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vendredi 16 janvier 2015

Nominations, dénominations

L’affaire de la Maurisbank a-t-elle des incidences qui échappent encore au public (et aux journalistes qui ne lui accordent aucun intérêt) ? L’on soupçonnait qu’elle est derrière le limogeage du Gouverneur de la BCM. L’on s’attendait à ce qu’elle touche d’autres hauts responsables dont le ministre des finances, en première ligne aussi dans d’autres affaires de malversations dans son département.
Voilà que c’est d’abord le Directeur général de la Caisse de dépôts et de développement (CDD), Ahmed Ould Moulaye Ahmed qui est brusquement remercié. Il est remplacé par son secrétaire général Mohamadou Youssouf Diagana, comme si la décision avait été prise dans l’urgence. Mais quel rapport avec l’affaire de la Maurisbank ? La CDD avait bien refusé de prendre en charge la faillite de cette banque et avait même fait un rapport qui aurait été à l’origine de la prise de conscience des hautes autorités de l’ampleur des dégâts. Mais pourquoi, parce que la CDD savait ce qu’il en était, avait-elle fait d’importants dépôts à Maurisbank ? C’est la liaison dangereuse qui aurait entrainé le Directeur général de la CDD dans le flot qui semble emporter tous ceux qui ont eu un lien avec ce dossier. Sinon, Ahmed Ould Moulaye Ahmed est connu plutôt pour son sérieux et son dévouement au travail.
La victime attendue était bien sûr Thiam Dhombar, le ministre des finances. D’abord pour la question des cinq milliards (environ) de chèques certifiés entassés au niveau du Trésor et jamais débités au niveau des comptes de la Maurisbank à la BCM. Il y a bien sûr aussi ces quelques milliards envolés dans les perceptions d’Aïoun et de Nouadhibou (ce sont les seules jusqu’à présent ayant subi un contrôle sérieux). Les malversations découvertes ne peuvent se faire sans complicités ou au moins une indulgence et/une incompétence caractérisée de la hiérarchie dont le ministre est finalement le premier responsable.
C’est probablement dans l’urgence que le départ de Thiam Djombar a été décidé la veille de la tenue du sommet de la transparence, intitulé «Transparence et développement durable en Afrique». En tout cas, il donne la preuve que les autorités mauritaniennes entendent bien punir tout agissement contraire aux règles de la transparence.
L’occasion de procéder au premier remaniement de l’ère Yahya Ould Hademine. Ce remaniement a touché des ministères importants, emportant trois ministres et permettant l’entrée de trois autres.
Ahmed Ould Teguedi quitte les affaires étrangères alors qu’il est au Caire où il préside les tractations entreprises par la Ligue Arabe en vue d’apporter des solutions au dialogue interlibanais. Il est remplacé par Vatma Val Mint Soueyné qui était à la culture. Professeur de littérature anglaise, Mint Souené parle aussi bien Arabe que Français. Sa prestation à Chinguitty lors du festival des villes anciennes a révélé une femme de caractère. Sa nomination à ce poste remet la Mauritanie en scelle sur la question genre. Notre pays est le premier pays arabe à avoir nommé une femme à la tête de sa diplomatie en 2009 quand c’était Naha Mint Mouknass. Un gage de modernité dont nous avons besoin en ces temps où l’obscurantisme assombrit les horizons.
Mokhtar Ould Diay qui remplace Thiam Diombar aux Finances était jusque-là directeur général des Impôts. A ce poste, il a été salué pour l’ampleur des recouvrements effectués par ses services. Il n’a pas hésité à procéder à des redressements fiscaux qui n’ont pas épargné les hommes d’affaires supposés très proches du pouvoir. Il a été menacé publiquement et par téléphone par certains d’entre eux, ceux qui excellent dans le trafic d’influence et pour lesquels une telle mesure renseigne sur le peu de protection dont ils bénéficient. Certains lui reprochent d’en faire trop, mais, vu à l’aune des appréciations des gros opérateurs habitués à corrompre et/ou à terroriser les fonctionnaires, Ould Diay a plutôt assuré.
Ahmed Salem Ould Bechir, excellent ingénieur, hérite du ministère du pétrole, des mines et de l’énergie. Il revient à un secteur qu’il connait bien lui qui avait été directeur général de la SOMELEC. Au ministère de l’hydraulique où il est remplacé par Mohamed Ould Khouna, il avait eu pour mission d’engager le programme d’assainissement de Nouakchott. Des solutions ont été trouvées et même des financements, mais rien n’est concrètement réalisé. Intelligent et entrepreneur, Ould Bechir a à réactiver un ministère qui sombrait dans la léthargie. Il remplace quelqu’un qui a l’art d’endormir les départements où il exerce (formation, enseignement technique, pétrole, mines, énergie…).
Dia Mokhtar Malal quitte le secrétariat général de la Présidence, un poste équivalent à celui de Premier ministre bis, pour l’emploi et la formation professionnel (les TIC’s aussi). Que pourra-t-il faire ici qu’il n’a pu faire ailleurs ?
Notre consœur Hindou Mint Aïnina n’aura pas le temps de finir le travail qu’elle a plutôt bien commencé au niveau des Mauritaniens de l’étranger. Elle atterrit à la culture (et l’artisanat). Ses atouts : son niveau, son cursus et sa force de caractère. Sa remplaçante aux affaires maghrébines, africaines et aux Mauritaniens de l’étranger est une inconnue de l’espace médiatico-politique. On sait d’elle juste qu’elle s’appelle Khadijetou Mbareck Fall.
Coumba Bâ, l’inamovible conseillère du Président de la République revient au Gouvernement comme ministre des sports. Elle remplace Houleymato Sao, une fille qui ne savait finalement pas pourquoi elle était là, à peine si elle ne s’excusait pas d’être là justement. La personnalité de la Denianké Coumba Bâ servira-t-elle à faire avancer le secteur abandonné trop longtemps ?  

Il faut remarquer enfin que le quota des femmes a augmenté : elles sont maintenant 7 sur les 29 portefeuilles (y compris le Premier ministre et le ministre secrétaire général de la Présidence). Les femmes présentes au gouvernement ne font pas dans la figuration : six d’entre elles ont bien la compétence et l’envergure requises pour assurer leurs fonctions de ministres.

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