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dimanche 20 avril 2014

Dialogue, pas dialogue…

A peine avons-nous poussé un ouf de soulagement en apprenant que les trois pôles revenaient à la table de négociation après un blocage causé par le deadline, voilà qu’un autre blocage survient, cette fois-ci parce que le FNDU tient à mentionner le terme «agenda unilatéral». La Majorité a immédiatement ressenti cela comme une provocation visant à donner l’impression que le pays vit dans une situation d’exception où l’une des parties tente d’imposer son point de vue. «Nous croyons être dans une phase de négociations qui ouvre sur une situation consensuelle. Nous sommes obligés de tenir compte des délais constitutionnels tant qu’il n’y a pas un accord, mais rien n’empêche de revenir sur tous les délais quand on se mettra d’accord», déclare un membre de la délégation de la Majorité.
Hier, on apprenait que le Forum national pour la démocratie et l’unité (FNDU) a finalement accepté de revenir avec une proposition : accepter de laisser le gouvernement convoquer le collège électoral dans les délais en contrepartie d’un deadline fixé pour douze jours pour terminer le dialogue.
Quand ils se sont quittés mercredi dernier sur une note plutôt de rejet, les trois pôles avaient buté sur un deadline. Deux des pôles (la Majorité et la CAP) avaient estimé pouvoir en finir avant le 21 avril, date ultime pour la convocation du collège électoral si l’on voulait respecter les délais fixés pour la présidentielle future. Alors que le FNDU avait jugé qu’il n’était pas question de bénir la convocation par le gouvernement du collège électoral. Pourtant une voix, celle de Me Lô Gourmo Abdoul, s’était fait entendre pour expliquer qu’il s’agissait là d’une affaire qui ne regardait que le gouvernement qui pouvait adopter le système du «pilotage automatique». Finalement ce sont les voix «discordantes» qui l’emportèrent : la réunion fut suspendue sans rendez-vous précis.
Samedi, les trois présidents de groupes se sont retrouvés pour écouter la nouvelle proposition du FNDU. Le chef de file de la Majorité demanda à discuter avec les siens pour savoir si oui ou non il allait accepter. Mais on était sûr que la Majorité allait accepter une proposition qu’elle a été la première à faire lors de la première séance. Surtout qu’elle gagnait un point en donnant l’impression que c’est elle qui faisait des concessions et que ce sont les autres qui font perdre le temps.
Rappelons-nous que quand le dialogue a été ouvert, c’est le FNDU qui a exigé la présence du gouvernement, ce qui a demandé deux jours. Quarante-heures ont été nécessaires pour lui permettre de venir présenter sa proposition sur le nombre des participants : il était le seul à demander 7 sans pour autant pouvoir donner sa formation. Après quarante-heures d’attente, le FNDU a finalement exigé une représentation de 11 membres pour chaque délégation (pour désamorcer les divergences intérieures). Adoption enfin de l’ordre du jour, mais désaccord sur le deadline. Report qui prend 24 heures, puis nouveau report pour voir venir les délégations à la table. Avec un long exposé du FNDU qui finit par refuser un deadline de moins de trois semaines. Nouveau report pour enfin revenir après trois jours reprendre les choses là où on les a laissées et accepter ce qui a été refusé sans raison véritable. Pour, de nouveau, suspendre… Parce qu’au moment de signer le P-V de réunion, le FNDU a exigé la mention de «l’agenda unilatéral». Ce que les autres ont refusé, créant ainsi un nouveau blocage.
C’est ainsi que le dialogue commencé le 1er avril - et qui avait donné pour cela l’allure d’un «poisson d’avril» - n’a pas commencé réellement (au 20 avril). On a certes établi l’ordre du jour qui a été celui proposé par le FNDU, puis trouvé un compromis autour du deadline, mais le véritable dialogue n’a pas encore commencé.
Deux scénarii possibles : le premier est celui qui voit les choses buter sur l’incapacité des trois pôles à arriver à un consensus. Après tout, nous avons en situation de face à face des groupes qui se sont toujours rejetés. Les principales constituantes du FNDU ont exigé le départ du régime en place pendant plus de trois ans. Le régime les a toujours traités comme ennemis. Tandis que la CAP a répété, une année durant qu’elle ne participera à aucun nouveau dialogue. Il faut rappeler ces positionnements pour savoir d’où viennent les protagonistes. Cela permet d’apprécier le degré de suspicion et la forte défiance qui les caractérise.
Dans le cas d’un non accord, une élection présidentielle sera certainement organisée avec les candidats indépendants et les partis qui voudront bien les soutenir. C’est la force de l’engagement des protagonistes qui renforcera ou non son caractère pluraliste lui donnant la légitimité requise. Après l’élection tout peut survenir, y compris un accord politique autour de nouvelles élections législatives et municipales, voire d’un gouvernement d’union nationale.
Le deuxième scénario est celui que nous espérons tous et qui consiste à voir les parties aboutir à un accord politique satisfaisant les attentes de chacun. Parce que chaque parti, chaque syndicat (tous sont affiliés à des partis), chaque ONG (toutes sont rangées sur les partis), chaque «personnalité indépendante», chacun a sa position, sa tactique, son calcul… ce qui ajoute à la confusion.
Malgré cela on peut espérer que les pôles se mettent d’accord sur ce qui est «acceptable» et qui constitue une réelle avancée dans la recherche d’une transparence totale dans les élections. Il est sûr que tout accord, ne serait-ce que sur le renouvellement de la CENI, impliquera nécessairement un recul du calendrier électoral. Dans ce cas, on ne parlera plus de la «constitutionnalité» des délais, on oubliera de remettre en cause la légitimité de l’élection sur cette base, parce qu’un accord politique consensuel est au-dessus de tout.
En attendant, il y a des questions qui doivent être posées aux protagonistes principaux : que perd le Président Ould Abdel Aziz en cherchant une élection consensuelle et, pour ce faire, en faisant les concessions les plus fortes ? Pourquoi ne pas déclencher un (heureux) électrochoc en rencontrant par exemple directement les plus significatifs des leaders de l’opposition (Ahmed Ould Daddah au titre de chef de file de l’opposition, Mohamed Ould Maouloud pour son aptitude à discuter) ? Quelle alternative pour le FNDU qui a été créé soi-disant pour apporter un sang nouveau, un discours nouveau, un cadre nouveau… quelque chose qui peut sortir l’opposition radicale de son isolement à la suite du boycott des législatives ? Le FNDU va-t-il revenir à la logique de confrontation expérimentée sans succès par la COD pendant plus de quatre ans ? Que peut-il mobiliser comme forces ? Quels leaders pour cette nouvelle logique de confrontation ? Quelle stratégie ? Quelle vision ?
On voit bien que le FNDU croit tenir la force politique (en unifiant les partis appartenant ou non à la COD), la force sociale (en impliquant les syndicats qui ont toujours pourtant accompagné les partis auxquels ils son affiliés), la force du leadership (en écartant les chefs traditionnels et en imposant des «personnalités indépendantes»)… Mais il ne s’agit là en fait que d’une reconstitution des anciens schémas qui ont prouvé leur inanité.

