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mercredi 20 juin 2012

Feu vert à la guerre


La décision du Conseil de Sécurité d’ouvrir la voie à une intervention militaire de la CEDEAO sous le couvert de l’Union africaine dans le Nord du Mali. On croit savoir que l’option militaire est sur le point d’être mise en œuvre. Comment ?
On ne sait pas encore, mais les forces en attente de la CEDEAO pourraient être mobilisées, avec un appui financier, logistique et «technologique» de la France et des Etats-Unis. Il serait exclu pour ces pays d’intervenir directement. Tandis que le Mali pourrait accepter de faire de ses forces armées le fer de lance de la reconquête de cette partie de son territoire. Est-ce suffisant ?
Absolument pas. L’analyse des forces en présence et de celles qui pourraient être mises à contribution, indique que le rapport de force est largement favorable aux factions armées qui ont pris possession du Nord malien. Armements, expérience du terrain, ancrage social, détermination, adaptation aux méthodes non conventionnelles… tout est en faveur de ces factions. Qui va-t-on combattre ?
Officiellement, seuls les groupes armés affiliés à Al Qaeda au Maghreb Islamique (AQMI) dérangent. «On» traite le MNLA comme une «donne normale», contre laquelle il ne faut pas diriger les armes. Tandis que le mouvement Ançar Eddine cherche à se frayer un passage sur la voie de la normalisation à travers ses relations avec le Burkina Faso, médiateur de la CEDEAO dans le conflit.
C’est le sens de la visite effectuée par une délégation du mouvement à Ouagadougou. On parle d’une autre délégation qui pourrait être dépêchée à Nouakchott. Encore qu’on se demande comment une délégation de ce mouvement peut venir à Nouakchott, alors que la Mauritanie, première cible de AQMI par le passé, a souffert des accointances et de l’aide apportée à son ennemi par Ançar Eddine et son chef Iyad Ag Aghali. Ce qui amène aussi à se poser la question sur le rôle de ce mouvement dans les différentes prises d’otages, les Espagnols mais surtout les deux Français enlevés à Hombori au Mali. Le chef du mouvement ne fut-il pas le négociateur principal dans toutes les prises d’otages ayant occasionné des marchandages ? N’est-ce pas par lui que transitaient argent, otages libérés, ordres donnés ? De là à établir une complicité, il y a un pas, mais on peut dire qu’il y a de fortes présomptions de complicité confirmées par l’alliance aujourd’hui avérée avec ceux de AQMI, considérés «terroristes» par la majorité du Monde, «frères idéologiques» par Ançar Eddine.
Il y a ceux qui veulent dissocier les mouvements «rebelles du Nord» des «combattants étrangers», en donnant aux premiers une légitimité. Et en comptant les «rebelles», ils citent : le MNLA (essentiellement touareg), le FNLA (essentiellement arabe), Ançar Eddine (salafistes jihadistes touaregs) et le MUJAO (salafistes jihadistes arabes). Avec ceux-là, ils estiment le dialogue possible et même nécessaire. Alors que tout indique le contraire.
En attendant, l’absence dans le dispositif d’un rôle pour les pays du champ et principalement la Mauritanie et l’Algérie, compromet sérieusement toute entreprise guerrière. Sans les deux pays, ensembles, rien ne peut réussir militairement.
A bon entendeur…

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