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lundi 30 mars 2015

La quatrième guerre du Golfe

Si l’on compte la guerre Iran-Irak (1980-88) qui a fait entre 500.000 et 1.200.000 victimes, la guerre du Koweït (1990-91) qui a vu une coalition de 34 pays se liguer pour bouter les forces irakiennes hors du Koweït et la guerre contre l’Irak menée par les Etats-Unis et le Royaume Uni en avril 2003 et qui n’en finit pas de ne pas finir, on peut considérer que la guerre menée au Yémen par une coalition de pays arabes est la quatrième guerre du Golfe. Elle n’est en fait que le prolongement des guerres américaines, par pays arabes interposés.
Mais cette guerre risque de radicaliser les positionnements et les clivages dans la région. Elle sonne le glas des systèmes dirigeants jusqu’à présent les monarchies de cette région riche en ressources naturelles. Elle est déjà une matérialisation des clivages confessionnelles entre Sunnites et Chiites dans la région. Un affrontement voulu depuis longtemps par Israël et ses alliés américains. Mais au-delà des raisons invoquées ici et là, au-delà des analyses, il y a une situation contradictoire à relever immédiatement.
En Irak, les Américains apportent leur soutien militaire et politique aux forces régulières appuyées par les milices chiites contre l’Etat Islamique qui a fait main basse sur une grande partie du territoire irakien. Au Yémen, la coalition et ses alliés américains, combattent des milices, chiites pour l’essentiel, qui se battent contre les groupes sunnites jihadistes comme Al Qaeda et Da’esh. Comment expliquer cette contradiction ?
En fait dans le jeu des puissances régionales, chaque cas est considéré à part, quitte à l’intégrer plus tard dans une stratégie globale visant à affaiblir tel ou tel camp. Dans le cas du Yémen, l’Iran est le premier visé. Il s’agit d’affaiblir ce pays au moment où il entame le dernier round des négociations avec l’Occident à propos de ses projets nucléaires. Lui créer un foyer de tension au Yémen, c’est le divertir un peu afin de le déséquilibrer.
Si le dessein américain est réalisé, on peut entrevoir une nouvelle Fitna qui opposerait Chiites et Sunnites cette fois-ci dans une guerre qui sera longue et destructrice pour tous. Autour de l’Arabie Saoudite, se constitue déjà une coalition de pays sunnites et en face, il faut s’attendre à un front chiite dirigé nécessairement par l’Iran. Pour aboutir à une situation où le bourreau et la victime font la profession de foi qui fait de nous des Musulmans : laa ilaaha illa Allah, Muhammad rassoul Allah (il n’y a de Dieu qu’Allah, Mohammad est l’Envoyé d’Allah). Qui doit en supporter les conséquences ? qui en portera la responsabilité ?
Quelques jours de bombardements contre le Yémen, des dizaines de victimes civils, des destructions, des avions abattus… qui y gagne ? Pas les peuples dont les forces sont engagées en tout cas. Pas les Arabes, pas les Musulmans.
J’ai demandé à un faqih de chez nous, quelle position prendre face à cette guerre ? Il m’a dit que du temps des premières conquêtes musulmanes, un naçrani, voyant que l’un des compagnons avait déjà son épée dirigée vers sa tête, prononça la profession de foi des Musulmans : «laa ilaaha illa Allah, Muhammad rassoul Allah». Et le Prophète d’intimer l’ordre à son disciple de s’abstenir de faire du mal à cet homme qui vient de faire cette profession de foi. Le compagnon de protester : «Il le dit pour être épargné, ce n’est vrai en lui…» Le Prophète (PSL) de répliquer : «as-tu cherché dans son âme pour savoir s’il s’agit d’un acte sincère ?», d’expliquer ensuite combien la profession de foi protégeait son auteur, combien il était grave pour un Musulman de s’en prendre à un autre Musulman, combien il était dangereux pour le croyant de décider de tuer…
Le Faqih devait conclure, sans doute en interpellant le journaliste : «il faut s’abstenir de participer à l’assassinat d’un Musulman, même par un mot justificatif ou provocateur, sinon c’est le châtiment divin éternel qui vous poursuivra…»

Il est clair que le contrôle de Bab-al-Mandab est l’élément moteur de cette guerre, que le leadership dans la région en est l’enjeu principal, que le monde arabe en est la victime, qu’Israël en est le bénéficiaire… Alors ? 

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