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mercredi 31 août 2011

Saturation du politique


Le nombre des partis a dépassé les 65 pour une population d’à peine trois millions de personnes. Nous allons essayer de regrouper ces partis selon les inspirations, réelles ou supposées, selon aussi les raisons d’existence et la réalité sur le terrain.
Il existe des partis d’essence idéologique. Nous avons ceux d’inspirations nationalistes, chauvines et/ou sectaires. Ce sont des partis qui revendiquent la défense de la cause communautaire et en font un cheval de bataille. Peut-être pouvons-nous les assimiler aux partis fascistes parfois racistes qui le disent et le clament haut et fort. Ils sont à notre pays ce que le Front National est à la France d’aujourd’hui, ce que le sionisme fut à Israël, le Franquisme à l’Espagne… toute proportion gardée, dans la mesure où les partis de chez nous réduisent discours et actions à l’exclusion par la défense des intérêts d’une communauté contre l’autre.
Nous avons des partis qui se sont créés sur la base de discours politiques unitaires, plus ou moins ancrés dans la société, plus ou moins marqués par l’une des idéologies «globalisante» : tous les avatars du PRDS (PRDR, UPR, Wi’am…) et de l’UFD (UDP, RFD, UFP, APP, Tawaçoul…), tous revendiquent l’inspiration unitaire. Tous posent, plus ou moins clairement, la question de la cohabitation nationale comme une pièce centrale de leur déclaration de politique générale.
Si l’on sait que la décennie des 90 a été marquée par l’affrontement entre deux grands partis que sont le PRDS et l’UFD et que le moteur politique a été celui-là, pourquoi ne pas espérer revoir ensemble les compagnons d’hier ?
Le foisonnement des formations n’a rien donné. En effet, les revendications sont toujours les mêmes, les rapports toujours les mêmes entre une Majorité au pouvoir ne faisant pas assez pour impliquer plus une Opposition qui ne veut rien d’autre que l’exercice du pouvoir. Les mêmes réflexes d’exclusion. Les mêmes blocages psychologiques produits par les mêmes (fausses) espérances, les mêmes analyses tronquées faites par les mêmes hommes qui ne voient plus la couleur de l’eau dans laquelle ils se meuvent.
Une proposition qui ne vaut que parce qu’elle pose le problème. Et si on regroupait les partis ?
UPR, plus sa Majorité actuelle, peuvent faire un même et seul parti qu’on appellera Union de la Majorité (pour faire du déjà-vu). UFP, plus RFD, APP pour refaire un assemblage comparable à celui des beaux jours de l’UFD. Tawaçoul, plus la Convergence démocratique, Wi’am… pour former un Centre alors que la droite sera occupée par le parti de la Majorité, la gauche par celui de l’Opposition d’aujourd’hui.
Le pays aura besoin de trois autres partis dont deux «communautaires» : Sawab et AJD/MR. Leur rôle sera primordial dans la recherche de l’équilibre ethnique et culturel. Un troisième parti qui reste à créer et qui doit nécessairement prendre en charge revendications et discours des organisations de jeunes, notamment Conscience et Résistance. Discours iconoclaste, revendications inspirées des valeurs humanistes universelles.
En tout et pour tout six partis. C’est déjà trop !   

mardi 30 août 2011

Terrorisme intellectuel


Messaoud Ould Boulkheir et Boydiel Ould Hoummoid… deux noms qui sont aujourd’hui l’objet d’un lynchage public de la part de signatures anonymes, comme c’est toujours le cas dans notre pays où, depuis plus de deux décennies, la lâcheté est une valeur largement partagée au sein de la classe «active» sur la scène. Peu importe qui est derrière parce qu’il n’a pas le courage de s’afficher et d’assumer ce qu’il écrit.
Les deux hommes sont une objection de conscience (qu’on le veuille ou non) à nombre d’acteurs de la politique locale.
Parce qu’ils ont accepté de se lancer dans le processus de dialogue, ils laissent espérer que ce processus a toutes les chances d’aboutir même s’il va falloir compter sans d’autres, au moins pour un premier temps. Ce qui ajoute au sentiment de culpabilité de ceux qui ont déjà l’impression de rater un départ.
En s’engageant aussi dans ce processus, les deux hommes qu’on veut confiner dans une représentation «particulariste» (Haratine) et qui dépassent largement cette dimension, réduisent à néant l’espoir de voir s’enclencher la «révolution espérée» par les uns. Leur présence dans le processus rassure sur la suite à donner à la démarche visant à travailler en vue d’une convergence pouvant mener à bon port le processus démocratique qui ne finit pas de «transitionner».
Chacun des deux hommes traine derrière lui une expérience politique, syndicale de lutte qui va lui servir à apporter une expertise en matière de réformes du système politique, électoral en particulier. Chacun sait, de par son expérience des hommes, que le Président Ould Abdel Aziz ne perd rien en cherchant à asseoir un système politique stable et équitable. Chacun d’eux a compris que l’intérêt de la Mauritanie était là où les acteurs pouvaient se retrouver et fixer ensemble quelques règles du jeu.
Je suis personnellement persuadé que le parti UFP de Mohamed Ould Maouloud attend d’être rassuré sur les vraies intentions du pouvoir pour s’engager dans le processus. C’est encore plus valable pour Tawaçoul. Tous deux ont fait de la culture du dialogue un dogme que leurs directions politiques ne peuvent renier. N’oublions pas que l’UFP a ouvert un dialogue avec Ould Taya, sans préalable et sans garantie. Parce qu’il s’agissait d’un «compromis historique» dicté par l’orientation de base du parti.
Ce ne sont pas les ressentiments et les mauvaises expériences vécues les uns avec les autres qui doivent empêcher les leaders politiques de voir que l’intérêt de la Mauritanie est là où peut mener la concertation et le dialogue. Pas là où mènent rejet et haine.
La pratique de tous les jours servira à démontrer la bonne volonté du pouvoir. Notamment à travers l’ouverture effective des médias sur les acteurs politiques, la recherche de l’implication de tous par l’insistance auprès de ceux qui hésitent, l’apaisement de la scène, l’activation des passerelles de contact entre toutes les parties… Avec un effort sensible, peu de formations accepteront de se rester au bord de la route. Et ce sera tant mieux.

lundi 29 août 2011

La chasse aux sorcières


Il y a beaucoup de choses qui ne plaisent pas dans la version libyenne des «printemps arabes». D’abord le fait qu’au lieu d’une révolution, nous avons assisté à une rébellion armée qui prend l’allure d’une guerre civile savamment occultée par les médias qui sont pour la plupart rangés du côté des «parrains».
Il y a ensuite cette trop grande présence de l’élément salafiste jihadiste qui partage le théâtre des opérations avec une direction politique dont les principales figures furent les principaux collaborateurs de Kadhafi.
Il y a le parrainage direct de Bernard Henry Lévi – le dernier des philosophes français de notre temps. Grand sioniste devant l’Eternel, militant invétéré du «choc des civilisations», idéologue de l’islamophobie qui a alimenté les extrêmes en Occident, BHL ne peut pas vouloir du bien pour les Arabes, encore moins pour les Musulmans.
Mais il y a surtout cette atmosphère de haine viscérale entretenue comme essence de la «révolution»/rébellion. Les heures de discussions avec ceux de Benghazi m’avaient donné l’impression qu’il n’y avait d’autre programme que la haine de Kadhafi, une haine largement expliquée par le passif du dirigeant. Cela m’a rappelé qu’on disait que l’idéologie prônée par Kadhafi se réduisait à une photo, celle du Guide. Qu’il n’y avait rien derrière comme programme. Ce culte de la personnalité qui a mené la Libye là où elle est aujourd’hui a son pendant : la haine cultivée par les ennemis de l’homme. C’est ce qui explique tout le bruit fait autour de l’exil de la famille du dictateur en Algérie. C’est ce qui explique aussi les tueries aveugles à la porte d’Al Aziziya et dans Tripoli en général. Le déchainement du degré zéro de l’humanité à l’encontre des noirs africains assimilés à des mercenaires. En fait tout ce qui touche à Kadhafi fait l’objet de sauvage vengeance.
Oui, la femme de Mouammar Kadhafi, Safia, sa fille Aicha et ses fils Hannibal et Mohammed, se sont réfugiés en Algérie. Avec l’assentiment des autorités bien sûr. Le contraire aurait surpris. "Nous nous sommes engagés à accorder un procès équitable à tous ces criminels, et nous considérons par conséquent qu'il s'agit d'un acte d'agression", a réagi Mahmoud Chamman, porte-parole du Conseil national de transition. "Nous conseillons à tous de ne pas protéger Kadhafi et ses fils. Nous les traquerons où qu'ils se trouvent et les arrêterons", a-t-il ajouté. Trop de haine… trop pour construire l’avenir… assez pour désespérer du futur proche.

