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samedi 6 juin 2015

D’El Melzem à Paris

Ce matin, à Tiguint. La foule est immense pour accueillir le Président Mohamed Ould Abdel Aziz en tournée dans le Trarza. Les opérateurs politiques, tous pourtant appartenant au même parti (UPR) et soutenant le même dirigeant, ces opérateurs n’arrivent pas à manifester ensemble. Trois sites distincts qui expriment la division. Quelques instants avant l’arrivée du Président, le secrétaire général et le fédéral régional de l’Union pour la République avaient fait le tour des sites sans, visiblement, être dérangés par ces divisions. Signe de l’incapacité de l’appareil politique qui ne peut même pas imposer une unité de façade. De là à croire qu’il y a là quelque volonté de voir ces divisions s’intensifier, il n’y a qu’un pas.
Viennent ensuite toutes agglomérations qui tiennent elles aussi à marquer leur existence au passage du Président de la République. Chaque agglomération correspond à un espace tribal, donc chaque manifestation est celle d’une tribu donnée. Cette atomisation dans l’accueil devient alors le premier facteur de «la sédentarisation abusive» (teqarry al ‘ashwa’i) souvent dénoncée par les Autorités notamment le Président lui-même. Sur la route menant de Tiguint à Mederdra – 50 kilomètres -, plus d’une vingtaine d’arrêts imposés au Président. Comme si chaque ensemble voulait exprimer individuellement son soutien. Derrière ces accueils se profilent souvent des doléances liées pour certains aux nominations de «cadres de la tribu». Dès Rosso, ces doléances se sont exprimées à travers les interventions lors de la réunion des cadres qui a vu certains remarquer le manque de représentativité de la région dans les hauts cercles de l’administration. Ce à quoi le Président avait répondu à peu près en ces termes : «C’est une revendication qui revient partout. Mais vous n’avez pas vous, du Trarza, car vous êtes bien représentés. Vous avez le Président de l’Assemblée nationale Mohamed Ould Boilil, vous avez des ministres…» Deux oublis majeurs : si le premier gouvernement d’après 2009 comptait sept ministres originaires du Trarza, l’actuel n’en compte qu’un seul ; le deuxième oubli, c’est celui du Président du Sénat qui est lui aussi du Trarza, pourtant une grande partie des intervenants n’ont pas manqué de louer ses actions dans la région notamment à Rosso…
Je quittais la région de Mederdra alors que les populations s’activaient partout et essayaient de remporter la palme de la meilleure réception. Ce qui supposait de grands moyens financiers déployés, une mobilisation humaine inhabituelle et un déploiement extraordinaire. Cette ferveur, on l’a vue ailleurs, dans les Hodhs, en Assaba, au Gorgol, au Guidimakha, au Tiris Zemmour, au Brakna et maintenant au Trarza. Elle sera la même au Tagant, en Adrar, en Inchiri… Reste la question de savoir ce qui se cache derrière ces bains de foule de plus en plus sécurisés et surtout : quoi après ?

Sur la route pour Varsovie, Paris est la première étape. Contact avec un autre monde.

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