Que faire quand on ne peut rien faire ? That’s question…

samedi 19 avril 2014

Les amis de Ghislaine Dupont

J’ai reçu ce communiqué de l’association «Les amis de Ghislaine Dupont». Je le partage avec vous tout en appuyant les démarches de ce groupe :
«Trois juges et beaucoup de questions

L’association « Les amis de Ghislaine Dupont » prend acte de l’ouverture de l’information judiciaire contre X annoncée le 11 avril dernier suite à l’assassinat de Ghislaine et de Claude Verlon survenu le 2 novembre 2013 près de Kidal au Mali. Ses membres souhaitent que la désignation de trois magistrats instructeurs (Marc Trévidic, Laurence Le Vert et Christophe Teissier), favorise l’identification, l’arrestation puis le jugement des assassins et de leurs commanditaires.
Ils veulent croire que les enquêteurs bénéficieront de toutes les facilités pour effectuer leurs recherches en tous lieux et auprès de toutes les autorités concernées, maliennes, françaises et onusiennes.
Pour tous ceux qui sont attachés à la vérité, la justice et l’information, il s’agit de voir établies les circonstances de l’enlèvement de Ghislaine et Claude, l’intervention des différentes forces de sécurité qui s’ensuivit dans la ville de Kidal (Mali) puis sur la piste empruntée, sur dix kilomètres, par les ravisseurs jusqu’à l’endroit où furent découverts les corps. 
En l’état des informations connues, le véhicule des ravisseurs ne peut avoir été immobilisé par une simple panne mécanique. Par ailleurs, différentes sources évoquent le survol d’un hélicoptère – non identifié - à la sortie de la ville, quelques minutes après l’enlèvement (13h05) et non à 15h30, heure d’arrivée sur zone d’un Tigre ayant décollé officiellement de Tessalit.
Enfin, plusieurs personnalités affirment avoir appris la mort de Ghislaine et Claude avant 14 heures, soit une demi-heure avant l’arrivée des militaires français sur les lieux du drame. Autant de zones d’ombre à éclairer.

Les Amis de Ghislaine Dupont réitèrent leur demande d’audience auprès du Président de la République, rappelant que celui-ci avait évoqué «l’honneur de la France» en parlant de Ghislaine à sa mère, le dimanche 3 novembre 2013 au matin.» 

vendredi 18 avril 2014

Gabriel Garcia Marquez s’en est allé

Au début était le journalisme : Gabriel Garcia Marquez est arrivé à l’écriture littéraire en passant par le journalisme. Quand il publie Récit d’un naufragé en 1970, il ne fait que reprendre les éléments d’une enquête publiée au milieu des années 50 (sur quatorze articles). Huit marins colombiens tombent à l’eau alors qu’ils sont à bord d’un navire de guerre. Le gouvernement colombien invoque le «mauvais temps» (une tempête) pour expliquer le drame. Grâce à l’enquête journalistique de Garcia Marquez, on découvre qu’il n’y a jamais eu de tempête et que les marins ont été victimes d’un chargement frauduleux de marchandises à bord du navire qui n’avait pas vocation à transporter les marchandises.
C’est sans doute cette vocation de journaliste qui donne à l’auteur l’une de ses plus significatives figures de style : le réalisme dans la description des protagonistes et dans la relation des intrigues choisies. L’autre particularité de l’auteur étant sa force dans la «manipulation» des faits pour en faire un récit où le fantastique et la légende le disputent justement à ce réalisme dans le fonds. Avec lui, on est tangue toujours entre le réel, le vécu et l’imaginaire, le mythe. Là réside d’ailleurs sa première force.
Au milieu des années 70, la génération à laquelle j’appartiens se libérait peu à peu du joug de la pensée unique à multiples faces. Dans son apparence «sociétale traditionnelle», avec cet ordre profondément inégalitaire et dont les conservatismes inhibaient toute volonté de modernisme. Dans son apparence de mouvement de gauche, passagèrement marqué par les dérives autoritaristes du communisme qui nous vient de loin, largement flétri par le trajet et les interprétations.
On venait de s’ouvrir le Monde grâce à une émancipation que nous devions alors à des auteurs et des genres littéraires. Frédéric Dard avec la série San Antonio, la bande dessinée avec Goscinny et Uderzo (avec notamment la série Astérix), Franquin (notamment Gaston Lagaffe), mais aussi et surtout de grands auteurs que nous avalions avec délectation comme Ernest Hemingway (Pour qui sonne le glas, L’adieu aux armes), Faulkner (Le bruit et la fureur, Absalon absalon !), Dostoïevski (Crime et châtiment, L’idiot), Arthur Koestler (Le zéro et l’infini), Margaret Mitchell (Autant en emporte le vent)…
On commençait à humer pleinement l’air de la liberté, à goûter aux odeurs enivrantes de la création poétique et littéraire, à sentir le souffle de la force de l’imagination… Ce qui ouvrait grand notre appétit intellectuel… Tout ce qui n’était pas inscrit dans le programme scolaire nous emportait vers les frontières de ce qui nous paraissait relever de l’Infini.
C’est à ce moment-là que nous découvrions Gabriel Garcia Marquez, d’abord à travers Cent ans de solitude, puis La Mala hora avant de tomber littéralement sous la foudre de L’automne du Patriarche. Œuvre après œuvre, on s’inoculait un virus bienfaiteur qui allait définitivement nous affecter. Viendront les œuvres comme L’amour aux temps du choléra, Le général dans son labyrinthe, Chronique d’une mort annoncée, De l’amour et autres démons, Journal d’un enlèvement, et dernièrement Vivre pour la raconter (récit autobiographique).
Ce n’est certes pas l’attribution du Nobel de littérature à cet écrivain prodigieux qui nous avait influencés. En 1982, nous étions déjà malades de cette littérature, de cette façon d’écrire qui respirait la richesse d’un patrimoine immense et exprimait la force d’un engagement humaniste sincère.
L’une des caractéristiques de l’écriture de Gabriel Garcia Marquez, c’est qu’elle est exponentielle. Dans les années, j’aimais comparer un roman mauritanien où le personnage principal mourait dès les trois premières pages et le roman de Garcia Marquez où apparait un personnage nouveau toutes les deux pages. Cette écriture exponentielle s’accompagne chez Garcia Marquez par une prodigieuse capacité de description des personnages qui fait croire à leur existence malgré l’atmosphère fantastique dans laquelle ils évoluent. On est as loin, quand on s’arrête de lire un roman de Garcia Marquez, de s’attendre à rencontrer l’un des personnages au détour d’une rue de Nouakchott, dans un restaurant de l’époque ou dans un rassemblement du Nouakchott mondain. La description physique et morale des personnages est si précise qu’ils deviennent des amis, intimes ou pas, des adversaires et même des ennemis. La proximité est créée par le truchement de la perspicacité de la description.
A lire absolument de Gabriel Garcia Marquez :
L’amour aux temps du choléra dont la trame se construit autour d’un amour qui prend son ampleur alors que les «tourtereaux» ont dépassé les soixante-dix ans «alors que la mort est tout autour d’eux». Inspiré par l’assassinat de deux Américains autour desquels un mythe a été construit : on disait d’eux qu’à 80 ans, ils se donnaient rendez-vous chaque année à Acapulco pour revivre leur intense passion. C’est un peu la reprise de cette histoire – ces histoires plutôt – que va se construire le roman de Fermina Daza et Florentino Ariza, ce roman qui raconte leurs amours éternelles.
Cent ans de solitude qui raconte, à travers une saga familiale, l’histoire de l’Amérique Latine avec ses misères et ses splendeurs. C’est le plus apprécié de l’œuvre de Garcia Marquez malgré l’avis de l’auteur qui l’a toujours considéré comme une œuvre mineure.
L’automne du patriarche inspiré par la fuite du dictateur vénézuélien Marcos Pérez Jiménez. Selon l’auteur, il s’agit là d’«un poème sur la solitude au pouvoir». A travers la grandeur et la décadence de ce Général, Garcia Marquez a voulu dresser une portrait global de tous les dictateurs de son continent.
Chronique d’une mort annoncée qui est une enquête  sur un meurtre qui permet de remonter surtout le déroulement des évènements pour en connaitre les raisons. L’auteur y fait preuve d’une grande maitrise dans la relation d’évènements réels en les plaçant dans un cadre qui emprunte à la magie quelques attributs.
Carlos Fuentes disait de lui qu’il était «un homme semblable à son œuvre : solide, souriant, silencieux… maître d’un silence comme seules les forêts tropicales peuvent en créer».