dimanche 28 août 2011

Shaykh Ould Deddew a encore raison


J’ai lu dans un site de chez nous que le Shaykh Mohamed el Hacen Ould Deddew a déclaré, au cours d’une interview accordée à un journal saoudien, que la mouvance islamiste doit être nécessairement à l’avant-garde de la lutte des peuples arabes pour la réforme. Qu’il n’y a pas lieu d’avoir peur de cela, parce que la nature de cette mouvance en fait le porte-flambeau des aspirations légitimes de ces peuples.
Shaykh Ould Deddew a fait un constat, largement partagé d’ailleurs. En réalité, derrière ce que l’on appelle pompeusement «le printemps arabe», se profile une prise de pouvoir des courants islamistes qui pointe déjà à l’horizon en Egypte, en Tunisie et même en Libye. Le moteur de la contestation «tourne» effectivement à ce «diesel-là». C’est normal quand on accepte de constater que la jeunesse du mouvement, la globalité de son discours (qui s’adresse à tous les musulmans), la fraicheur de son inspiration font les atouts en cette ère d’incertitudes qui pèsent sur l’avenir.
Les réponses apportées par le discours islamiste couvrent tous les champs qui interpellent les Musulmans : mystique, idéologique, politique, économique… La mouvance en profite. Ce qui lui donne une avance certaine sur tous les autres acteurs politiques, récents ou anciens. Ce qui fait aussi qu’ils sont effectivement à l’avant-garde des mouvements que connaissent les rues aujourd’hui en Tunisie, en Egypte, au Yémen, en Syrie, en Libye… Si on sait quelles formes cela peut prendre, on ne sait pas encore où est-ce que cela mène ?

samedi 27 août 2011

Attentats en Algérie


Ils avaient promis un Ramadan sanglant aux pays de la zone, particulièrement pour l’Algérie et la Mauritanie. En ce vendredi, 26ème jour du mois béni, ils ont frappé à l’académie militaire de Cherchell en Algérie. Au total neuf officiers et deux civils ont été tués sur le coup. 26 autres personnes ont quitté l’hôpital après y avoir subi des soins. Tandis que 6 victimes du double-attentat ont retenues sous contrôle médical. C’est du moins ce qui ressort du premier bilan officiel publié par les autorités dans un communiqué du ministère de la défense. Le même ministère précisera le lendemain que le nombre des morts est de 18 dont deux civils. Certains journaux locaux ont parlé d’un mort de nationalité «mauritanienne ou malienne», sans d’autre précision.
Dans son communiqué, le ministère de la Défense a déclaré que cet "acte abject" vise à "atteindre  des objectifs médiatiques afin de desserrer l'étau qui leur est imposé sur le  terrain par les forces combinées de sécurité qui ont réalisé des résultats remarquables,  notamment durant les dernières semaines".   
Un premier kamikaze est venu à pieds et s’est fait exploser au moment où le muezzin lançait son appel pour la prière du Maghreb qui met fin au jeûne quotidien. Le deuxième est venu à moto semant le carnage dans le mess de l’académie militaire de Cherchell.
Cela aurait pu se passer à Nouakchott, à Rabat, à Tunis ou ailleurs dans l’un des pays de la zone sahélo-saharienne. Parce que la guerre déclarée par les groupes terroristes contre ces pays, cette guerre est totale. Les deux kamikazes dont on ne connait pas l’identité auraient accompli leur mission macabre en frappant n’importe où. L’essentiel étant de tuer le plus de monde. Peu importe la symbolique du moment choisi – le moment de la coupure du jeûne en ce mois béni (de paix) -, parce que le prétexte de l’Islam, nous le savons depuis longtemps, est fallacieux.
La leçon à tirer, c’est la nécessité de joindre les efforts des pays concernés. Pourquoi l’Algérie hésite-t-elle à frapper les bases de AQMI en plein Sahara ? Ce ne sont pas les moyens qui manquent. Ni les raisons.
Le commerce des otages dans l’espace sahélo-saharien finance les attaques terroristes en Algérie. Les camps d’entrainement sont des lieux de recrutement des kamikazes en vue d’actions dans les pays, d’abord l’Algérie.
Pourquoi l’Algérie cherche-t-elle à faire sans le Maroc ? Pourquoi le Maroc n’est pas invité à la conférence d’Alger prévue en septembre et à laquelle pourtant sont invités des pays comme le Pakistan, l’Afghanistan… ? L’Algérie, tout en gardant le leadership dans la lutte contre le terrorisme, aurait dû se départir de ses tendances hégémoniques pour s’engager avec les autres, tous les autres, dans la lutte visant à éradiquer le phénomène terroriste AQMI.

vendredi 26 août 2011

Réticences algérienne et mauritanienne


L’Algérie et la Mauritanie s’abstiennent encore de reconnaitre le Conseil national provisoire libyen. Même la chute de Tripoli et la fuite de Kadhafi ne semblent pas avoir raison des réticences des deux gouvernements à reconnaître le CNT. C’est pourquoi l’UMA tarde à suivre la Ligue Arabe dans la reconnaissance de nouvelles autorités en Libye.
Ce n’est certainement pas pour la qualité des relations avec Kadhafi, lequel a toujours fait souffrir ses voisins. Y compris l’Algérie qui lui doit quelques tentatives de déstabilisation au sud, en plus, très probablement d’un encouragement tacite des mouvements islamistes au début des années 90. Elle lui doit aussi de l’avoir bouté hors de ses cercles d’influence dans l’espace sahélo-saharien, africain en général. Dans cette lutte d’influence, Kadhafi avait dépensé des milliards de dollars pour avoir les faveurs de ses homologues africains.
Quant à la Mauritanie, la relation a toujours été marquée par le mépris qu’il affichait vis-à-vis du pays, de son peuple et de ses acteurs (officiels ou non). «Toz vi mouritaniya» sonne encore dans nos oreilles. Tout comme son refus publiquement exprimé de croire qu’un peuple comme le nôtre pouvait accéder à la démocratie. Et ce ne sont pas les quelques subsides qu’ils distribuaient aux acteurs politiques à l’occasion d’élections qui feront passer l’éponge.
Alors pourquoi ne pas se précipiter et reconnaitre le CNT ? D’abord cette position de médiateur au titre de la présidence du groupe de contact chargé du dossier libyen. Même si, très tôt le Président Ould Abdel Aziz a déclaré publiquement que Kadhafi était fini et que le peuple libyen devait avoir l’occasion de se prononcer. Mais dans le cadre d’un accord entre libyens. Toutes les initiatives furent torpillées (par les bombardements militaires et médiatiques des parrains du soulèvement). La solution militaire donne ce résultat qui ne veut encore pas dire la fin des hostilités : la chute de Tripoli.
La prise de Tripoli a été le fait de quelques unités armées commandées par Abdel Hamid Belhaj qui n’est autre que le frère cadet de Abu Yahya Alliby (Abu Yahya le libyen). Pressenti un moment successeur de Ben Laden à la tête de la nébuleuse, Abu Yahya a été à la source de l’allégeance du GSPC à Al Qaeda mère, acte qui a donné «AQMI» (Al Qaeda au Maghreb Islamique). Avant de rejoindre les bases de l’organisation en Afghanistan, Abu Yahya a séjourné en Algérie et en Mauritanie. Il a tissé des réseaux dans ces pays et contribué à l’embrigadement de la plupart des militants AQMI du Maghreb. C’est à son célèbre prêche de 2007 que répondent les Mauritaniens de AQMI par un non moins célèbre prêche intitulé «labayka ya Aba Yahya». C’est par ce prêche que l’on découvre Abu Anass Echinguitty qui accèdera au titre de membre du conseil de la Shura et deviendra le cadi de l’organisation. Dans ce prêche, il se félicite d’avoir «rejoint les frères algériens dans le Jihad qui est le leur», et d’appartenir «au groupe des élus qui ont choisi de mourir en vue d’instaurer un Etat islamique à la place des pouvoirs corrompus». Le prêche d’Abu Yahya Alliby avait pour titre : «La démocratie, ce totem corrupteur du monde moderne». Ce sont probablement ses disciples qui tiennent militairement Tripoli aujourd’hui. Pas de quoi plaire à Alger ou à Nouakchott.

