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mardi 19 juin 2012

Du Gouvernement d’union nationale


C’est une mode que de parler de l’utilité de la mise en place d’un Gouvernement d’union nationale. Sans discernement, on veut bien croire que ce sera la solution de tous nos problèmes. Alors que nous savons que, la seule expérience que nous avons eue d’un tel montage, est celle de 2009. Et qu’elle devrait nous éloigner de revendiquer ce schéma.
Au lendemain de l’Accord de Dakar, on a vu les trois pôles politiques siéger au sein d’un même gouvernement. On va taire toutes les dissensions qui ont failli emporter l’expérience. Mais on ne peut passer sous silence le résultat : les pôles n’ont pas reconnu le travail qu’ils ont pourtant conçu et mis en pratique ensemble.
A peine avons-nous cru sortir d’une crise parce que nous avons été ensembles pour gérer l’étape cruciale de la présidentielle que nous sommes entrés dans une autre, plus insidieuse, plus sourde et plus grave parce que plus difficile à traiter. La crise de légitimité de ce qui a été fait par un gouvernement d’union nationale dure depuis. Ça, pour l’expérience que nous en avons.
Pour le principe aussi, la mise en place d’un gouvernement d’union comporte de gros risques dans un pays comme le nôtre.
D’abord pour l’harmonisation du travail gouvernemental. On a vu comment se comportaient les ministres APP dans le premier gouvernement de l’ère Sidi Ould Cheikh Abdallahi, puis ceux de Tawaçoul et de l’UFP : la loyauté et la solidarité allaient aux partis et à leurs militants avant de servir l’action du gouvernement. Ce qui avait provoqué quelques «insoumissions» de la part des ministres vis-à-vis du premier d’entre eux (PM).
Ensuite, et il faut le répéter, nous avons l’exemple malien qu’il faut méditer. Qu’est-ce qui a le plus accentué la «débâcle démocratique» dans ce pays qui avait connu une belle expérience dès 1991 ? C’est à mon avis la constitution d’un gouvernement d’union nationale au lendemain du retour au pouvoir de Amadou Toumané Touré. Il a ainsi tué l’opposition au nom de la recherche d’un consensus national. Plus de contrepouvoir pour quelques années. ATT va trouver dans la recherche du consensus la justification d’une fuite en avant constante. Il refusera d’affronter les problèmes posés à son pays. Le résultat est celui que nous voyons. Aucune expérience de gouvernement d’union nationale ne peut nous servir de modèle, ne peut donc nous emballer.
Il y a lieu, il est vrai, d’ouvrir le jeu, de faire sentir aux différents acteurs qu’ils peuvent – qu’ils doivent – concevoir une convergence leur permettant, tout en se reconnaissant mutuellement, d’agir de concert pour améliorer les conditions de ce jeu, mais aussi les conditions de vie en général : raffermir la démocratie et renforcer les structures de l’Etat. L’on comprend aisément que le passé des Mauritaniens leur fait craindre la situation de «tributaires» (etzangui). Qu’ils ne veulent pas rester à l’écart. On sait que la relation avec la politique a été conçue comme une démarche commerçante. En ce sens que la politique rapporte sans demander des compétences particulières. Tout comme la proximité ou, mieux, l’exercice du pouvoir. Et c’est, je pense, le mal profond du pays.
Où est-ce que nous en sommes ? Les relations entre les différents acteurs sont exécrables. Le rejet est la caractéristique première. La priorité n’est pas à les mettre côte à côte dans un gouvernement, mais de les rapprocher et de les amener à se reconnaitre les uns les autres. De les amener à réfléchir à la situation du pays et comme disent les Américains, à se poser la question de savoir ce qu’ils peuvent donner à la Mauritanie et non seulement ce qu’elle peut leur offrir. Surtout en ce moment où les menaces pèsent lourdement sur toute la région.
Dernière trouvaille des Américains : ils disent qu’il faut être prudent quand on demande, parce qu’on peut avoir ce qu’on demande. Quoi faire avec ?

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