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mardi 31 mars 2015

Les atouts du Maire de Zouérate

La lettre remise par les délégués des travailleurs grévistes au Maire de Zouérate, Cheikh Ould Baya peut bien constituer la base d’un règlement de la crise qui secoue la région depuis plus de deux mois. En effet, ce qui a été publié aujourd’hui, est une proposition faite par les travailleurs et qui doit être transmise à la direction de la SNIM en vue d’aboutir à un accord permettant le retour de tous les travailleurs à leurs postes. Il s’agit d’une sollicitation de la part des délégués qui vise à impliquer le Maire de la ville dans la recherche d’une solution.
Cheikh Ould Baya s’est tenu à l’écart de la crise face à laquelle pourtant il ne pouvait rester indifférent. Rien que parce que la ville vit de la SNIM et des entrées des travailleurs. Toute perturbation est préjudiciable au circuit économique du microcosme de Zouérate. D’autant plus que les travailleurs et leurs familles sont pour la plupart des soutiens du Maire. Il ne peut donc les laisser vivre une telle crise sans tenter quelque chose.
Il y eut une première tentative quand les délégués avaient demandé à rencontrer le Maire pour lui demander d’intercéder et pour lui faire entendre leurs doléances. L’interférence d’une délégation prétendument envoyé par la Présidence allait détourner l’attention pour une bonne semaine. Il fallut attendre la déclaration officielle du Président de la République indiquant qu’il n’avait jamais délégué personne pour reprendre le chemin normal de la solution de crise. Celui qui passe par le Maire de la ville.
Fin négociateur, Cheikh Ould Baya saura trouver les arguments auprès des uns et des autres pour rapprocher les points de vue. En gros, dans leur lettre, les délégués demandent un accord autour du retour sans condition au travail de tous les grévistes et donc l’abandon de toutes les mesures prises à leur encontre ; le paiement des deux mois passés et celui d’avril si la production dépasse le million de tonnes ; et enfin l’ouverture d’un dialogue entre l’entreprise et les travailleurs dans les quarante-heures qui suivent  la reprise de travail. C’est l’essentiel des termes d’accord proposés par les délégués. Ce ne sera pas facile de convaincre la direction de l’entreprise d’absoudre tous les auteurs d’agitation, mais Cheikh Ould Baya a la ressource pour ramener tout le monde vers un consensus. Seulement il doit faire face à l’éventualité d’interférences externes et de pressions médiatiques qui seront exercées sur les délégués pour les pousser à la rupture. Il s’agira pour lui d’éviter que le rôle de tels déterminants extérieurs ne soit décisif.
En attendant, le Maire de Zouérate a associé dans sa démarche l’ensemble de ce qu’il considère être «des partenaires» : tous les délégués régionaux des syndicats, mais aussi les représentants des partis politiques au niveau de Zouérate (APP, Tawassoul, AJD/MR, Wiam…). Ce qui lui donne une chance de plus d’être au moins dans la position du facilitateur intéressé seulement par la cohésion, l’harmonie et la normalisation de la vie dans sa commune. Il lui sera facile demain, si les délégués se radicalisent, de rendre compte du déroulement des négociations avec témoins à l’appui. Le hic étant les fuites organisées par voie de presse à partir de certaine pôles impliqués dans la négociation. Nous n’avons peut-être pas idée de ce que les fuites et les mauvaises (ou fausses) interprétations peuvent compromettre un processus de dialogue.
Prenons comme exemple le processus de dialogue qui s’ouvre formellement jeudi prochain (02/04), la feuille de route qui doit être remise par le FNDU à la Majorité, a déjà été publiée par la presse depuis des semaines. La primeur a été donnée au grand public avant même que le document ne soit remis à qui de droit. Les médias sont effectivement un outil, un élément et une arme qui peuvent être utilisés pour torpiller un processus donné. En déballant sur la place publique ce qui devait rester au niveau des négociateurs… responsables. A qui la faute ?

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