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dimanche 2 août 2015

Comment vendre le riz mauritanien ?

Une production record ou presque pour la contre-saison de cette année : 80.000 tonnes de paddy sont attendues par les autorités. Alors que déjà sont stockés dans les magasins de la Société nationale d’import-export (SONIMEX) près de 40.000 tonnes de riz prêt à la consommation. Un riz de qualité qu’on cherche aujourd’hui à écouler. Mais comment faire face au riz importé ?
Les autorités semblent avoir opté pour la multiplication des barrières devant l’importation de cette denrée de première nécessité. Lourdes taxes douanières et accentuation des contrôles devraient amener les commerçants qui importent à relever les prix du riz étranger de manière à le mettre hors de portée du consommateur mauritanien qui devra alors se rabattre sur son propre produit. La fédération de commerce et les principaux importateurs sont déjà avertis par qui de droit.
Mais ces autorités oublient l’autre levier qui devrait être actionné pour provoquer un engouement réel et définitif chez les Mauritaniens pour leur riz : celui du contrôle de la qualité et du prix qui doit défier toute concurrence.
L’interférence des usiniers et leur capacité à passer outre toutes les règles de contrôle de la qualité, provoquent des pressions énormes sur l’administration à différents niveaux. C’est ici le Comité interministériel et là la SONIMEX (principal acheteur et premier vendeur) qui plient devant les manœuvres, parfois dilatoires, des usiniers décortiqueurs qui vivent sur les vrais producteurs. Sans avoir à supporter le coût de production, ils ont imposé un système dont ils sont les premiers bénéficiaires dans la mesure où les plus importantes subventions vont à eux.
Autre aspect à travailler : le maintien du niveau des prix à la consommation au plus bas de leur niveau. Environ 20% de la structure actuelle des comptes d’exploitation à la tonne du paddy vont sans raison dans les comptes des usiniers, alors que les producteurs élèvent de plus en plus la voix pour dénoncer cette situation. Ils estiment que si les comptes d’exploitation sont revus pour mieux apprécier les coûts de production, les autorités pourront alors acheter le riz décortiqué beaucoup moins cher, «au moins 20% de moins», affirme l’un d’eux. Il serait alors question de le vendre aux commerçants aux environs de 130 UM le kilogramme au lieu des 200 envisagés à présent. Plus le prix d’achat est élevé, plus le prix le sera pour le consommateur. Un contrôle efficient des structures de prix permettrait aux autorités d’éviter de subir le diktat des usiniers.

En attendant, une véritable bataille est engagée par le gouvernement par la voie de la SONIMEX qui multiplie les contacts pour permettre un engagement réel des commerçants dans la politique du «consommer mauritanien» qui reste à lancer. La question principale reste cependant : le consommateur va-t-il suivre ?

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