jeudi 25 août 2011

Report des élections

C’est officiel. Après en avoir parlé avec les partis engagés dans le dialogue – côté Majorité : UPR, Adil, AJD/MR et PRDR ; côté Opposition : APP et Wi’am -, le Premier ministre a demandé au ministre de l’intérieur de rendre publique la décision. Une décision qui était très attendue: le report sine die des élections sénatoriales, législatives et municipales.
D’abord parce que personne – absolument personne – n’était prêt à se lancer à l’aventure dans une atmosphère faite de défiances et d’incertitudes. Ensuite parce que c’est là l’un des «préalables», «gages de bonne volonté» qui signifiera l’entrée en matière effective dans le dialogue.
Deuxième étape attendue : l’ouverture des médias publics devant toutes les forces politiques. L’accord de principe stipulait que cela sera fait selon l’agenda fixé avec la HAPA. 
On nous parle du refus du député UFP Moustapha Ould Bedredine de participer à un débat pluriel sous prétexte de présence «massive» de la Majorité à travers la société civile. Pourquoi faire venir des éléments de la société civile dans un débat politique qui concerne les acteurs politiques au premier chef ? Ould Bedredine (UFP), Mohamed Ould Babana (UPR), Kane Hamidou Baba (MR), Qassem Ould Bellali (Wi’am), Maalouma Mint Bilal (APP), Nana Mint Cheikhna (RFD), Salek Ould Sidi Mahmoud (Tawaçoul), n’est-ce pas assez pour faire le choix entre des personnes de même rang (politique) ? TVM devait éviter de se laisser piéger.
Le dialogue suppose la maîtrise des outils qui peuvent le servir. Jusqu’à présent, TVM et Radio Mauritanie ont été incapables d’organiser un débat depuis au moins la mi-2007. On se souvient que les émissions réussies de la radio citoyenne, de Radio Mauritanie et certaines de celles de TVM avaient donné la preuve que les Mauritaniens ne refusaient pas de débattre dans le respect des règles universellement reconnues et qui commencent par la prise en compte de l’opinion de l’autre et de la diversité en général.
Ce ne sont pas les journalistes de TVM ou de RM qui sont en cause, ni les hommes politiques – même si l’art de la prise de parole est encore mal maitrisé -, c’est la volonté des administrations qui freinera ou non le processus de dialogue dans les médias publics.
Pour revenir au report, les acteurs politiques impliqués doivent pousser vers l’économie de temps. L’étape la plus urgente est la création d’une CENI consensuelle. Nous avons eu l’expérience de la CENI partisane de 2009. Nous avons vu combien c’était risqué. Il faut remettre à jour la CENI permanente et indépendante. Au plus vite pour lui permettre d'être le cadre dans lequel les réformes du code électoral doivent intervenir. Le reste suivra.
Rappeler qu’il suffit de ne pas oublier les absents en «jouant pour eux»…

mercredi 24 août 2011

Le pluralisme n’est pas seulement politique


Au moment où le ministre de la communication, Me Hamdi Ould Mahjoub lance les dernières mesures (et démarches) permettant le passage à l’ère de la libéralisation de l’espace audiovisuel, à ce moment précis il importe de rappeler que ce que l’on appelle «pluralisme» ne doit pas seulement être compris dans son sens politique restreint.
Il est certes nécessaire, voire obligatoire, de donner la parole, d’exprimer les différentes opinions politiques légales du pays. Mais, plus vital à mon avis, que toute la diversité de notre société puisse s’exprimer dans les organes qui verront le jour.
Il ne faut pas que demain, nous ayons une radio ou une télévision dédié à une communauté culturelle donnée. Eviter que ne soit exclue une communauté, une langue, une culture d’un espace ouvert pour servir les Mauritaniens.
Même des radios, dites pourtant «communautaires», de Bir Om Greyn ou de Dafort, même ces radios doivent être tenues d’exprimer la diversité linguistique et culturelle du pays. Et toutes les communes du pays reflètent heureusement cette diversité dans leurs populations. Certaines plus que les autres, mais toutes la reflètent.
Cette pluralité-là prime sur le pluralisme politique. Il faut donc la préserver expressément.
Cette opportunité ouverte pour le pays de pouvoir rattraper le retard accusé par rapport aux pays voisins, est une chance pour ce qu’elle offre d’ouvertures et de libération.
Ouvertures sur nous-mêmes, sur l’Autre. Libération du joug de la pensée unique, de la parole du plus fort.
Elle demande certes une forte mesure d’accompagnement : le renforcement des outils nationaux que sont TVM et Radio Mauritanie et leur ouverture pour en faire de véritables services publics et non les porte-parole d’un régime. Ici aussi, il s’agira de garantir l’expression du pluralisme de la société. Pluralisme dans tous les sens. 

mardi 23 août 2011

C’est fait

On sait désormais lesquels des partis de la coordination de l’opposition démocratique acceptent d’engager un processus de dialogue avec le pouvoir. L’UFP, le RFD, la Convergence démocratique, Tawaçoul, Hatem… n’y vont pas sous différents prétextes. Pourtant tout indiquait que Tawaçoul (Islamistes) et la Convergence de Me Mahfoudh Ould Bettah allaient faire partie de ceux qui optent pour le dialogue. La méfiance a finalement été plus pesante que la logique de l’opportunité politique ainsi ouverte devant les acteurs de la vie publique nationale. Pour les autres partis, on savait, à l’avance, que les «rapports personnels» avec Ould Abdel Aziz empêcheraient toute convergence. Mais est-ce pour autant que le dialogue est compromis ?
Non ! Entre le pouvoir, l’APP de Messaoud Ould Boulkheir et le Wi’am de Boydiel Ould Hoummoid, le meilleur schéma peut être trouvé. A propos des élections d’abord. Il ne faut pas s’arrêter à la seule nécessité de les reculer, mais faire du dialogue le moyen d’affiner les conditions du déroulement du scrutin en garantissant plus de transparence et une meilleure représentativité. Code électoral, découpage électoral, règlement de la question du quota féminin, de celle des nouvelles cartes d’identité, mise en place d’une CENI consensuelle et indépendante, nomination d’un ministre de l’intérieur «neutre»… Tellement de choses à faire et qui n’ont pas besoin d’un consensus formel.
On peut malheureusement avoir une «petite» ambition et penser ce dialogue en terme de report des élections pour permettre de garder le statu quo actuel (une Majorité absolue au Président et Ould Boulkheir à la tête de l’Assemblée nationale) et/ou en terme de participation à un gouvernement d’union. Mais les partenaires engagés peuvent, rien ne les en empêche (ni leurs cursus politiques, ni les perspectives ouvertes), voir plus grand pour eux-mêmes et pour le pays. Et à ce moment-là, ils auront gagné tous leurs paris. 

lundi 22 août 2011

Quoi après ?


