Pages

lundi 29 août 2011

La chasse aux sorcières


Il y a beaucoup de choses qui ne plaisent pas dans la version libyenne des «printemps arabes». D’abord le fait qu’au lieu d’une révolution, nous avons assisté à une rébellion armée qui prend l’allure d’une guerre civile savamment occultée par les médias qui sont pour la plupart rangés du côté des «parrains».
Il y a ensuite cette trop grande présence de l’élément salafiste jihadiste qui partage le théâtre des opérations avec une direction politique dont les principales figures furent les principaux collaborateurs de Kadhafi.
Il y a le parrainage direct de Bernard Henry Lévi – le dernier des philosophes français de notre temps. Grand sioniste devant l’Eternel, militant invétéré du «choc des civilisations», idéologue de l’islamophobie qui a alimenté les extrêmes en Occident, BHL ne peut pas vouloir du bien pour les Arabes, encore moins pour les Musulmans.
Mais il y a surtout cette atmosphère de haine viscérale entretenue comme essence de la «révolution»/rébellion. Les heures de discussions avec ceux de Benghazi m’avaient donné l’impression qu’il n’y avait d’autre programme que la haine de Kadhafi, une haine largement expliquée par le passif du dirigeant. Cela m’a rappelé qu’on disait que l’idéologie prônée par Kadhafi se réduisait à une photo, celle du Guide. Qu’il n’y avait rien derrière comme programme. Ce culte de la personnalité qui a mené la Libye là où elle est aujourd’hui a son pendant : la haine cultivée par les ennemis de l’homme. C’est ce qui explique tout le bruit fait autour de l’exil de la famille du dictateur en Algérie. C’est ce qui explique aussi les tueries aveugles à la porte d’Al Aziziya et dans Tripoli en général. Le déchainement du degré zéro de l’humanité à l’encontre des noirs africains assimilés à des mercenaires. En fait tout ce qui touche à Kadhafi fait l’objet de sauvage vengeance.
Oui, la femme de Mouammar Kadhafi, Safia, sa fille Aicha et ses fils Hannibal et Mohammed, se sont réfugiés en Algérie. Avec l’assentiment des autorités bien sûr. Le contraire aurait surpris. "Nous nous sommes engagés à accorder un procès équitable à tous ces criminels, et nous considérons par conséquent qu'il s'agit d'un acte d'agression", a réagi Mahmoud Chamman, porte-parole du Conseil national de transition. "Nous conseillons à tous de ne pas protéger Kadhafi et ses fils. Nous les traquerons où qu'ils se trouvent et les arrêterons", a-t-il ajouté. Trop de haine… trop pour construire l’avenir… assez pour désespérer du futur proche.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire