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mercredi 30 octobre 2013

AQMI, la nouvelle énergie

Quoi qu’en disent les autorités françaises et quoi qu’on appelle ce qui a été versé – «rançon», «compensation», «contrepartie»… -, il est sûr qu’une grosse somme a été versée à ceux qui détenaient les quatre otages. 20-25 millions d’euros peut être une fourchette indicative quand on sait que pour libérer les trois premiers otages (un togolais, un malgache et l’épouse Larribe), les sociétés françaises ont dû verser plus de dix millions d’euros.
Sitôt empochée, la somme va servir d’abord à arroser les intermédiaires, puis à huiler les réseaux de la clientèle tribale des groupes terroristes  et enfin à s’acheter de nouvelles armes. Il suffira pour eux de se rendre dans le Sud libyen pour trouver l’armement le plus sophistiqué pour faire face aux forces de la MINUSMA et celles françaises encore déployées dans le Nord malien, sinon à frapper ailleurs pour étendre le conflit aux pays de la région.
Alors que la France accueillait triomphalement ses ex-otages, les Jihadistes attaquaient Gao à coups de mortier. Ils savent qu’avec une opération spectaculaire, ils peuvent reprendre du poil de la bête et recommencer à recruter parmi la jeunesse désemparée de l’espace sahélo-saharien.
La libération des otages est certes un évènement heureux pour tout le monde, surtout pour les Français qui récupèrent ainsi quelques-uns des leurs, mais en terme de victoire, il faut la mettre à l’actif des terroristes parce qu’ils auront vaincu les réticences françaises quant au paiement des rançons. Ils auront prouvé par la même occasion leur capacité à imposer leur diktat au pays qui continue de les bombarder. Avec, en prime, la préservation de la santé des otages malgré la situation difficile créée par la guerre dans le Nord malien. Sur tous les plans, ce sont les ravisseurs, les criminels de guerre qui en profitent.
Le plus grave est que la somme versée va servir immédiatement à équiper des unités combattantes qui ont pour objectif de bouter les Français hors de la région. D’où le refus de reconnaitre que de l’argent a été versé aux ravisseurs. Quitte à recourir à des formules ridicules comme «aucun argent public» n’a été versé. A supposer que l’argent versé appartienne à Vinci et Areva, les deux sociétés françaises pour lesquelles travaillaient les ex-otages, en quoi cela change-t-il les donnes ? Ces sociétés ne sont-elles pas «publiques», au sens de propriété «publique» ?
Querelle de mots qui aura des conséquences politiques certaines sur la politique intérieure française dans les jours qui viennent.
Au niveau de la zone Afrique, particulièrement Sahel et Sahara, les pays ne doivent pas laisser passer cette reculade française sur un principe que tous voulaient imposer au monde. L’Algérie et la Mauritanie en premier ont intérêt à se prononcer sur la question. Tout versement de rançon est dangereux rien que parce qu’il incite à continuer sur cette voie et qu’il entretient cette «économie de la traite des personnes» qu’est la prise d’otages. 

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