Les rebelles libyens sont à Tripoli. Ils ne l’ont pas complètement occupée. Ils ont arrêtés deux des enfants de Kadhafi, Seyf el Islam qui paraissait être le plus va-t-en-guerre et Mohamed qui était à son opposé. Mais pas de nouvelle du père qui a régné 42 ans durant sur la Libye. Au 1er septembre prochain il aurait fait exactement 22 ans.
Dès que les rebelles sont entrés à Tripoli, ceux de Benghazi ont crié victoire. Le président du CNT, Moustapha Abdel Jelil qui a été ministre de la justice de Kadhafi, a déclaré que l’ère de celui-ci était révolue. Il a annoncé la mise en œuvre prochaine du nouvel ordre constitutionnel provisoire devant régir le pays en attendant la mise en place d’une loi fondamentale définitive. Il a promis un gouvernement démocratique et des élections au plus vite. On l’espère pour la Libye qui n’a que trop souffert de l’infantilisme de sa classe politique qui est incapable aujourd’hui d’avoir une vision d’avenir.
Dans nos pays, les dictatures ont ceci de pervers : sans envisager l’avenir pour elles-mêmes, elles détruisent toute velléité de se projeter de l’avant chez ses protagonistes.
Chez nous, en Mauritanie, cela s’est traduit par l’absence de proposition chaque fois que le changement était au rendez-vous. Quand en août 2005, l’armée met fin au règne de Ould Taya, ses soutiens n’ont jamais envisagé la fin de son règne, ses opposants non plus. Tous ont oublié de concevoir un programme d’alternance, un scénario alternatif et tous se sont retrouvés obligés de «suivre» le mouvement de l’Histoire sans pouvoir y influer.
Mais si les premiers avaient pu se reprendre et imaginer une reprise en main des leviers, les seconds ont continué à subir. Oubliant que la vraie bataille politique était celle que menait l’ancien au nouveau (probable). Dans nos pays, nous risquons d’avorter tous les élans de changements par manque de perspective et d’alternative. On vit le moment qui s’offre à nous, la paresse nous empêchant de faire l’effort d’imaginer d’autre voie que celles déjà empruntées.

dimanche 21 août 2011

Les risques du métier


Il s’appelait Boukhary Ould Mohamed Ahmed. Il était sous-lieutenant de l’Armée de l’Air. Il était aux commandes d’un hélicoptère de la direction de l’air et venait de décoller de Chinguetty quand son hélicoptère s’est écrasé. Le jeune sous-lieutenant est mort sur le coup.
Il y a quelques mois, je faisais partie d’un groupe composé d’élus, de journalistes, de professeurs d’université, d’étudiants…, un groupe invité par le commandement des forces armées dans le cadre de journées portes ouvertes décidées en vue de «briser la glace» entre l’institution militaire et les composantes de la société. Une manière d’établir le contact et de cultiver la confiance.
C’est dans ce cadre que nous avons visité la base aérienne d’Atar qu’on appelle la base opérationnelle de la DIRAIR et qui est sous le commandement du colonel Zeine Ould Soueidatt, brillant officier pilote, fils de Soueidatt Ould Weddad, l’un des premiers officiers de l’Armée mauritanienne, tombé sur le champ d’honneur en février 1976 à Aïn Bintili, dans l’extrême nord du pays. Les responsables de la base opérationnelle nous ont aussi fait visiter la toute nouvelle école d’aviation. Il y avait là de nombreux officiers et sous-officiers, tous très jeunes, très dynamiques et très engagés. Le sous-lieutenant Boukhary Ould Mohamed Ahmed était certainement de ceux-là.
Que ses compagnons d’armes, que sa famille, que ses amis trouvent ici l’expression de nos condoléances les plus attristées.

samedi 20 août 2011

La fin proche du dictateur


Les opérations sont en cours à Tripoli, le lieu où vit le clan Kadhafi. Finalement, l’entêtement du vieux dictateur lui destine une fin peu honorable. A mon avis, un chef qui ordonne de tirer sur sa population ne mérite pas une fin digne. Je vois donc Kadhafi et ses enfants pris par les rebelles. Sans combattre probablement, en train de fuir certainement le champ de bataille. Des hommes comme lui restent trop attachés à la vie pour accepter de la perdre pour quelque cause que ce soit. C’est très probablement habillé en femme et tentant de fuir Tripoli que Kadhafi sera pris.
Cette fin tragique, prévisible pour les jours à venir, m’amène à parler de tous ces dictateurs qui s’entêtent à assassiner et à s’accrocher au pouvoir alors qu’ils n’ont plus aucune légitimité.
A la mi-décembre 2010, peut-être que si Zein el Abidine Ben Ali avait anticipé pour faire son discours su 14 janvier, peut-être qu’il aurait sauvé son régime. Même scénario pour Moubarak d’Egypte. Et si son dernier discours avait été le premier ? Peut-être… Mais on ne refait pas l’Histoire. La trop grande confiance dans le système sécuritaire, les renseignements, la loyauté de l’armée, de la police… expliquent l’entêtement mortel de ces dictateurs qui ont fini un à un. Et dont certains sont aujourd’hui trainés devant les tribunaux pour répondre de leurs actes.
Demain ce sera le tour de Kadhafi de se retrouver derrière les barreaux, à trembler en écoutant déclamer l’acte d’accusation contre sa personne. Il devra alors penser aux milliers de libyens ayant été trainés sans raison devant les tribunaux pour connaitre une fin tragique et injuste.
Méditons un parallèle entre deux moments de l’actualité : quand Sayf el Islam Kadhafi s’adressait aux populations pour les menacer de tous les malheurs si la rébellion continuait, et le moment où il se rendait pitoyablement aux rebelles. 

vendredi 19 août 2011

Appel au Pape


C’est l’histoire d’une famille mauritanienne qui vit un drame en Espagne depuis bientôt quatre ans. Tout commence par une insertion dans un milieu étranger d’une famille maraboutique, descendante de la prestigieuse lignée de l’érudit Mokhtar Ould Bouna le plus grand grammairien du Traab al Bidhâne. L’une de leur fille fut mariée – comme au bon vieux temps – à son cousin pour la «redresser», elle qui préférait la proximité de ses amis espagnols. Le mariage, consommé en Mauritanie, scandalisera les amis de la mineure. Un traquenard est dressé pour amener le nouveau mari sur place. Ce qui fut fait. Le mari arrêté, les parents furent poursuivis. Le trio sera condamné après avoir été lynché publiquement par une presse très portée sur les affaires de mœurs. Avant d’être «pris en charge» par une justice largement conditionnée par la campagne médiatique.
Mohamed Abdellahi Moktar Salem Ould Abderrahmane, son épouse et son malheureux beau-fils, furent condamné et emprisonnés en Espagne. Ils attendent depuis.
On a parlé d’eux lors de l’accord entre AQMI et l’Espagne, accord visant à libérer les otages de ce pays. Puis lors de différentes rencontres entre autorités des deux pays. On a toujours invoqué la différence des cultures pour provoquer la compréhension et l’indulgence des autorités judiciaires espagnoles. On a dernièrement dit que les juges étaient prêts à remettre les condamnés à la Mauritanie au titre de l’accord entre les deux pays, mais à condition que les crimes concernés soient condamnables par la législation en Mauritanie.
L’affaire est à présent à la une à l’occasion de la visite du Pape Benoît XVI en Espagne. Les familles espèrent pouvoir mobiliser quelques grandes figures religieuses musulmanes d’ici pour en appeler à l’intermédiation du chef de l’Eglise catholique. Peut-être que cela pourrait servir. Espérons que les Shaykhs Hamden Ould Tah (chef des Ulémas) et Mohamed El Hacen Ould Dedew se fassent entendre à l’occasion pour mettre fin au calvaire de cette famille mauritanienne.