Celui qui a dit «on ne meurt pas quand on veut, mais seulement quand on peut» est mort ce 17 avril.

jeudi 17 avril 2014

Le privé a raison de la santé

L’enfant se tordait sur son lit. Il était pris par de fortes convulsions qui raidissaient son corps menu. Il était déjà frêle bien avant sa maladie. Ceux qui l’entouraient avec toute la bienveillance qui sied en pareils moments, étaient malheureux de le voir se tortiller ainsi sans pouvoir apaiser ce qui semblait douloureux. La scène était insupportable. La mère s’était retiré à part pour éviter de voir son enfant dans un état pareil.
Depuis le matin, l’enfant avait été admis dans une clinique privée de Nouakchott. Il avait été d’abord retenu dans les urgences avant d’être hospitalisé en attendant le résultat des analyses. Aucun des médecins qui s’est penché sur son cas n’a pu déceler de quoi souffrait l’enfant. On n’avait cependant pas besoin d’être médecin pour savoir qu’il y avait urgence à le faire nourrir : on lui administration le glucose et les solutions salées en plus d’une dose de gardénal (somnifère) pour calmer ses convulsions en attendant.
A un moment de la nuit interminable, l’un des parents parla de symptômes de la méningite sinon d’un neuro-paludisme. En profane, il commença à disserter sur ces symptômes. Vers la fin de la nuit, un médecin décida de lui administrer et un traitement anti-méningite et l’antipaludéen. Par deux fois. La fièvre commença à baisser et dès le petit matin, l’enfant recommença à ouvrir les yeux. Il reconnut même sa maman. Il était sauvé… Al hamdu liLllahi… 
Comme pour l’éducation, l’activité privée a eu des effets catastrophiques sur le secteur de la santé. Derrière la libéralisation de ce secteur, il y avait une volonté de le faire développer par l’initiative privée, notamment la mobilisation du capital et l’exploitation du savoir-faire. C’est devenu une activité commerciale où l’exigence de l’efficacité et de la responsabilité est faible. Tellement faible que vous avez l’impression que vous êtes payés pour être là : les services ont commencé à se détériorer et les mêmes dysfonctionnements qui ont «tué» le secteur public apparurent. Plus intenses et plus destructeurs.
C’est bien parce que personne n’est comptable de son irresponsabilité (dans le diagnostic, le traitement administré, l’opération faite…) que la déconfiture a été forte. Si l’on veut développer le secteur de la santé, il faut d’abord réhabiliter la confiance entre usagers et personnels soignants. Cela passe par une séparation entre le public et le privé, avec cette exigence pour le public de payer assez pour motiver et exiger plus d’efficience et de responsabilité.

mercredi 16 avril 2014

Le dialogue, peut-il reprendre ?

Quand ils se sont quittés mardi dernier (15/4), les trois pôles s’étaient bien engagés à se revoir le lendemain mercredi (aujourd’hui) mais sans fixer d’heure précise. Les chefs de délégations devaient coordonner pour finalement convoquer les autres. Pourquoi ce flottement ?
Au cours de la première séance, celle du lundi (14/4), la délégation du FNDU avait butté sur son incapacité à donner son accord sur les dates proposées par l’autre partie. Elle avait demandé alors de suspendre la séance pour revenir à ses instances dirigeantes. Ce qui fut fait.
Le lendemain (mardi), la délégation était revenue pour occuper sa place. Yahya Ould Ahmed Waqf prit la parole le premier pour discourir longuement sur l’objet du dialogue, la diversité et la complexité des thèmes avant de proposer de donner le 1er mai comme deadline. La délégation de la CAP lui opposa que ce délai était loin et qu’il fallait en finir au plus tard samedi (19/4). Ceux de la Majorité opposèrent l’incapacité d’aller au-delà du 21 avril, date limite pour la convocation du collège électoral en respect des dispositions prévues par la Constitution. S’en suivirent quelques fortes tirades qui disaient à peu près ceci : «Vous vous ne êtes jamais soucié de l’ordre constitutionnel. Vous avez ici vos députés qui ont fait plier toutes les règles et toutes les lois. Conformer cela avec les textes est un souci qui est propre à vous, cela ne nous regarde pas. Nous vous disons simplement qu’il nous faut ce délai pour aboutir à quelque chose…» Avant d’entendre Me Lô Gourmo Abdoul de la délégation du FNDU parler de la possibilité «d’un pilotage automatique» et appeler à rester dans l’esprit qui avait jusque-là dominé. Mais ses paroles ne furent pas comprises (probablement parce qu’il a fait une démonstration professionnelle en Français, alors que la majorité des présents sont arabophones).
Au bout de quelques échanges, on comprit que la solution ne pouvait être trouvée dans cette ambiance plutôt tendue. On décida de suspendre en attendant que la délégation du FNDU rende compte à ses instances.
La réunion du FNDU qui s’en suivit verra Ould Ahmed Waqf soutenir fortement le retour à la table de négociations sous prétexte qu’il avait pressenti que «quelque chose pouvait se faire». Ce qui n’était pas l’avis de tous. D’ailleurs, l’un des partis du Forum présentera une note pour dire que la convocation du collège électorale peut se faire jusqu’au 5 mai. Ce qui, aussi, n’est pas l’avis de tous les juristes. Même si ‘on reconnait que cette convocation est décidée par une loi organique qui peut être changée par Conseil des ministres. Mais la confiance n’est pas là.
En fait ce qu’on cherche dans le camp du FNDU, c’est éviter la convocation du collège électoral dans les temps pour dénoncer après «l’inconstitutionnalité» de l’élection en cas de non accord. La délégation de la Majorité, par la voix de son président Me Sidi Mohamed Ould Maham, ira jusqu’à déclarer : «Nous ne sommes pas contre le délai proposé, mais quand nous allons convoquer le collège électoral dans les délais, il ne faut pas crier à la trahison parce que nous sommes obligés de le faire dans les délais légaux. Quitte maintenant à revoir les dates s’il y a lieu…» (en substance)
C’est ainsi que l’esprit «positif» qui avait caractérisé la première phase du dialogue, se perdit un peu. La suspicion revint et avec elle les sous-entendus, les attaques directes ou indirectes… tout ce qui fait peser une lourde atmosphère sur l’ambiance jusque-là bon-enfant.
Les divergences entre les membres de la délégation du FNDU y sont pour beaucoup. Tout comme l’obligation pour elle de toujours revenir à ses instances (elle est sans mandat et son président est prisonnier de la suspicion dont il fait l’objet dans le camp qui n’a jamais été le sien).
A titre d’exemple, chaque délégation des deux autres pôles semblait avoir une feuille de route et un plan de prise de parole préalablement établis. Ce sont les chefs de délégation de la CAP et de la Majorité qui désignent d’autorité ceux qui prennent la parole dans leurs camps. Alors que Ould Ahmed Waqf est toujours obligé de faire le choix parmi tous les doigts levés quand la parole passe au FNDU. Rappelons que le choix du président et des membres de cette délégation s’est fait au dernier moment, au terme d’une querelle interne qui a finalement remis en cause «le premier choix» : Mohamed Ould Maouloud a été remplacé à la présidence de la délégation par Ould Ahmd Waqf, ce qui a ouvert la voie à l’arrivée de Me Lô Gourmo Abdoul, puis les syndicats ont fait leur entrée (syndicats affiliés chacun à l’un des partis concernés et du coup renforçant la présence de celui-ci, le cas aussi des représentants de la société civile), et le nombre des délégations est passé de 7 à 9 et enfin à 11 pour permettre au FNDU de «faire fondre» ses divergences internes. Ce «coup d’Etat» contre Ould Maouloud a eu le soutien de ceux qui ne sont pas vraiment favorables à l’instauration du dialogue. particulièrement ceux pour lesquels toute perspective d’accord pouvant inclure une reprise des élections législatives et municipales.

