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mercredi 16 avril 2014

Le dialogue, peut-il reprendre ?

Quand ils se sont quittés mardi dernier (15/4), les trois pôles s’étaient bien engagés à se revoir le lendemain mercredi (aujourd’hui) mais sans fixer d’heure précise. Les chefs de délégations devaient coordonner pour finalement convoquer les autres. Pourquoi ce flottement ?
Au cours de la première séance, celle du lundi (14/4), la délégation du FNDU avait butté sur son incapacité à donner son accord sur les dates proposées par l’autre partie. Elle avait demandé alors de suspendre la séance pour revenir à ses instances dirigeantes. Ce qui fut fait.
Le lendemain (mardi), la délégation était revenue pour occuper sa place. Yahya Ould Ahmed Waqf prit la parole le premier pour discourir longuement sur l’objet du dialogue, la diversité et la complexité des thèmes avant de proposer de donner le 1er mai comme deadline. La délégation de la CAP lui opposa que ce délai était loin et qu’il fallait en finir au plus tard samedi (19/4). Ceux de la Majorité opposèrent l’incapacité d’aller au-delà du 21 avril, date limite pour la convocation du collège électoral en respect des dispositions prévues par la Constitution. S’en suivirent quelques fortes tirades qui disaient à peu près ceci : «Vous vous ne êtes jamais soucié de l’ordre constitutionnel. Vous avez ici vos députés qui ont fait plier toutes les règles et toutes les lois. Conformer cela avec les textes est un souci qui est propre à vous, cela ne nous regarde pas. Nous vous disons simplement qu’il nous faut ce délai pour aboutir à quelque chose…» Avant d’entendre Me Lô Gourmo Abdoul de la délégation du FNDU parler de la possibilité «d’un pilotage automatique» et appeler à rester dans l’esprit qui avait jusque-là dominé. Mais ses paroles ne furent pas comprises (probablement parce qu’il a fait une démonstration professionnelle en Français, alors que la majorité des présents sont arabophones).
Au bout de quelques échanges, on comprit que la solution ne pouvait être trouvée dans cette ambiance plutôt tendue. On décida de suspendre en attendant que la délégation du FNDU rende compte à ses instances.
La réunion du FNDU qui s’en suivit verra Ould Ahmed Waqf soutenir fortement le retour à la table de négociations sous prétexte qu’il avait pressenti que «quelque chose pouvait se faire». Ce qui n’était pas l’avis de tous. D’ailleurs, l’un des partis du Forum présentera une note pour dire que la convocation du collège électorale peut se faire jusqu’au 5 mai. Ce qui, aussi, n’est pas l’avis de tous les juristes. Même si ‘on reconnait que cette convocation est décidée par une loi organique qui peut être changée par Conseil des ministres. Mais la confiance n’est pas là.
En fait ce qu’on cherche dans le camp du FNDU, c’est éviter la convocation du collège électoral dans les temps pour dénoncer après «l’inconstitutionnalité» de l’élection en cas de non accord. La délégation de la Majorité, par la voix de son président Me Sidi Mohamed Ould Maham, ira jusqu’à déclarer : «Nous ne sommes pas contre le délai proposé, mais quand nous allons convoquer le collège électoral dans les délais, il ne faut pas crier à la trahison parce que nous sommes obligés de le faire dans les délais légaux. Quitte maintenant à revoir les dates s’il y a lieu…» (en substance)
C’est ainsi que l’esprit «positif» qui avait caractérisé la première phase du dialogue, se perdit un peu. La suspicion revint et avec elle les sous-entendus, les attaques directes ou indirectes… tout ce qui fait peser une lourde atmosphère sur l’ambiance jusque-là bon-enfant.
Les divergences entre les membres de la délégation du FNDU y sont pour beaucoup. Tout comme l’obligation pour elle de toujours revenir à ses instances (elle est sans mandat et son président est prisonnier de la suspicion dont il fait l’objet dans le camp qui n’a jamais été le sien).
A titre d’exemple, chaque délégation des deux autres pôles semblait avoir une feuille de route et un plan de prise de parole préalablement établis. Ce sont les chefs de délégation de la CAP et de la Majorité qui désignent d’autorité ceux qui prennent la parole dans leurs camps. Alors que Ould Ahmed Waqf est toujours obligé de faire le choix parmi tous les doigts levés quand la parole passe au FNDU. Rappelons que le choix du président et des membres de cette délégation s’est fait au dernier moment, au terme d’une querelle interne qui a finalement remis en cause «le premier choix» : Mohamed Ould Maouloud a été remplacé à la présidence de la délégation par Ould Ahmd Waqf, ce qui a ouvert la voie à l’arrivée de Me Lô Gourmo Abdoul, puis les syndicats ont fait leur entrée (syndicats affiliés chacun à l’un des partis concernés et du coup renforçant la présence de celui-ci, le cas aussi des représentants de la société civile), et le nombre des délégations est passé de 7 à 9 et enfin à 11 pour permettre au FNDU de «faire fondre» ses divergences internes. Ce «coup d’Etat» contre Ould Maouloud a eu le soutien de ceux qui ne sont pas vraiment favorables à l’instauration du dialogue. particulièrement ceux pour lesquels toute perspective d’accord pouvant inclure une reprise des élections législatives et municipales.

Aux dernières nouvelles, quelques tentatives de dernière chance sont entreprises pour permettre la reprise du dialogue. C’est dans ce cadre qu’il faut placer la rencontre d’aujourd’hui entre Cheikh Sid’Ahmed Ould Babamine, président de l’organe suprême du FNDU et le Premier ministre qui a la responsabilité de parrainer ce dialogue et qui en est le facilitateur. Il est très probable que tous acceptent le «pilotage automatique» qui consisterait à laisser passer la convocation du collège électoral le 21 avril sans s’en offusquer. C’est déjà ça de gagné.

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