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vendredi 12 décembre 2014

Droits de l’Homme encore

La commémoration de la journée des Droits de l’Homme arrive au moment où le débat sur l’esclavage fait rage, occultant du coup la mise en œuvre de la feuille de route élaborée par les autorités en collaboration avec l’Organisation des Nations Unies.  Au moment aussi où des militants de la cause sont en prison attendant leur procès dont la date n’a pas encore été fixée.
Mais la commémoration arrive surtout au moment où le dossier de la torture éclabousse l’Amérique et remet en cause les valeurs cardinales qui ont toujours servi à la première puissance du monde pour justifier ses expéditions guerrières et sa volonté impériale.
En effet, le rapport du Congrès sur l’exercice systématique de la torture met en lumière les dérives de la CIA en la matière. La CIA qui a trouvé des alliés dans le monde et qui a su impliquer des Etats, des gouvernements dans ses pratiques abjectes. Parmi ces pays, la Mauritanie…
Nous oublions souvent que notre pays a permis à des éléments du FBI, et certainement à des agents de la CIA, de venir à Nouakchott interroger, torturer des prisonniers comme Mohamedou Ould Sellahi qui se trouve encore dans la prison de Guantanamo. Au lendemain de la catastrophe du Word Trade Center, le gouvernement mauritanien a cherché par tous les moyens à s’impliquer dans «la guerre contre le terrorisme» menée par George W. Bush.
Quand l’arrestation des Ulémas et la mise en accusation de quelques pans de la société – notamment les commerçants de mauritaniens de Gambie – n’a pas fonctionné, les services de sécurité ont eu la géniale idée de «servir» quelques enfants de la patrie aux enquêteurs de la police et de l’espionnage américain. Après un temps d’hésitation, les Américains ont dû céder devant l’insistance de la direction de la sûreté mauritanienne et de ses directions spécialisées de l’époque.
Nous avons besoin de savoir aujourd’hui, comment Mohamedou Ould Sellahi a été livré aux Américains et sous quel prétexte ? Qui a convaincu les Américains de le prendre après avoir hésité un premier temps à le faire ? Qui a suggéré et permis l’envoi d’enquêteurs américains à Nouakchott ? Qui a autorisé l’utilisation de la torture contre Ould Sellahi ? Qui a accompagné, «aidé» les Américains à arracher des aveux à Ould Sellahi ? Pourquoi a-t-il été arrêté alors que les services canadiens l’avaient déjà blanchi ? Pourquoi son pays, la Mauritanie, a convaincu la partie américaine de «l’utilité» pour eux d’une telle pièce ?

Les acteurs de cet affreux épisode sont toujours là. Ils parlent beaucoup et peuvent nous aider à comprendre. Alors pourquoi ne pas nous expliquer ?

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