Aux dernières nouvelles, quelques tentatives de dernière chance sont entreprises pour permettre la reprise du dialogue. C’est dans ce cadre qu’il faut placer la rencontre d’aujourd’hui entre Cheikh Sid’Ahmed Ould Babamine, président de l’organe suprême du FNDU et le Premier ministre qui a la responsabilité de parrainer ce dialogue et qui en est le facilitateur. Il est très probable que tous acceptent le «pilotage automatique» qui consisterait à laisser passer la convocation du collège électoral le 21 avril sans s’en offusquer. C’est déjà ça de gagné.

mardi 15 avril 2014

Quiproquos et susceptibilités

On est passé à la deuxième phase du dialogue, celle qui devait déterminer le chronogramme à suivre pour arriver à un accord. Ceux du Forum national pour la démocratie et l’unité (FNDU) ont proposé un délai allant jusqu’au 1er mai, alors que les deux autres pôles ont demandé à tout finir au plus tard le 20 avril.
Derrière ce premier écueil se cache la volonté des uns de faire dépasser le délai légal de convocation du collège électoral, date qui doit être obligatoirement le 21 avril. Ce n’est pas la seule «manœuvre» de l’une ou l’autre des parties. Même la base sur laquelle est engagé le dialogue relève d’un quiproquo plus ou moins voulu.
Pour le FNDU, il s’agit de dialoguer directement avec le Pouvoir. Ils ont exprimé ce désir en insistant sur la présence de membres du gouvernement : c’est la raison de l’entrée en scène de Me Sidi Mohamed Ould Maham, ministre de la communication par ailleurs premier vice-président de l’Union pour la République (UPR), le parti au pouvoir. Le renforcement de la délégation par la présence du ministre de la Justice, Sidi Ould Zeine, n’a pas changé la donne parce que Me Ould Maham est resté président de la délégation de la Majorité.
«Ce n’est pas avec la Majorité encore moins l’UPR que nous voulons discuter, mais avec le Gouvernement. Quand on voit la composition de la délégation on comprend qu’on refuse d’accepter que le FNDU n’es pas là pour faire face à un autre pôle (CAP, ndlr) ou un groupe qui ne peut rien décider». Le commentaire va plus loin : «tant qu’on ne revient pas au respect de la préséance dans le gouvernement, on croira toujours qu’on veut nous imposer une structure dont on ne veut pas». Autrement dit, c’est Sidi Ould Zeine qui devait diriger la délégation pour le dialogue pour convaincre le FNDU qu’il discute avec le gouvernement et non ses «ombres».
En plus de ce niveau d’«incompréhensions» et manœuvres plus ou moins dilatoires, il y a eu l’épisode de la confection des délégations qui a vu les trois pôles obligés d’élargir le nombre de leurs représentants à 11 au lieu de 7 prévus initialement. Tout ça pour permettre à toutes les tendances d’être représentées. Si le groupe n’avait pas été élargi, certaines personnalités n’auraient pas fait partie du conclave.
Autre remarque équivalent à un quiproquo, c’est le fait de se retrouver ensemble, en train de décider pour nous à un moment crucial de l’histoire politique du pays, les plus caciques du défunt PRDS (parti républicain social et démocratique au pouvoir de 1991 à 2005, responsable de tous les déboires du pays durant tout ce temps). Revoyons les listes des représentants des trois pôles aujourd’hui en conclave :
Pour la Majorité : Me Sidi Mohamed Ould Maham, Sidi Ould Zeyne, Zeynebou Diallo, Mohamed el Mokhtar Ould Zamel, Sidina Ould Didi, Mohamed Ould Babana, El Moudir Ould Bouna, Ethmane Ould Eboulmaali, Beyta Allah Ould Ahmed Leswad, Mohamed Val Ould Youssouf, Samory Alassane ;
Pour le FNDU : Yahya Ould Ahmed Waqf, Saleh Ould Hanenne, Lô Gourmo Abdoul, Ahmed Ould Lafdhal, Mohamed Ould Bourbouç, Cheikhani Ould Boybe, Mohamed Val Ould Belal, Sarr Mamadou, Niang Amadou (CGTM), Samory Ould Beye (CLTM), Mohamed Ahmed Ould Salek (CNTM) ;
Pour la CAP : Abdessalam Ould Horma, Emanatoullah Ould Bakh, Idoumou Ould Abdi, Ahmed Khayrou, Sidi Mohamed Ould Abidine, Mokhtar Ould Haye, Ladji Traoré, Ahmed Ould Abdallahi, Mohamed Ould Yarg, Mohamed Lemine Ould Kettab.
On se connait entre nous, vous allez excepter au maximum six personnes, tous les autres ont, à un moment ou un autre, soutenu l’arbitraire, exercé l’injustice, couvert les malversations, justifié les dérives autoritaristes… Tous ceux-là ont toujours combattu la démocratie et les valeurs humanistes qui doivent animer une société démocratique…

C’est dire que les Mauritaniens ont mis en risque l’avenir de la démocratie… Espérons quand même qu’il en sorte quelque chose.

lundi 14 avril 2014

Le temps des Juges

Avec notre confrère Cheikh Sidi Abdalla de TVM, on est sûr chaque fois d’apprendre, de se distraire et de réfléchir. Son émission culturelle de samedi soir (sur la chaîne publique) est un rendez-vous hebdomadaire très prisée par les téléspectateurs. Critique littéraire, il a peu à peu ouvert cette émission pour en faire aussi une sorte de témoignage sur l’Histoire récente du pays. Il s’agit pour lui de donner la parole à des acteurs, des témoins ou des connaisseurs et de les interroger sur ce qu’ils savent. L’émission de cette semaine recevait Baba Ould Sidi Abdalla – aucun rapport parental avec le présentateur -, l’ancien Haut Commissaire de l’OMVS, ancien directeur général de la SNIM, le premier ingénieur Mines du pays.
C’est surtout l’épisode de l’arrestation du Haut Commissaire en fonction le 29 janvier 1998 alors qu’il revenait d’une Oumra, c’est surtout cet épisode qui semblait le plus intéresser au cours de l’entretien même si les deux interlocuteurs ont finalement fait le tour de la vie active du témoin. Tout a été dit ou presque : à mon avis, le passage sur le président de la Cour criminelle de l’époque n’a pas fait l’objet de l’attention qu’il méritait.
Le procès se passait en août 1998. Tout le monde savait l’importance pour le pouvoir de l’époque de faire condamner l’accusé. L’affaire ayant pris des ampleurs politiques énormes où se mêlaient intérêts tribaux et ceux de groupes d’influence. Le premier bras de fer «public» entre l’Autorité de l’époque et un ensemble bénéficiant d’alliances sûres et déclarées. Chacun des protagonistes y mettait ce qu’il pouvait de puissance et d’engagement. La question était : quel juge pouvait dédire l’Autorité ?
Le 6 août 1998, cette question sa réponse : le Président de la Cour criminelle, Mohamed Mahmoud Ould Abba acquittait Baba Ould Sidi Abdalla. Ce n’était pas la première fois que ce Juge donnait la preuve de son indépendance et de la régularité de son jugement.
Une année plutôt, il avait jugé le dossier de la drogue qui avait impliqué un bon nombre de cadres de la police et de la justice. Les juges impliqués furent rapidement condamnés par la Cour Suprême qui allait ainsi dans le sens de ce que voulait l’Autorité qui avait visiblement monté  le dossier. En fait, il s’agissait plus d’un règlement de compte que d’une affaire fondée sur des évènements. Mais tout fut fait pour amener le Président de la Cour à condamner les accusés pour conclure au bienfondé de l’affaire.
Quand la Cour entra en délibération, son président coupa tout lien avec l’extérieur et interdit à ses membres de sortir avant de rendre le verdict. Le bras de fer cette fois se passait entre un Juge qui voulait décider en bonne conscience et l’Autorité politique, policière et judiciaire qui tenait à faire condamner les accusés. Ce sera l’acquittement.
Quelques heures après le verdict, je décidai de rendre visite à ce Juge plein d’autorité et conscient de son rôle et de son pouvoir. En compagnie d’un ami, on est allé chercher Mohamed Mahmoud Ould Abba chez lui…
C’est au milieu des garages du Ksar, dans un appartement visiblement loué que nous devions le trouver. A 17 heures, il venait d’accomplir son devoir religieux et s’apprêter à se servir un repas qu’il a lui-même cuisiné. Je ne pouvais personnellement refuser l’invitation de partager un tel repas. Puis il tint à préparer lui-même le thé. Il fumait la pipe à la manière des anciens. Il comprenait mal pourquoi on était si excité par sa décision qu’il trouvait «normale». A la fin de l’entretien, il parla d’un voyage qu’il doit faire pour aller chez lui à El Agba (trentaine de kilomètres à l’est de Nouakchott). On lui proposa de l’amener là où il devait aller. «Maa ngid, khaayiv min nikhsir ‘la raaçi, kaavyinni inneyguebaat». Le Juge qui tenait tête au pouvoir et qui gardait son indépendance n’avait pas de voiture personnelle, ne voulait pas profiter de l’offre d’autrui… juste prendre un taxi pour tous, avec les autres, en inconnu, en toute humilité…