jeudi 18 août 2011

Pas de vacances pour les politiques


Les membres du gouvernement devant aller en vacances dans la deuxième quinzaine d’août, ont été finalement retenus. Du coup, supputations et commentaires ont fusé. Pour les uns, c’est là le signe avant-coureur de l’ouverture du dialogue entre Pouvoir et Opposition. L’Exécutif ayant été chargé de mener le processus. Pour les autres, ce peut-être l’annonce d’un remaniement imminent. Pour les uns et les autres la décision n’a pas été prise par hasard.
J’en suis resté quant à moi, à me demander pourquoi des vacances d’ailleurs ? Le pays a perdu assez de temps. Les ministres ne font pas grand-chose pour mériter le repos. D’ailleurs tout le monde doit abandonner l’idée des vacances des responsables politiques. C’est l’engagement minimal que nous pouvons attendre d’eux. Le sacrifice qu’ils peuvent faire pour le pays est celui-là.
Mais il est vrai qu’ailleurs on parle de vacances, de rentrée politique, de reprise… alors il faut bien imiter. En oubliant qu’ailleurs, il y a obligation de résultats pour les responsables politiques à quelque niveau que ce soit. Ils ont des missions et rendent compte de ces missions. Ils sont responsables de ce qu’ils font et payent pour leurs manquements.
Rien de cela ici. L’impunité est totale. Et à tous les niveaux. Avec nos responsables politiques, nous avons l’impression que la responsabilité n’existe pas. Pour ceux d’entre eux en fonction dans les hautes sphères, l’excuse est toute trouvée depuis près de trois décennies : «là-haut». Pour ceux en activité politique, il n’y a jamais de fautes.
Le parcours politique du pays et de ses hommes nous enseigne que personne ne veut prendre la responsabilité de ce qu’il fait, ni de ce qu’il fait subir à notre pays. On se plait à charger les autres dont c’est toujours la faute.
Et pour en revenir à ces vacances, je ne vois pas qui a besoin de vacances, si ce n’est les travailleurs domestiques qui triment à l’intérieur des maisons contre un salaire de misère ou les mendiants de Nouakchott qui n’ont pas une minute pour s’arrêter.

mercredi 17 août 2011

La fin de la COD ?


C’est aujourd’hui que la Coordination de l’opposition démocratique (COD) devait se prononcer sur la question du dialogue. Tout porte à croire qu’il n’en sera rien. Que la réunion prévue à cet effet sera reportée pour une énième fois. ou qu'elle finira sans prise de décision formelle. Une façon de remettre à plus tard l’issue fatale. Trois attitudes divisent ce conglomérat :
-          Le premier groupe est celui dirigé par Messaoud Ould Boulkheir (APP) et Boydiel Ould Hoummoid (Wi’am). Ce groupe s’engage franchement sur la voie du dialogue. Après avoir essayé de jouer les facilitateurs, ses chefs de file semblent avoir été excédés par les remises en cause continues de la dernière mouture des documents politiques. C’est ce groupe qui vient d’obtenir le principe de l’ouverture des médias publics à l’opposition, ainsi que celui du report des élections qui pourrait se décider dans les heures qui viennent.

-          Le deuxième groupe est constitué principalement du RFD et de l’UFP. Le RFD a déjà fixé le plafond pour sa participation à la réalisation de préalables. Les fameux cinq points dont deux ont déjà été acceptés : accès aux médias publics et principe de la discussion autour du report des élections. Deux autres points relèvent plus de la surenchère que de conditions à la décrispation de la situation politique : l’ouverture des marchés publics aux hommes d’affaires de l’opposition (lesquels ont été exclus ?) et des hautes fonctions aux cadres de l’opposition. Reste la référence à l’accord de Dakar largement dépassé. Mais ce n’est pas pour cela que le RFD va entrer dans le processus. En fait sa position est une position de principe qui découle d’une analyse qui veut que le pouvoir soit au bord de l’écroulement. Toute ouverture sur lui peut lui servir de strapontin pour rebondir. Tout ce qui peut donc atténuer «la crise ambiante» n’est pas le bienvenu.
Même son de cloche à l’UFP qui a d’ailleurs gelé toute discussion autour de la question du dialogue. Les élections deviennent «les élections de Ould Abdel Aziz» qui ne concernent pas le parti.

-          Le troisième groupe est celui qui rassemble – sans les rassembler vraiment – Tawaçoul, la Convergence démocratique de Me Mahfoudh Ould Bettah, le groupe démissionnaire de ADIL… Tout en étant convaincu de l’utilité du dialogue pour préparer les élections et sortir du blocage politique en normalisant les rapports, les partis concernés essayent de freiner l’élan du premier groupe pour emmener avec eux les autres. Tawaçoul, sans doute le plus implanté de tous, ne peut pas se permettre de boycotter des élections dont il est donné le favori au regard de son implantation et de son avance sur le terrain par rapport à tous les acteurs.
Ce mercredi le sort de la COD sera scellé. Va-t-elle connaitre le sort du FDUC (front démocratique pour l’unité et le changement) du début des années 90, ou celui de la Coordination du milieu des années 90, ou celui du Front des partis d’opposition (FPO) de la fin des années 90 et début des années 2000 ? Seuls les noms des regroupements ont changé. Les acteurs sont restés sensiblement les mêmes. Les raisons de leurs divergences aussi.

mardi 16 août 2011

La lettre de Ould Daddah


En sa qualité de président du RFD (rassemblement des forces démocratiques), Ahmed Ould Daddah vient d’écrire une lettre à «Monsieur le Président Mohamed Ould Abdel Aziz, Président de la République Islamique de Mauritanie» pour l’interpeller sur la question de la mort de feu Mohamed Lemine Ould Ndeyane. Cette lettre suscite quelques interrogations.
Sur la forme d’abord : ne cherche-t-on pas – au niveau de la COD par l’entremise du président Messaoud Ould Boulkheir, par d’autres canaux moins officiels – à établir un contact entre les deux hommes ? Un contact qui permettrait de voir que les deux hommes se reconnaissent, chacun dans sa fonction ? En appelant le «Président de la République», n’est-ce pas un pas de celui qui fait de cette reconnaissance un moyen de pression et de négociation ?
Sur le fond ensuite. Le 8 juin 2003, des mutins ont mobilisé chars et hommes pour prendre le pouvoir par la force. Cette folle entreprise – qui a eu quelques incidences positives dans l’ébranlement du système sécuritaire de l’époque – a abouti à la mort de 17 personnes dont de nombreux civils, et au moins deux officiers : le colonel Mohamed Lemine Ould Ndeyane et le capitaine Ould Oudaa. Parmi les civils, il y avait au moins une enfant morte d’un éclat qui l’a atteint au bas-ventre.
Les dix-sept personnes sont mortes à la suite de tirs, tantôt d’armes légères tantôt d’armes lourdes. Cela n’a jamais été déterminé au cas par cas. Leurs parents n’ont jamais bénéficié de compassion, et n’ont pas eu d’explications. Les militaires parmi eux n’ont pas été célébrés par le régime qu’ils défendaient quand ils furent tués. Et aucun parti à l’époque n’avait émis la moindre interrogation autour des victimes. Et l’on avait fini par expliquer le comportement du régime – l’indifférence vis-à-vis de ses défenseurs morts «en accomplissant leur noble mission» (c’est toujours bien de savoir que défendre un régime comme celui de l’époque est «noble») – par un accès de folie de son chef qui avait fini par croire que les vies en Mauritanie ne comptaient pas. On s’est brusquement souvenu du magistral dédain dont la catastrophe de Tijikja – plus de cent morts d’un coup – avait fait l’objet parce que «le président dormait». Un autre traumatisme qui pèsera encore sur notre équilibre psychique.
Il n’y a pas lieu de discuter si les portes sont ouvertes pour parler de faits qui ont été amnistiés, ni des témoignages cueillis à chaud ce jour-là et comportant les détails de ce qui s’est passé. Il est toujours plus facile de parler longtemps après parce que cela permet de construire, de déconstruire et de reconstruire. Je prends l’exemple du passif humanitaire.
Avoir plus de quarante ans en Mauritanie suppose qu’on en avait 18 en 1989, et plus plus tard ( le temps est venu d’utiliser les pilons comme calames pour ânonner des vérités évidentes). Avoir 18 ans dans un pays où l’arbitraire règne, l’inégalité, le pillage des ressources, l’esclavage, le tout doublé d’une politique suicidaire pour la cohésion du pays, avoir 18 ans à ce moment-là suppose une prise de conscience de l’état lamentable dans lequel on se trouvait, et une prise de position évidente vis-à-vis de cet état. Ceux qui ne l’ont pas fait alors qu'ils avaient 18 ans et plus au moment des faits, même s’ils sont excusables, car cela demandait un engagement et un prix à payer qu’ils n’étaient pas prêt à verser, ceux-là ne sont pas qualifiés pour donner des leçons plus tard. Il faut le dire car la cacophonie produite par ceux qui se sont tus s’ils n’avaient pas été carrément du côté du bourreau, cette cacophonie couvre le reste.
Quels mérites pour Ould Boulkheir, Ould Mansour, Ould Daddah, Sarr ou Ould Maouloud d’avoir subi pressions et répressions au nom de quelques nobles idéaux, quels mérites s’ils ne peuvent le revendiquer à cause de la trop grande présence à leurs côtés de leurs bourreaux d’hier ? quelle différence entre un homme – politique ou pas – qui réagit sur le coup contre l’arbitraire, qui le dénonce alors qu’il s’exerce, qui essaye de le lever, et un autre qui attend que tout soit fini, que tout soit loin et sans risque ?
Les «excités» de certaines causes ne doivent pas oublier qu’ils étaient là… que nous étions là.

