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lundi 11 juillet 2011

Alain Juppé à Nouakchott

Toujours cette image de l’homme accompli, de l’intellectuel carré, du politique plus ou moins réussi et du président raté. Alain Juppé, le ministre français des affaires étrangères, était à Nouakchott ce lundi, en fait depuis dimanche soir. Il a déclaré avoir longuement discuté avec le Président de la République, Mohamed Ould Abdel Aziz, avant «un dîner extrêmement chaleureux». "Je suis sensible à l'accueil qui m'a été réservé ici", a-t-il dit, expliquant que "les relations entre la France et la Mauritanie sont excellentes. Sur le plan de la coopération bilatérale, nous apportons des projets qui correspondent aux priorités du Gouvernement mauritanien et nous allons évidemment continuer dans cette direction". Il a précisé que les discussions ont porté "principalement" sur "deux sujets qui me tiennent à cœur" : la lutte contre le terrorisme et plus précisément contre le terrorisme d'Al Qaeda au Maghreb islamique (AQMI), et la situation en Libye. 
"Nous partageons totalement l'action menée par le gouvernement mauritanien avec beaucoup de courage et de détermination contre le terrorisme", a-t-il déclaré. La France est elle-même "menacée par les terroristes. Donc c'est à la fois par solidarité et pour défendre nos intérêts que nous souhaitons que cette action contre le terrorisme se développe". Et d'ajouter : "la Mauritanie fait preuve d'une grande détermination politique et militaire. Nous saluons ce courage et nous appelons l'ensemble des pays de la région à intensifier la coopération puisque la réponse doit être régionale face à ce défi".
Sur ce deuxième point, le ministre français a indiqué avoir été "heureux de constater" que les "vues sont totalement identiques sur la suite à donner maintenant à ce conflit. Comme le Président Mohamed Ould Abdel Aziz l'a déclaré, comme nous le disions depuis longtemps, Kadhafi a perdu toute légitimité et il n'y a pas de solution s'il reste au pouvoir. Il faut donc qu'il s'engage à s'écarter du pouvoir et, à partir de là, le processus de négociations politiques peut s'engager à travers une grande convention nationale inclusive qui associe le Conseil national de transition mais aussi les autorités traditionnelles, les chefs de tribus et tous les responsables de Tripoli qui ont compris que Kadhafi n'a pas d'avenir". A partir de là, a-t-il ajouté, il faudra "une feuille de route permettant de bâtir, à l'initiative des Libyens eux-mêmes bien entendu, la Libye démocratique de demain".
le ministre français des affaires étrangères a estimé que "l'Union africaine peut jouer un rôle tout à fait déterminant pour obtenir ce résultat. Je voudrais rappeler que nous avons voulu, dès le départ, que l'UA s'associe à notre travail. Nous l'avons invitée au Groupe de contact, M. Ping (président de la Commission de l'UA, ndlr) a été présent à plusieurs reprises". Il a indiqué que la prochaine réunion de ce Groupe se tiendra vendredi prochain (15 juillet) à Istanbul et "là encore, nous souhaitons que l'UA se présente et qu'on puisse travailler, en étroite liaison avec elle, sur cette solution politique". 
Et de souligner que "l'UA, même si elle n'a pas officiellement appelé au départ de Kadhafi, travaille dans cette direction", avant d'émettre le souhait que "la réunion du Groupe de contact qui suivra celle d'Istanbul puisse avoir lieu dans un pays africain pour bien marquer l'implication de l'Union africaine dans ce processus".
Répondant à une question sur l'absence d'action régionale concrète face au terrorisme, le ministre français a dit : "je l'ai déjà dit, la Mauritanie est exemplaire, elle s'est engagée avec beaucoup de détermination, beaucoup d'efficacité aussi ; son dispositif militaire est efficace et courageux. Les derniers combats qui ont eu lieu ont été la démonstration de ce courage. Nous sommes aux côtés de la Mauritanie dans ce combat et nous souhaitons, bien entendu, que les autres pays de la région puissent s'engager également et qu'une forte coordination régionale puisse se développer".
S'agissant d'une éventuelle évolution de l'aide française à la Mauritanie en matière de lutte contre le terrorisme, Alain Juppé a signalé que "la France est disponible bien entendu. D'abord, en matière de renseignements, nous pouvons apporter notre aide. Nous ne sommes pas les seuls d'ailleurs, les Américains le font également. Nous pouvons aussi aider en matière de formation, mais nous n'avons pas, bien sûr, l'intention de déployer des dispositifs à sol".
A une question sur les déclarations de l'opposition mauritanienne qualifiant l'action de l'Armée contre le terrorisme de "guerre par procuration au nom de la France", le chef de la diplomatie française a dit : "nous souhaitons que l'opposition soit entendue, que les réformes avancent, que la démocratie progresse, nous faisons confiance aux autorités mauritaniennes pour aller dans cette direction. Pour le reste, la Mauritanie défend ses propres intérêts, pas ceux de la France".

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