C’est ce Juge qui devait récidiver avec l’affaire Baba Ould Sidi Abdalla… Toutes les raisons de ne pas l’oublier, de le célébrer en se rappelant que «shikr ejwaad, ‘ayb ekhra»… il existe quand même dans ce pays, des Juges qui ont dit la loi quand ils sont mis à l’épreuve…

dimanche 13 avril 2014

Enquête enfin !

L’assassinat de Ghislaine Dupont et Claude Verlo, tous deux journalistes à RFI, vient juste de faire l’objet de l’ouverture d’une enquête judiciaire.
Le 2 novembre 2013, les deux journalistes sont enlevés à Kidal où ils venaient d’interviewer un leader touareg, puis assassinés par leurs ravisseurs non loin de la ville. L’opération avait choqué pour le procédé et la gratuité de l’acte. Plus tard, une première information fera état de la responsabilité de Bayes Ag Bakabo, activiste touareg connu pour ses relations avec AQMI et ses implications dans les réseaux de trafic de drogue. Puis on est entré dans une zone de silence sur la question. Il aura fallu que les proches, amis et parents, des deux victimes exigent la lumière sur cet assassinat pour que les choses bougent en France. En mars dernier, ils avaient demandé à savoir tout sur les résultats de l’enquête préliminaire. S’interrogeant sur la lenteur des procédures – aucun juge d’instruction n’avait été désigné pour enquêter sur l’affaire -, ils avaient eu une première réponse de la part du Parquet qui avait fait état d’une «demande d’entraide internationale» pouvant aboutir à la levée d’immunité de fonctionnaires internationaux de la force multinationale (MINUSMA).
Le parquet de Paris a donc ouvert ce vendredi (11/4) une information judiciaire sur le double assassinat. L'information judiciaire est ouverte contre X pour «enlèvement et séquestration en bande organisée en relation avec une entreprise terroriste», «assassinats en bande organisée en relation avec une entreprise terroriste» et «association de malfaiteurs en vue de préparer des crimes terroristes d’atteintes aux personnes» (dépêches citant les sources judiciaires).
En attendant les conclusions de l’enquête, on peut d’ores et déjà certaines des questions qui restent posées : comment les deux journalistes se sont retrouvés pris au piège dans une ville réputée dangereuse ? pourquoi ils étaient sans escorte ? comment leurs ravisseurs ont-ils pu les amener jusqu’en dehors de la ville alors que les contrôles tiennent toutes les entrées de la ville ? qui a renseigné les ravisseurs sur le programme des victimes ? comment l’enlèvement a tourné à l’assassinat ? pourquoi cet assassinat juste après la libération des otages d’Arlit ? pourquoi les ravisseurs ont-ils abandonné une voiture sur place ? vers où ont-ils fui et comment ont-ils évité d’être repérés par le dispositif français et africain de la MINUSMA ?

samedi 12 avril 2014

De quoi va-t-on discuter ?

Les vraies séances de dialogue peuvent être lancées : les trois pôles politiques – Majorité, Forum national pour la démocratie et l’unité (FNDU) et Coalition pour une alternance pacifique (CAP) – ont entériné l’ordre du jour pour ce dialogue et décidé de l’ouvrir solennellement ce lundi (14/4). Chacun des pôles sera représentés par 7 personnes. Reste à savoir comment va se dérouler la cérémonie d’ouverture du dialogue et qui l’ouvrira. On parle déjà du Premier ministre qui a quand même la paternité de l’évènement, n’est-ce pas lui qui avait inauguré les rencontres avec les partis d’opposition ?
21 personnes pour discuter une nouvelle fois de l’avenir politique. Les représentants des trois pôles devront d’abord établir un chronogramme pour donner le temps à chaque question pour être discutée dans tous ses aspects. Ils devront alors aller au fond des choses après.
Le FNDU a toujours soutenu que pour arriver à des élections consensuelles et régulières, il fallait agir sur quatre niveaux :
  1. La supervision politique crédible qui fonde la revendication d’un gouvernement d’union (ou d’ouverture, en tout de consensus) ; on sait aujourd’hui que cette exigence peut ne pas tenir si l’on fait le bilan du gouvernement de 2009 et si l’on prend en compte que c’est à la CENI que revient désormais la supervision et l’organisation de toute l’opération électorale.
  2. La refonte des institutions électorales pour les rendre plus fiables. L’on désigne sous cette appellation la CENI bien sûr, mais aussi le Conseil constitutionnel, les directions spécialisées du ministère de l’intérieur et même la direction de l’état civil (Agence d’enrôlement. Dans ses dernières déclarations, le Président de la République avait dit ne rien refuser de tout cela. On peut imaginer effectivement une reconstitution de la CENI et même du Conseil constitutionnel pour permettre l’ouverture de ces deux institutions à l’opposition. Avec cependant le risque de les voir devenir un instrument aux mains des partis : il faut toujours rappeler le danger que peut constituer une CENI ou un conseil constitutionnel partisan. Pour ce qui est de l’Agence d’enrôlement, il sera facile de démontrer qu’elle ne constitue pas un enjeu dans l’opération électorale. Surtout que l’audit du fichier demandé par le FNDU est possible car les listes sont publiques.
  3. «La neutralité de l’Etat et des attributs de la puissance publique», sans lesquels, selon le FNDU, on ne peut parler d’égalité de chances. Il s’agit de «dépolitiser l’administration» par des nominations ailleurs que dans le cercle du pouvoir, de «dépolitiser les marchés publics» (?), de «réviser et mettre en œuvre la loi sur le financement des campagnes électorales et plafonner les budgets globaux et les contributions individuelles aux budgets des candidats», de demander au Président de la République d’interdire aux personnels militaires de s’impliquer dans la vie politique et de «requérir des chefs de corps (Armée, Gendarmerie, Garde, Police, Autres forces de sécurité) une déclaration publique de neutralité par rapport aux différents acteurs politiques», les éléments de ces corps devant voter le même jour que les civils et enfin «ouvrir les médias publics de façon équitable et continue, et nommer à leur tête des personnalités consensuelles compétentes». Cette dernière question a été réglée par la loi révisée sur l’audiovisuel.
  4. La préparation technique «suffisante» consiste à réviser les textes électoraux, parachever l’enrôlement, auditer le fichier et donner l’opportunité à l’ensemble du personnel à participer à l’élaboration des listes électorales.
Tout est discutable et tout peut être le fondement d’une amélioration des conditions de transparence donc de la démocratie. Et chacune des parties a intérêt à faire aboutir le processus de dialogue.

