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mercredi 10 décembre 2014

Libération du dernier otage français

Serge Lazarevic est libre ! il est le dernier otage français retenu dans le monde. Ce Français de 50 ans a été enlevé en 2011 au Mali par Al Qaeda au Maghreb Islamique (AQMI), plus précisément le bataillon touareg de la mouvance. Un bataillon dirigé par Abdel Kerim Targui, responsable de l’assassinat de l’otage Miche Germaneau en juillet 2010.
Serge Lazarevic est le dernier d’une série «sahélienne» qui a commencé avec Pierre Camatte, enlevé en 2009 et libéré en 2010 à la suite d’un marchandage qui a permis, en plus du versement d’une rançon, la libération de deux terroristes recherchés l’un par la Mauritanie, l’autre par l’Algérie. Ce qui avait, à l’époque, détérioré les relations des deux pays avec le Mali. Le retrait des ambassadeurs des deux pays a sans doute accentué l’isolement du régime Amadou Toumani Touré au pouvoir à l’époque au Mali. Accélérant inévitablement la déconfiture de l’Etat malien qui s’est retrouvé subitement seul face aux groupes terroristes et aux bandes du crime organisé qui avaient réussi é pénétrer le cœur du pouvoir à Bamako.
En septembre 2010, 5 Français travaillant au Niger pour le compte d’Areva, le géant de l’uranium, sont enlevés. Alors que deux Français sont assassinés aux termes d’une prise d’otages qui a mal tourné en janvier 2011 à Niamey au Niger. En novembre 2011, ce sont deux autres Français, Serge Lazarevic et Philipe Verdon qui sont enlevés à Hombori au Mali. Le corps de ce dernier est retrouvé en juillet 2013, criblé de balles et abandonné par ses assassins-ravisseurs. Le 20 novembre 2012, le Français Gilberto Rodriguez Leal est pris à Djéma au Mali. Sa mort a été annoncée par le Mouvement de l’unicité et du jihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO) en avril 2014. Pour finir avec le drame qui a coûté la vie à nos deux confrères de RFI, Ghislaine Dupont et Claude Verdon le 2 novembre 2013, au lendemain de la libération des otages d’Areva. Pour ne parler que du prix humain payé par la France dans la zone sahélienne qui est la nôtre.
Sur le plan financier, les otages auraient rapporté à leurs ravisseurs plus de 58 millions d’euros depuis 2008. La France qui dit ne pas payer de rançon, pousse parfois ses sociétés publiques, parfois ses alliés (Etats africains, Qatar…) à payer pour ses ressortissants. Ce qi revient au même, l’argent ainsi collecté servant à armer les bandes criminelles, à leur permettre de recruter, de financer des actions d’envergure, de s’entretenir et de se donner l’étoffe des héros.
Combien a coûté la libération de Serge Lazarevic ? C’est la question que tout le monde se pose. Les autorités françaises préférant mettre en avant le rôle «ô combien déterminant» des alliés locaux (Présidents du Niger et du Mali, intermédiaires tribaux…). Mais l’on sait cependant que plusieurs terroristes ont recouvert la liberté. Parmi eux les instigateurs du rapt de l’ex-otage qui, pour l’enlever, ont dû tuer l’un des gardiens et qui sont aussi cités dans plusieurs affaires criminelles. Ce qui met en exergue le malaise ressenti au Mali qui se trouve obligé, encore une fois, à plier pour répondre aux desideratas de l’ancienne colonie. Oubliant que telles pressions participent à l’affaiblissement de l’autorité des Etats et à leur délégitimation auprès des populations.

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