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samedi 4 mai 2013

La presse dans tous ses états


La célébration de la journée internationale de la liberté de presse a pris une nouvelle dynamique cette année avec une commémoration s’étalant sur une semaine et impliquant toutes les associations et organisations de presse. Et il faut dire qu’elles sont nombreuses…
C’est une manière pour le nouveau ministre de ne pas avoir à arbitrer les profondes divergences qui minent ces regroupements et syndicats, de ne pas prendre position et de ne pas voir s’imposer à lui une organisation plutôt qu’une autre.
Oui, la Mauritanie a passé un cap important, celui de l’ancrage de la liberté d’expression. «Excessive», commencent à dire les détracteurs de la liberté et ceux du régime qui le rendent responsable de toutes les dérives dans tous les domaines. Je crois d’ailleurs que l’un des objectifs non avoués des excès de langage, excès qui ont mené à une généralisation de la culture du faux, de l’approximation et de la diffamation, le but est bien de mobiliser contre la liberté d’expression en mettant en exergue ce qu’elle occasionne de mal.
Autre aspect de cette guerre «sournoise» visant à dénaturer et à défigurer la démocratie en général, la liberté d’expression en particulier, c’est la banalisation. Il s’agit de noyer le plus utile, le plus crédible, le plus efficient dans une mare nauséabonde où se meuvent quelques bestioles mal foutues, malfamés.
Une expérience lancée dans les années 90 avec El Bouchra, la Vérité et d’autres titres dédiés à décrédibiliser l’existant qui s’était constitué autour d’Al Bayane (plus tard Le Calame), Mauritanie-Nouvelle, Akhbar el Ousbou’, l’Eveil… Cela a pris l’aspect d’une campagne de dénigrement contre la presse «qui gène» (déjà). Toutes les attaques étaient permises, toutes les accusations, les insultes… L’objectif étant de jeter l’opprobre et de salir. Dans un deuxième temps, il fallait polluer l’espace médiatique en prenant la parole et en exigeant «sa» part de légitimité.
Toutes ces entreprises ont finalement échoué malgré tous les moyens financiers et matériels qui ont été mis à la disposition des agents chargés de l’action de sape. Les années 2000 vont connaitre un recul du phénomène, les autorités lui préférant finalement l’utilisation abusive de l’article 11 (censures et saisies) pour mettre au pas une presse fragilisée par un désintérêt total de la part de l’opinion publique. Si bien que quand intervient le coup d’Etat du 3 août 2005, la presse est le seul élément resté debout devant la dictature. Quelques titres avaient pu résister aux multitudes vicissitudes du processus démocratique d’alors.
Les avancées qui vont suivre, avec notamment la mise en place d’une commission de réforme du secteur, n’étaient pas des demandes du personnel politique. La commission, ses travaux (libéralisation, révision de la loi pour permettre le passage à un régime de régulation, la création de la HAPA…) et la mise en œuvre de ses conclusions ont été plus ou moins aboutis grâce à la conjugaison des efforts de Sidi Mohamed Ould Boubacar, Premier ministre de l’époque de la transition et des acteurs du secteur.
L’avènement du régime civil en mars 2007, surtout l’arrivée en son sein de certains partis de l’ancienne opposition, va signifier quelques reculs significatifs : fermeture de la «Radio citoyenne» qui était un véritable espace de liberté et d’ouverture, arrêt de toutes les émissions de débats sur TVM et Radio Mauritanie, gel de la loi sur la libéralisation de l’audiovisuel… Puis vint la crise politique qui allait occulter pour un bon moment tout ce qui concerne la presse et la liberté d’expression. A partir de 2009, le processus de libéralisation devait reprendre. Avec toutes ces lois sur la libéralisation de l’audiovisuel, la presse électronique, l’aide publique à la presse… et dont la plus importante reste la dépénalisation du délit de presse.
Nous en sommes là quand survient cette célébration au cours de laquelle, les efforts des uns et des autres pour donner une signification à cette fête en la traduisant par le renouvellement de quelques revendications dont une réforme de la HAPA pour en faire un organe constitutionnel composé de professionnels (ou semi-professionnels), une révision de la commission chargée de l’aide publique…
Une célébration que vous devez avoir suivie sur les chaines de télévisions et radios nationales… vous n’avez donc pas besoin qu’on vous dise que toutes les raisons d’être dégoûtés par la presse étaient là. N’est-ce pas ce qui est recherché ? 

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