vendredi 11 avril 2014

De la cybercriminalité

Une vague de protestations contre le projet de loi sur la cybercriminalité. Les organisations peuvent être de bonne foi dans leurs démarches. Mais je rappelle que ces organisations ont toutes – ou presque – passé sous silence les appels lancés par les syndicats et groupes de Ulémas, d’Imams, de prédicateurs visant à limiter le champ de la liberté d’expression. Elles n’ont nullement été outrées par les attaques virulentes et dangereuses contre la liberté d’expression et parfois contre des organes de presse donnés.
De quoi a-t-on peur ? Le texte – au moins de sa version française – ne diffère en rien de ce que l’on retrouve dans les autres pays. D’ailleurs, l’objectif premier de l’action commune est bien d’harmoniser les législations nationales en vue de les adapter à un canevas universel.
La loi mauritanienne nous dit qu’«au sens de la présente loi, on entend par cybercriminalité toute infraction pouvant être commise au moyen d’un système informatique connecté à un réseau» (Article 1). De manière générale, on considère que la cybercriminalité couvre «toutes les infractions pénales susceptibles de se commettre sur ou au moyen d’un système informatique généralement connecté à un réseau». Que ce soit celles liées aux piratages de toutes sortes, celles qui occasionnent des crimes organisés comme le blanchiment d’argent et la contrefaçon, ou encore celles où l’utilisation de l’outil informatique sert à cultiver la haine raciale, la stigmatisation pour raisons d’appartenance, à magnifier le terrorisme, à créer des réseaux de pédopornographie…
C’est certainement le traitement de cette dernière catégorie d’infractions qui fait tiquer le plus. Nous sommes dans un pays où la parole et l’écrit ne portent visiblement pas à conséquence. L’explosion du net chez nous a créé une culture de la rumeur qui fait fi des faits et propage le faux. On ne recule devant rien pour fustiger son adversaire et pour jeter l’opprobre sur lui. Ces dérives vont très souvent jusqu’à faire publier des textes racistes et xénophobes. Voilà pourquoi, le projet de loi accorde une grande importance à cet aspect.
Définition des données racistes et xénophobes : «tout écrit, tout matériel, toute image ou toute autre représentation d’idées ou de théories qui préconise ou encourage la haine, la discrimination ou la violence contre une personne ou un groupe de personnes, en raison de la race, de la couleur, de l’ascendance ou de l’origine nationale ou ethnique ou linguistique ou de la religion, dans la mesure où cette dernière sert de prétexte à l’un ou à l’autre de ces éléments ou qui incite à de tels actes». N’est-ce pas la fin de l’impunité pour tous ceux qui nous abreuvent de discours sectaires et racistes ? 
En son article 19, la loi stipule : «Quiconque aura, intentionnellement créé, téléchargé, diffusé ou mis à disposition sous quelque forme que ce soit des écrits, messages, photos, sons, dessins ou toute autre représentation d’idées ou de théories, de nature raciste ou xénophobe, par le biais d’un système informatique ou tout autre procédé technique sera puni d’un emprisonnement de six mois à sept ans et d’une amende de 1 000 000 à 6 000 000 ouguiyas».
En son Article 20 : «La menace faite par le biais d’un système informatique ou tout autre procédé technique, en vue de commettre une infraction pénale, envers une personne en raison de son appartenance à un groupe qui se caractérise par la race, la couleur, l’ascendance ou l’origine nationale ou ethnique, linguistique, ou la religion dans la mesure où cette appartenance sert de prétexte à l’un ou l’autre de ces éléments, ou un groupe de personnes qui se distingue par une de ces caractéristiques, sera puni d’un emprisonnement de six mois à sept ans et d’une amende de 1 000 000 à 6 000 000 ouguiyas».
En son Article 21 : «L’insulte commise, intentionnellement, par le biais d’un système informatique ou tout autre procédé technique envers une personne en raison de son appartenance à un groupe qui se caractérise par la race, la couleur, l’ascendance ou l’origine nationale ou ethnique, linguistique, ou la religion dans la mesure où cette appartenance sert de prétexte à l’un ou l’autre de ces éléments, ou un groupe de personnes qui se distingue par une de ces caractéristiques sera puni d’un emprisonnement de six mois à sept ans et d’une amende de 1 000 000 à 6 000 000 ouguiyas. Quiconque aura, par un système informatique, de diffusion publique ou de tout procédé technique, porté atteinte l’intégrité morale d’une personne par voie de calomnie, injures, et révélations de secrets sera puni d'un emprisonnement de six mois à cinq ans et d'une amende de 100.000 à 500.000 ouguiya. Quiconque aura, par un système informatique, de diffusion publique ou de tout procédé technique, continué malgré une mise en demeure verbale ou écrite d’arrêter, à envoyer des messages textes, des images, des sons ou sous toute autre forme électronique, physique au plaignant, sera puni d'un emprisonnement de six mois à cinq ans et d'une amende de 100.000 à 500.000 UM».
Et pour préciser ce qu’on attend par «moyens de diffusion publique», la loi dit en son Article 27 : «Sont considérés comme moyens de diffusion publique, la radiodiffusion, la télévision, le cinéma, la presse, l’affichage, l’exposition, la distribution d’écrits ou d’images de toutes natures, les discours, les chants, les cris ou les menaces proférés dans les lieux ou réunions publics, tout procédé technique destiné à atteindre le public et généralement tout moyen de communication par voie électronique notamment l’Internet et le téléphone».
On peut comprendre alors la levée de boucliers parce que l’outil informatique sert chez nous jusqu’à présent à calomnier, à intoxiquer, manipuler, dénaturer les faits… beaucoup moins qu’à développer les esprits en les libérant de l’emprise des conservatismes.

jeudi 10 avril 2014

La reprise du dialogue

Hier soir, ils étaient sur Sahel TV : trois d’entre les représentants des pôles politiques mauritaniens qui doivent entrer incessamment en conclave étaient en chaude discussion hier soir. Comme pour anticiper sur les débats.
Moudir Ould Bouna (Majorité), Ahmed Ould Lafdhal (FNDU) et Idoumou Ould Abdi (CAP) ont essayé de vider leurs colères et d’apaiser leurs divergences avant de se retrouver le lendemain pour «passer aux choses sérieuses». Tous trois ont finalement réussi à nous communiquer cette graine d’optimisme nécessaire pour croire en l’avenir. Leurs discussions, même si elles étaient passionnées, n’ont pas dérapé. Tant mieux. En général, on dérape quand on n’a plus rien à dire. Les trois hommes avaient plutôt de bonnes choses à dire. Notamment leurs prédispositions à y aller sans préjugés et sans conditions préalables, avec l’esprit d’ouverture qui sied à de telles circonstances.
Quand ils se sont rencontrés aujourd’hui, les représentants des trois pôles n’ont eu aucun mal à définir l’ordre du jour du dialogue qui doit être ouvert dans les heures qui viennent.
Renforcée par la présence du ministre de la Justice aux côtés de son collègue de la communication, la représentation de la Majorité a su s’inscrire dans l’esprit de la rencontre. Il ne s’agit pas de se rejeter de prime à bord, mais de s’entendre, de s’écouter pour trouver un terrain commun surtout que le plus dur reste à faire.
Finalement l’ordre du jour consensuel a été élaboré autour de trois points : 1. Mesures visant le rétablissement de la confiance ; 2. Révision des outils pouvant garantir des élections transparentes et consensuelles ; et 3. Chronogramme pour les discussions. 
Reste à savoir qui sera là pour représenter les différents pôles. Est-ce que chaque pôle essayera de cacher ses divergences en envoyant le maximum de représentants ou est-ce que tous choisiront l’efficacité et l’ouverture ? Au niveau de chacun des pôles, de profondes divergences existent. Certains partis n’optant pas pour l’organisation d’une élection présidentielle, d’autres préférant laisser en l’état pour éviter des ouvertures qui peuvent menacer leurs situations actuelles. Certains ne voudraient pas discuter de la possibilité de reprendre les élections législatives et municipales, d’autres sauteraient sur n’importe quelle occasion pour se remettre sur pieds.
Tout ça pour dire que le plus dur reste à faire. «On va verra», comme a dit l’illustre Autre…

mercredi 9 avril 2014

Fallait-il rencontrer TPMN ?