lundi 15 août 2011

Nécessairement, le report des élections


Les autorités administratives n’avaient d’autre choix que de publier les dates des échéances. Les délais légaux arrivant à terme. Certains y ont vu une manière de faire pression sur les différents acteurs pour accepter d’entrer dans le processus de dialogue. En fait, il est clair que l’impératif est d’ordre légal. C’est pourquoi la date est tombée un dimanche. On n’a jamais vu une élection se faire dimanche depuis que le jour de repos hebdomadaire est vendredi. Mais qu’importe parce que tout le monde sait qu’il est matériellement impossible d’organiser ces élections dans les délais impartis.
Qui peut par exemple confectionner ses listes municipales entre le 17 et le 23 août, préparer les dossiers de chaque candidat et les déposer ? en six jours ?!? Non ce n’est pas possible.
Mais parce que tout le monde semble opter pour un report, autant le faire dans le cadre d’un accord politique, au moins dans le sillage d’un processus de dialogue ayant réellement démarré. C’est pourquoi l’annonce officielle du report attendra quelques jours. Mais elle viendra inévitablement. Et j’espère qu’ele prendra la forme d’une réponse partielle à une demande globale voulant que toute élection soit l’occasion de redonner confiance aux acteurs. En les impliquant dans sa préparation. Personne n’est ici plus soucieux que l’autre quand il s’agit d’élection. On peut estimer effectivement que les élections annoncées ne seront en rien semblables à celles qui les ont précédées.
Si les années 90 et 2000 ont été marquées par les fraudes massives, le pays a expérimenté, en 2006, des scrutins sans engagement franc de l’administration et de l’appareil d’Etat en général. Ces élections ont donné un seuil de pluralisme qui a été bénéfique pour la démocratie. Tous en sont conscients. On ne voudrait pas descendre en-deçà. Pour cela reculer les élections pour permettre aux partis de se préparer, d’entrer dans une phase de discussions autour de mesures concrètes, et aux Mauritaniens de les aborder sans défiance.
Nous dirons toujours qu’en fait, le mandat des députés et des conseils municipaux ne commence qu’à leur prise de fonction effective. A partir d’avril 2007 donc. Le mandat de cinq ans courra donc jusqu’en avril 2012. N’est-ce pas une astuce plus ou moins légal ? si l’on y ajoute l’autorité d’un accord politique global, toutes les considérations peuvent tomber d’elles-mêmes.

dimanche 14 août 2011

Que se passe-t-il en Israël ?


C’est comme si, à la faveur des révolutions arabes, nous avons oublié l’existence de cet Etat. Les événements de ces jours nous rappellent qu’il y a peut-être de la normalité dans cet Etat. Il y a une révolution sociale en marche. Finalement, Israël n’est pas immunisé contre les virus que nous pouvons lui passer.
La journée de mobilisation du 13 août aurait donné des dizaines de milliers de manifestants dans le pays. A Haïfa dans le nord, à Beersheva dans le sud, ainsi qu'à Afula, en Galilée, dans le nord, à Modiin (centre) et Eilat (extrême sud), partout la population est sortie crier son ras-le-bol. Elle n’a pas hésité à reprendre des airs empruntés aux voisins égyptiens, syriens, jordaniens et autres : "Le peuple exige la justice sociale". Qualifiés d'"amateurs de sushis et fumeurs de narguilé", les manifestants ont réussi à entraîner avec eux les gens des périphéries des villes. Ce qui a donné plus de popularité à leur mouvement. "L'essentiel pour nous, c'est de montrer que le peuple est uni, que nous vivons dans un seul et même pays et qu'il faut tout faire pour combler les disparités sociales", a plaidé Stav Shaffir, une des dirigeante du mouvement.
Stav Shaffir est journaliste. Elle s’est rendue sur le lieu où a été plantée la première tente le 14 juillet dernier. Elle n’a pas quitté depuis la scène où elle compte comme l’une des plus grandes activistes.
Que peut-on espérer de ce mouvement ? D’abord une normalisation de la vie politique et sociale en Israël. Un pays fondé sur une idéologie guerrière qui accapare hommes et richesses.
Ensuite une plus grande démocratisation par la popularisation du système politique. Aussi une plus grande fraternité entre Arabes et Juifs. Peut-être une plus grande ouverture de la société sur les misères causées la politique exercée par leur Etat à l’encontre de populations civiles arabes. Enfin que l’aire des révolutions s’étendent un peu pour toucher toute la région du Moyen-Orient.

samedi 13 août 2011

Qui a tué Abdallahi Ould Oubeid ?


Peu de Mauritaniens connaissent ce nom alors qu’il mérite la célébration. Mais toute la cacophonie produite à l’occasion du cinquantenaire a oublié de le mentionner dans l’histoire officielle. Alors qu’elle a célébré ceux parmi ses contemporains qui avaient milité CONTRE l’indépendance du pays…
Abdallahi Ould Oubeid est le premier maire de la ville d’Atar, député militant du Parti du regroupement mauritanien (PRM), anti-nahdiste primaire (contre le parti Nahda, nationaliste). Il a été mis en avant dans la campagne officielle visant à contrecarrer la propagande des militants de l’annexion de la Mauritanie par le Maroc. C’était à la veille de l’indépendance.
Sur le plan local, Ould Oubeid était un militant de la citoyenneté contre le notabilisme. C’est comme ça que l’histoire locale l’a retenu comme un rebelle à l’ordre traditionnel. Je vous le dit pour expliquer les premières orientations de l’enquête après son assassinat. L’administration qui était encore française, avait dirigé l’enquête vers la mouvance nahdiste, sinon les militants pro-marocains, arrêtant ici et là des agents soi-disant infiltrés de l’extérieur. Officieusement, elle a laissé courir la rumeur selon laquelle son meurtre était lié à ses engagements locaux. Et si ce n’était rien de tout ça ?
Un ami m’a rapporté les propos d’un témoin de l’époque. Il disait que, dans la perspective de l’accession du pays à l’indépendance, Abdallahi Ould Oubeid avait redoublé d’activisme. Allant jusqu’à préparer l’entrée en service de «l’ordre mauritanien». Lui, le maire d’Atar, avait signifié aux administrateurs coloniaux, aux militaires et éléments des forces de sécurité, qu’il n’était plus question d’afficher leurs pratiques dans les rues de la ville. C’est ainsi qu’il avait, à plusieurs reprises, «grondé» les chefs d’hier pour les apéritifs qu’ils prenaient sur les balcons de leurs demeures exposées aux passants. Une fois, l’un des gendarmes s’en était violemment pris à lui pour le dissuader de continuer à importuner ses compatriotes. Ce à quoi, Ould Oubeid avait répondu avec violence. On parle même d’un geste d’agression. Toujours est-il que c’est ce gendarme qui proféra des menaces précises à l’encontre de l’homme.
Quand il apprit que le député-maire était parti à Nouakchott, il aurait dit publiquement : «Je m’en occupe, je vais le liquider à Nouakchott». C’est au cours de ce voyage que Ould Oubeid est mort. Il était alors facile de mettre cela sur le dos des activistes agissant à partir du Maroc, ou laisser entendre qu’il s’agit d’un règlement de compte local.
Toujours est-il que le député-maire, décrit par feu Moktar Ould Daddah comme étant "un fervent nationaliste, débordant de patriotisme", dérangeait tout le monde. Le 8 novembre 1960, alors que venait de s’ouvrir la session de l’Assemblée nationale consacrée à la ratification de l’accord portant transfert des compétences – mauritanisation de l’autorité -, Abdallahi Ould Oubeid est assassiné dans les rues de l’ancien Ksar.
Ce témoignage apporte un nouvel éclairage à l’énigme de l’assassinat de ce nationaliste, seule «mort de l’indépendance» et qui, malgré cela n’a pas été célébré lors du cinquantenaire. Il est vrai qu’un rue à Atar, une autre à Nouakchott portent son nom mais ce n’est pas suffisant. Il est temps à mon avis de le rehausser au rang de «martyr de l’indépendance». Ce n’est que justice.

