation en tergiversation, l’après juillet 2009 passe rapidement. Pas de rupture dans la tonalité des discours. One ne semble pas accepter de croire qu’il y a là un nouvel ordre avec lequel tout le monde doit composer. Jusqu’en 2010.
A la faveur de la guerre menée contre le pays par les groupes jihadistes, des politiques appellent au rapprochement. La Coordination de l’Opposition démocratique (COD) née entretemps du regroupement des principales formations, appelle franchement au dialogue. Le pouvoir accepte. Les relations entre l’Institution de l’Opposition et le pouvoir se normalisent plus ou moins.
Le 28 novembre, le Président Mohamed Ould Abdel Aziz déclare sa disponibilité à aller à un dialogue franc et inclusif. Les premiers contacts s’établissent. La COD est en train de confection sa plateforme quand éclatent les incidents de Tunisie. Commence la déferlante des révolutions arabes. Le discours de l’opposition adopte le dégagisme dans sa forme la plus radicale. Plus question de discuter avec un pouvoir qu’on croit sur le point de s’effondrer.
Seules les formations comme l’APP, Al Wiam et Sawab acceptent de continuer ce qui a été commencé. Ce qui donne le dialogue de 2012. Avec comme résultats, les élections de 2013.
Depuis plusieurs tentatives. Sans résultats. De Dakar finalement, il n’est rein resté pour la classe politique. Pour la Mauritanie cependant, cela a été un moment crucial permettant de sortir d’une crise qui avait risqué de mettre le pays à plat.
En légitimant la suite du coup d’Etat du 6 août 2008, cet Accord a permis de refonder une Mauritanie stable rendant possible l’ambition de lancer le chantier de la Mauritanie nouvelle.




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