«Touche pas à ma nationalité» (TPMN) est un mouvement né en 2011 des dénonciations des dysfonctionnements qui ont marqué le début de l’opération de l’enrôlement lancée par l’Agence d’enrôlement et de sécurisation des documents personnels. Des excès et des dérives, il y en bien eu. D’ailleurs reconnus par les autorités qui ont vite accepté de revoir les procédés. Ce recul a fait suite aux manifestations violentes qui ont eu lieu d’abord à Nouakchott ensuite à l’intérieur du pays. Notamment à Maghama (Gorgol) où la mort du jeune Lamine Mangane donnera un cachet tragique à la contestation.
Le mouvement devient vite un cadre politique dont les animateurs entendent développer pour transformer probablement en parti. On passe d’une revendication sociale et humanitaire (reconnaissance des droits) à un cadre politique qui reprend toute le spectre de la revendication autour de la question négro-africaine. En cela il devient le concurrent direct des partis et mouvements qui se réclament de la même inspiration : PLEJ, AJD/MR, MPR, FLAM… Ce qui lui crée de nombreuses inimités dans l’espace politique.
«On» finit par en donner une idée, celle d’un mouvement sectaire que son chef, Abdoul Birane Wane essaye d’utiliser comme tremplin sur une scène déjà envahie par des «ainés» qui n’entendent pas se démettre. Dans cette course à la représentativité, c’est à celui qui est le plus vindicatif, le plus violent dans ses propos et le plus sectaire dans sa vision. Jusque-là rien qui dérange vraiment dans la mesure où le discours, d’où qu’il vienne, reste marginal et qu’il est, comme tout discours sectaire, voué à rester un épiphénomène même s’il réussit à capter toutes les attentions, notamment celle des médias attirés par la virulence du ton.
Il y a quelques jours, le Président Ould Abdel Aziz reconnaissait devant les journalistes, le non fondé de certaines revendications sectaires en ces termes : «Ceux qui réclament des droits au nom de certaines franges sociales, est -ce qu'ils les représentent réellement, ou seulement agissent-ils pour leur compte personnel ? Quoi qu'il en soit, ces activistes font la confusion entre le politique et l'humanitaire». Concluant quand même qu’«il s'agit là d'une manifestation du climat de liberté qui règne dans le pays». C’est tant mieux si l’entrevue qu’il vient d’accorder à Abdoul Birane Wane peut servir à apaiser le discours, à rassurer le chef de TPMN sur les intensions futures du pouvoir sur la question… A la veille d’une élection dont les contours restent mal définis et dont les protagonistes sont encore à dénicher, il y a lieu de ratisser large. Quitte à choquer les plus conservateurs des partisans. 

mardi 8 avril 2014

Pas de gouvernement d’ouverture

On est frappé par cette fixation sur la question du gouvernement d’ouverture et sur celle du report «possible» de l’élection présidentielle. Contrairement à ce que laissent entendre les commentateurs, le Président de la République n’a pas été aussi catégorique sur la question du report, pas au même niveau en tout cas que sur celle du gouvernement.
En fait l’exigence d’un gouvernement d’union (ou d’ouverture), n’est plus vraiment à l’ordre du jour. D’ailleurs elle a toujours été plutôt un moyen de pression plus qu’un souci réel des opposants. Elle restera cependant inscrite dans le chronogramme des discussions entre l’Opposition et la Majorité, plus pour la forme. On sait, comme l’a dit le Président de la République que le véritable enjeu pour les élections ce sont les institutions chargées de les superviser comme la CENI, le Conseil Constitutionnel… Celles-là peuvent être l’objet de toutes les transformations.
C’est ici qu’intervient la question des délais. Si la Constitution prévoit les dates des élections notamment de la présidentielle qui doit être organisée trente jours avant la date de la précédente, toute réforme des institutions surtout de la CENI va nécessairement entrainer une révision des dates. Sans doute pourquoi le Président de la République n’a pas été aussi catégorique qu’il l’a été sur le gouvernement. Il s’est contenté d’exprimer un souci, celui d’éviter de se retrouver dans une situation (in)constitutionnel. Si un accord est trouvé et qu’il est décidé de refonder la CENI, il sera nécessaire de toucher la Constitution, d’organiser un référendum (sinon un congrès des Chambres), de relancer le processus de choix des «Sages»… un long processus qui demandera au moins deux mois.
Ce qu’en dit la Constitution : «L'élection du nouveau Président de la République a lieu trente (30) jours au moins et quarante cinq (45) jours au plus avant l'expiration du mandat du Président en exercice.
Les conditions et formes d'acceptation de la candidature ainsi que les règles relatives au décès ou à l'empêchement des candidats à la Présidence de la République sont déterminées par une loi organique.
Les dossiers des candidatures sont reçus par le Conseil Constitutionnel qui statue sur leur régularité et proclame les résultats du scrutin» (Article 26).
Dans le cas d’espèce, le Président actuel a été élu le 18 juillet 2009 et investi le 5 août suivant. Laquelle des dates constitue son début de mandat ? vraisemblablement, le jour de l’élection. Il faudra alors organiser l’élection entre le 7 et 14 juin prochains en ayant en tête que le deuxième tour est 15 jours après, soit le 21 juin si la date du 7 est retenue, soit le 28 si la date est le 14. Dans les deux cas il faudra prendre en compte le timing africain qui impose au Président Ould Abdel Aziz d’être au sommet de Malabo prévu le 26 juin et les délais de recours sans lesquels une élection n’est jamais définitive.  


Préférant insister sur les efforts fournis dans le domaine agricole, il a minimisé les risques de famine dans le pays. de toutes les façons, «nous déployons continuellement des efforts pour nous prémunir des crises alimentaires chroniques et il y a un progrès dans ce sens, à travers la mise sur pied des projets et une meilleure restructuration du secteur de l'agriculture». Rappelant que nous sommes passés d’une couverture des besoins de 35% à 60% aujourd’hui. C’est bien pour faire profiter les véritables agriculteurs et redémarrer le secteur sur de nouvelles bases que les autorités ont consenti l’annulation de la dette du secteur pour une ardoise de 14 milliards.
Insécurité au Sahel, hausse des prix, relations avec les voisins notamment le Maroc, enrôlement des populations, enrichissement illicite, prébendes, rapport Etat-privés, immigration clandestine, terrorisme, éducation, formation, langue, identité, diplomatie… tout y était. Comme pour dresser un bilan et vider quelques-uns des contentieux avec l’opinion publique avant de passer à autre chose.