vendredi 12 août 2011

Sall Abdoul Aziz n’est plus


La seule vraie richesse d'alors, mais aussi d'aujourd'hui et de demain, ce sont les hommes et les femmes de Mauritanie, avec leurs énergies et leurs compétences.” (Moktar Ould Daddah dans «La Mauritanie, contre vents et marées»).  
C’est ainsi que chaque fois que nous perdons l’un de ces hommes qui ont participé à la construction de l’Etat moderne, nous nous rappelons qu’au début était une volonté partagée par des hommes. Cette fois-ci, c’est l’un des piliers de cette construction qui s’en est allé en silence : Sall Abdoul Aziz nous a quittés ce jeudi, 11 août, à l’âge de 87 ans.
Je l’ai rencontré pour la première fois au début des années 90, alors que je cherchais à faire parler les témoins et les acteurs de la construction du pays. A l’époque, et j’en avais discuté avec nombre d’entre eux, je faisais partie de ceux qui croyaient en la possibilité de faire d’eux une sorte de référentiel en dignité, en engagement, en patriotisme pour les classes politiques pétries par les méthodes des structures d’éducation de masses et de tous les comités militaires. Nous avions sur scène une classe politique, plus occupée à se frayer un chemin pour se trouver une place à l’ombre d’un militaire au pouvoir qu’à chercher à ancrer un système politique digne de ce nom. Aussi sortions-nous des années sombres qui ont vu l’Appareil de l’Etat se déchaîner contre une partie de sa population et user de la méthode «diviser pour régner». Les communautés dressées les unes contre les autres, les tribus, les régions… aboutissant à une atomisation extrême dont le seul rempart ne pouvait être que ceux-là mêmes qui ont cru à une Mauritanie plurielle, riche de ses diversités. Mais sans descendre sur l’arène. Parce que, quoi qu’on dise, la Mauritanie avait profondément changé et une nouvelle classe politique, une nouvelle élite avec d’autres préoccupations, d’autres valeurs (antivaleurs), d’autres repères… étaient nées. Il nous fallait donc «sacraliser» la première génération, un peu pour en faire un mythe qui tiendra lieu de censeur moral et, éventuellement, de facilitateur en cas de conflit.
Sall Abdoul Aziz avait adopté une ligne de conduite qui en faisait l’incarnation de cette classe avec toute l’humilité, toute la détermination, toute la grandeur d’esprit et de la profondeur de la vision. Je lui avais une fois demandé de m’accorder un entretien. Il me répondit que sa prise de parole était liée à la décision d’un groupe d’amis et de compagnons. En substance : «Si Moktar, Ahmed (Ould Mohamed Salah) décident de prendre la parole, je suis prêt à te parler». Quelques années plus tard, je réalisais ma première interview avec Moktar Ould Daddah (1995), je récidivais dans ma demande. Poliment, il refusa.
A l’époque de Moktar, il a été directeur de cabinet de 1961 à 1968, ministre de l’intérieur de 1968 à 1971, et président de l’Assemblée nationale de 1975 à 1978.
Avec lui, la Mauritanie a perdu un fils prodigue qui a donné sa vie, son savoir-faire, son énergie en vue de la voir indépendante et forte. Les Mauritaniens perdent un frère toujours à l’écoute, un père attentif et généreux, un ami fidèle. Que tous reçoivent ici l’expression de nos condoléances attristées.
Qu’Allah l’accueille en Son Saint Paradis. Wa inna liLlahi wa inna ilayhi raji’une.

jeudi 11 août 2011

Le dialogue est-il encore possible ?

«Le dialogue national : chances de réussite, risques d’échecs», c’est à peu près la traduction du thème sous lequel s’est tenue une rencontre dans les locaux du syndicat des journalistes mauritaniens. La rencontre était co-préparée par le syndicat et le centre d’études et de recherches humaines (mabdaa’). Elle visait à réunir les acteurs politiques dans un même espace afin de booster le processus de dialogue que le pays espère.
Les débats étaient dirigés par notre confrère Moussa Ould Hamed de Biladi et introduit par un professeur d’université qui a parlé du concept de dialogue en général. En fait de dialogue national, il manquait quelques faisceaux pour avoir le kaléidoscope mauritanien. Pas l’ombre d’une figure politique négro-africaine, absence de figures dirigeantes de l’UFP, de l’APP, du RFD… et n’était la présence de Jemil Mansour, président de Tawaçoul, on pourrait ajouter : absence de figures emblématiques de l’opposition traditionnelle (celle d’avant août 2005), et la rencontre aurait été une retrouvaille du défunt PRDS. Ce n’est certainement pas la faute des organisateurs qui doivent avoir invité tous les acteurs. Mais rares sont ceux qui veulent discuter et échanger devant témoins. Premier mérite des présents.
Le deuxième mérite se rapporte aux thèmes abordés et aux propos des uns et des autres. L’introduction de Mohamed Yahya Ould Horma, vice-président de l’UPR, a été très bien élaborée et très bien présentée. Elle comportait une déclaration de bonne intention et appelait à l’ouverture immédiate d’un dialogue sans ambages. Visiblement préparée, elle était destinée à présenter le point de vue de la Majorité. Et mise à part la séquence sur la référence à Dakar, aucun ton polémique n’y transparaissait.
Quand vient le tour de Jemil Mansour, on se rend compte qu’il n’a pas préparé de «feuille» (waraqa). C’était visiblement quelqu’un d’autre, probablement l’un des chefs de la COD, qui était prévu pour la circonstance. Dans un exercice qui demande intelligence, capacité de synthèse et aptitudes mnémoniques exceptionnelles, Ould Mansour se lance donc dans un commentaire de ce qui a été présenté par Ould Horma. Ce à quoi Ould Horma demande un droit de réponse. Petit moment de flottement et les débats sont ouverts.
Le consensus autour de la nécessité de l’ouverture d’un dialogue entre les différentes forces politiques s’exprime. Son urgence aussi. Je retiendrai dans l’intervention de Mohamed Val Ould Bellal, cette lecture de la réalité du système politique mauritanien. Il expliquera que l’une des erreurs, fatales par le passé, du personnel politique, c’est de croire que les destins du pouvoir et de l’opposition ne sont pas liés. Pouvoir et Opposition font le système politique en place, ils en sont les deux faces. La chute de l’un ou son échec signifie nécessairement l’échec ou la chute de l’autre. On oublie que le coup d’Etat qui renverse le pouvoir en place, renverse le système tout entier et en même temps. C’est, à ses yeux ce qui explique la victoire de Sidi Ould Cheikh Abdallahi en 2007 qui s’était présenté sans parti et sans réalité politique et qui est passé. Et bien avant lui, en 2006, le raz-de-marée des indépendants aux législatives et municipales. L’appel du pied à un renversement du régime par son opposition est donc une faute d’appréciation. Tout comme l’entreprise de sape et d’affaiblissement menée par le pouvoir contre son opposition. L’un et l’autre ont besoin l’un de l’autre. D’où la nécessité pour eux de chercher à atteindre un point d’équilibre qui suppose la reconnaissance mutuelle et le consensus autour de l’essentiel : le raffermissement de la démocratie, la préservation de l’unité nationale, le respect des droits et des choix…
Yahya Ould Ahmed Waghf, président de ADIL, essayera lui d’équilibrer ses positions entre pouvoir et opposition. Il avancera une proposition autour des préalables dont, à ses yeux il faut retenir deux. Le premier est indiscutable et doit aller de soi : l’ouverture des médias publics à tous les acteurs. Il est du ressort des responsables de ces médias et doit être naturellement opéré et au plus vite. Le second est le report de l’élection municipale et législative qui doit aussi faire l’objet d’une décision urgente. Penser par exemple à reculer la date en fixant d’abord un deadline à la conclusion du dialogue entre les deux parties.
Mise à part le malaise créé par le «monolithisme ethnique» et l’absence de quelques ténors que nous avions besoin d’entendre, notamment l’UFP, APP et RFD, on peut dire que les échanges qui ont duré quelques quatre heures, ont été très fructueux.

mercredi 10 août 2011

Attention à l’arnaque !


Ceci est un mail que j’ai reçu ce matin, soi-disant de la part d’un jeune parent vivant (en réalité à Zouératt) et qui, je le sais, n’a pas l’intention d’aller à Abidjan pour quelque raison que ce soit. Lisez :
«Bonjour
 comment vas tu ? j'espère que tu vas bien car moi je suis présentement à Abidjan pour une (mission) j'en ai au maximum pour 4 jours mais je t'écris ce mail non seulement pour prendre de tes nouvelles et solliciter de ton aide car je suis présentement dans un problème urgent je me suis fait voler ma valise à l'aéroport j'avais dans la valise l'enveloppe contenant l'argent de mon séjour ainsi que mon téléphone portable que j'avais rangé dans une poche de la valise et voilà que je me retrouve sans liquidité je suis logé dans un hôtel ou je doit pour deux jours et la somme pour m'acheter mon billet pour mon retour a été voler car j'ai payé seulement que mon allé  j'aimerais te demander de bien vouloir m'aider et me faire parvenir la somme 500.000Fcfa ou 300. 000Fcfa  par western union au  Nom du réceptionniste la comme ça lui et moi ont se rend dans une agence pour les récupérer. Voici ces coordonnées
Nom /   ATTA
Prénom /  YAO
Pays / cote d'ivoire
Ville / Abidjan
Adresse / BP / 215 / Abidjan
****************************** ****************************** ************************
Nom et Prénom de l'expéditeur /
pays /
ville/
Question /
Réponse /
Numéro du transfert /
Montant /
****************************** ****************************** **************************
Et si tu fais le transfert envoie tous les références par émail dans ma boite. Mais surtout ne t'inquiète pas une fois rentré je te rembourserai. Merci d'avance et que Dieu te bénisse passe une bonne et agréable journée»
.
C’est un système bien rodé et qui marche visiblement pour ses auteurs. Ils entrent frauduleusement dans la boîte de la victime et envoient un message de détresse à toutes les adresses enregistrées et supposées proches. Espérant des réactions rapides. La méthode est bien sûr grossière, mais il se trouve toujours un idiot à tomber dans le piège.
Dans le cas d’espèce, ce qui m’amuse, c’est la méconnaissance de la victime. Ce n’est pas la personne qui va écrire ce genre de courrier. Il n’est même pas probable pour lui de se retrouver à Abidjan : «shindawr vabidjan ?» sera certainement son premier commentaire. Et cette prière de la fin : «Merci d'avance et que Dieu te bénisse passe une bonne et agréable journée». Pas mauritanien du tout !

mardi 9 août 2011

Hommage au citoyen du Wagadu Ousmane Moussa Diagana


Pas de lune ce soir, tout n’est qu’obscurité.
La braise jette encore une lueur infime ;
Les étoiles, dansant au fond de leur abîme,
Baignent l’espace noir d’une faible clarté.

 Christian Saint-Victor

Ousmane Moussa Diagana s’en est allé il y a de cela dix ans… Nous voilà réunis pour tenter d’entretenir le souvenir, de revivifier la muse et d’attiser la flamme de l’inspiration qui a été la sienne… et qui nous a le mieux exprimés.
Dans notre diversité, dans notre richesse, dans notre enracinement. Je ne connais pas d’autres poètes francophones qui ait autant réussi à nous dire, à nous chanter et à finalement nous unir.
Chacun de nous peut parler sans arrêt, commenter, réciter les textes de Ousmane Moussa Diagana, invoquer quelques intimités avec Dembo, et tous, nous resterons en-deçà de ce qu’il est, de ce qu’il représente, de ce qu’il a été, de ce qu’il a représenté. Je me suffirai à relever quelques dimensions de ce personnage qui était, comme tous ceux de son étoffe, plus grand que son époque, certainement meilleur que ses contemporains.
Chez Ousmane Moussa Diagana, ce qui frappe d’abord, c’est la force de caractère. Un caractère imprégné de métissage et rejetant toute forme de monolithisme culturel. C’est pourquoi je dirai de lui qu’il est avant tout un homme de dialogue, un homme d’ouvertures. Ouvertures multiples.
Un homme d’ancrages aussi. Tout en refusant de se laisser étouffer par une identité particulière, par une dimension exigüe de son être, par un quelconque particularisme.
Ancrages et ouvertures sont les véritables fondements de l’architecture de la personne. En cela, Ousmane Moussa Diagana a incarné ce qui, à mes yeux, fait que le Soninké est Soninké.
C’est bien la longue tradition de cette culture qui a donné le premier Etat d’Afrique noire : le Ghana. Toute la tradition du Wagadu s’est traduite dans les cultures environnantes de l’espace sahélo-saharien. Les épopées ante ne seront que des reprises, plus ou moins réussies, du mythe fondateur de la culture Soninké.
Si dans d’autres cultures, les Autres sont appelés des barbares, la culture qu’incarne Ousmane Moussa Diagana intègre le point de vue de l’Autre et prend en charge ses préoccupations. Elle se fait creuset. De telle manière que les cultures parentes en deviennent de simples prolongements. Tout en cultivant la diversité, elle fonde l’unité. C’est ce qui fait sa force.

Mon pays est une perle discrète
Telle des murmures des vagues
Sous un bruissement vespéral
Mon pays est un palimpseste
Où s'usent mes yeux insomniaques
Pour traquer la mémoire
Pour saisir ce battement primordial
De la rencontre de l'eau et du grain de sable
C'est cela ma folie
C'est cela ma passion
Mon unique passion
Pour te mériter
Ô pays !
(Notules de rêve pour une symphonie amoureuse)
Ici, comme dans Cherguiya, Ousmane Moussa Diagana chante son pays, notre pays. A sa manière.
Au moment où il composait ses plus belles odes, le pays était divisé par le fait d’une volonté politique qui visait à détruire ses fondements. Meurtries, les âmes n’avaient pas forcément le loisir de savourer ce qu’il y avait de beau en nous, de cultiver ce qu’il y avait de riche en nous : la diversité. Ousmane Moussa Diagana l’a fait. Décidément, il était bien plus grand que nous.
Cherguiya sonnera encore et toujours comme un hymne à cette diversité qui prend ses racines quelque part dans le Hodh, l’ancien Wagadu, et qui irrigue de sa sève le pays tout entier.

 Nattes piquetées de perles 
Et de blancs osselets 
Seins pleins 
Terre de chair brune 
Aux épis indolents 
Drapé désinvolte 
D’un pagne-cola 
Sur le nœud coulant 
D’un regard blême 
Tempête d’hivernage.

…Le poète Ousmane Moussa Diagana ne pouvait pas rester parmi nous… Ses ailes de géant l’empêchaient de se mouvoir dans un pays qui n’arrivait pas à retrouver la faculté de se tenir debout, ensuite de marcher, en tenant les mains, douces et colorées, de ses enfants, de tous ses enfants… Il est parti.