lundi 7 avril 2014

Le Président devant la presse

L’exercice en lui-même était presque devenu habituel : le Président Mohamed Ould Abdel Aziz donne souvent rendez-vous à la presse pour faire passer ses messages. En plus du fameux «Liqaa Sha’ba» annuel, il n’a jamais hésité à inviter les journalistes à lui poser des questions sans détour. D’ailleurs, c’est bien au cours de l’un de ces rencontres, justement à Nouadhibou, qu’il avait annoncé sa candidature pour l’élection présidentielle de 2009. C’est bien pourquoi, on s’attendait à une autre déclaration de candidature. Il n’en sera rien malgré l’insistance des journalistes.
Le Président Mohamed Ould Abdel Aziz évitera de préciser ses intentions prétextant qu’il existe un processus de dialogue en cours en vue d’arriver à un accord à même d’assurer la participation de tous. il faut donc attendre les conclusions de ce dialogue pour se décider officiellement. Les journalistes finiront par l’irriter à force de revenir sur les questions politiques sur lesquelles il a cru avoir répondu dès l’entame de la rencontre.
On peut ainsi résumer les déclarations du Président sur les élections : Pas de gouvernement d’ouverture ; rien qui puisse mettre le pays dans une situation extra-constitutionnelle ; et tout peut être discuté entre le pouvoir et l’opposition.
«Nous cherchons à créer le climat pour des élections honnêtes et transparentes et qui seront acceptées par toutes les parties». Tout en rappelant que le gouvernement d’union nationale de 2009 n’avait pas empêché l’opposition de remettre en cause les résultats, revenant ainsi sur l’Accord de Dakar. «Quand nous avons reculé les élections locales en 2011, suite à une demande de l’opposition, nous avons cru pouvoir à un consensus. Deux ans après, nous nous installions dans une situation extra-constitutionnelle que les opposants étaient les premiers à dénoncer. Cette attente de deux ans n’a finalement pas permis la participation de tout le monde malgré un accord politique sérieux…»
C’est surtout sur les questions de développement que le Président a préféré s’appesantir. Profitant des questions, il a fait un bilan de son mandat largement positif au regard des chiffres avancés. C’est ainsi que les réserves du pays sont actuellement de plus d’un milliard de dollars, soit l’équivalent de neuf mois d’importations, alors qu’elles n’ont jamais couvert plus de trois mois au meilleur des moments (en août 2005, on était à quelques semaines seulement.
La création de la Zone franche de Nouadhibou est bien sûr l’un des axes de développement sur lesquels Ould Abdel Aziz insiste beaucoup pour faire valoir les acquis de son mandat. Elle est une promesse d’avenir, mais une promesse certaine s’agissant des opportunités d’investissements qui existeront et qui permettront à la région d’être l’une des locomotives du développement du pays.
Tout en reconnaissant les retards pris dans l’exécution des marchés de routes confiés à des sociétés publiques (ATTM et ENER), le Président a expliqué l’absence de sociétés privées par l’absence d’expertise en la matière, «sauf une ou deux sociétés privées, aucune n’est à même de concurrencer ces deux entreprises…» 

Préférant insister sur les efforts fournis dans le domaine agricole, il a minimisé les risques de famine dans le pays. de toutes les façons, «nous déployons continuellement des efforts pour nous prémunir des crises alimentaires chroniques et il y a un progrès dans ce sens, à travers la mise sur pied des projets et une meilleure restructuration du secteur de l'agriculture». Rappelant que nous sommes passés d’une couverture des besoins de 35% à 60% aujourd’hui. C’est bien pour faire profiter les véritables agriculteurs et redémarrer le secteur sur de nouvelles bases que les autorités ont consenti l’annulation de la dette du secteur pour une ardoise de 14 milliards.
Insécurité au Sahel, hausse des prix, relations avec les voisins notamment le Maroc, enrôlement des populations, enrichissement illicite, prébendes, rapport Etat-privés, immigration clandestine, terrorisme, éducation, formation, langue, identité, diplomatie… tout y était. Comme pour dresser un bilan et vider quelques-uns des contentieux avec l’opinion publique avant de passer à autre chose.

dimanche 6 avril 2014

Vivement la MAI

C’est au Terminal 3 de l’aéroport Charles de Gaule qu’il faut prendre l’avion de la Mauritanian Ailrlines International (MAI) pour la Mauritanie. Avec ses deux vols par semaine, la compagnie nationale entend reconquérir sa part du marché dont elle a été longtemps privée à cause de son inscription sur la liste noire. On se souvient encore de cette bataille livrée par les Mauritaniens pour revenir aux normes de sécurité internationales et reprendre les routes du ciel. On se souvient de tout ce que cela a engendré de malaises et de déconvenues. On se souvient de la victoire célébrée après avoir fait beaucoup d’efforts. Aujourd’hui, la Mauritanie est devenue un exemple à tous les pays d’Afrique ou d’Asie ayant connu les mêmes problèmes.
Depuis quelques temps, la MAI dessert Paris deux fois par semaine (dimanche et jeudi). En prenant le vol, on est surpris par le nombre des passagers. Ils sont à peine une cinquantaine dont une bonne partie descend justement à Casablanca au Maroc. Là aussi, c’est une autre contrainte pour la MAI qui, tout en faisant escale à Casa pour desservir cet aéroport n’a pas le droit de prendre de passagers à l’aller, mais seulement au retour…
Ils ne sont qu’une quinzaine en général à aller jusqu’à la destination finale. On peut croire que la MAI manque de communication sur ces dessertes. Comment peut-on comprendre sinon que la compagnie qui offre des avantages financiers nets (le billet aller-retour coûte 221.000 UM), soit la moins pourvue en passagers ? D’autant plus que ses horaires sont très confortables : vous allez et venez le jour du dimanche ou jeudi, en tout cas en plein jour, évitant ainsi les voyages nocturnes fatiguant. Les officiels ne voyagent plus que sur la MAI, mais seulement jusqu’à Casablanca, là ils commencent, chacun à sa manière, à tricher pour prendre quelques points sur les autres compagnies.
Il est temps pour nous de penser à la consommation de ce qui nous appartient. Sinon comment croire à un développement possible ?

samedi 5 avril 2014

Lourdeurs et calculs

Il y a quelques années, fin 2009-début 2010, la société minière Tasiast proposait à la Mauritanie la construction d’un Centre des urgences moderne à Nouakchott pour un coût total de six millions dollars. L’étude de faisabilité et de la formulation du concept a été entièrement financée par la société qui voulait participer à l’effort national visant le développement des infrastructures sanitaires. Une manière d’accompagner la volonté affichée du Président de la République qui commençait à donner une importance particulière au développement des infrastructures sanitaires.
Quand la société minière présenta le projet aux autorités concernées, celles-ci se contentèrent d’abord de laisser la démarche sans réponse. Avant de se rattraper pour proposer que la société commence à construire sur sa part de l’investissement (trois millions dollars) en attendant que la partie mauritanienne se décide.
C’est ainsi que les locaux du Centre des urgences fut construit dans un espace situé entre l’hôpital national (CHN) et celui de la cardiologie. Vous pouvez voir les bâtiments à partir de l’avenue qui les longe. Bien sûr que les ambitions ont été revues à la baisse : plus besoin par exemple de prévoir un «coin» pour l’atterrissage des hélicoptères d’urgence. Mais passons…
Estimant avoir fini la construction de l’immeuble lui-même, la société minière signifia aux autorités qu’il restait un reliquat de huit cents mille dollars. Une manne qui aiguisa d’abord les appétits. Mais «on» se ressaisît rapidement parce que le pourvoyeur des fonds suggéra que la somme soit utilisée pour mettre en place d’un système de distribution des gaz médicaux dans le Centre (oxygène…).  
Un premier appel d’offres a été lancé. Mais les autorités concernées, sachant «qui» elles voulaient pour ce marché, spécifièrent dans le marché une exigence : le compresseur doit être de la même marque que celui qui existe déjà au CHN (hôpital national) et qui a été acheté chez un fournisseur «particulier». Oubliant que spécifier la marque d’un produit relevait de la concurrence déloyale et que cela était formellement interdit par les nouvelles règles régissant l’attribution des marchés. Ce sera justement la raison de l’opposition exprimée par l’Autorité de régulation des marchés quand elle a été sollicitée pour l’adjucation du marché finalement obtenu par le fournisseur favori pourtant proposant l’offre la plus chère.
On déclara le marché infructueux malgré l’existence d’autres offres techniquement valables et financièrement plus favorables. Côté Autorité des marchés, on attend la décision des autorités sanitaires. Côté autorités, on attend visiblement de trouver la formule qui pourrait permettre de donner le marché au plus «proche», au plus «connu des services». Quitte à perdre du temps à réaliser une aussi importante infrastructure que ce Centre des urgences dont la construction a finalement pris près de cinq ans… tout un mandat…