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vendredi 1 novembre 2013

Le pacte de plus ?

Hier, jeudi 31 octobre, plusieurs associations et regroupements de la presse mauritanienne ont été conviés par la HAPA en vue de discuter et de signer un pacte d’honneur, une sorte de déclaration sur l’honneur en vue de couvrir dans les limites «professionnelles» les élections futures. Comme tout pacte de ce genre, le document qui se veut le résultat d’un consensus entre les différentes organisations syndicales de presse, indique quelques principes majeurs :
  1. Le refus de publier tout ce qui peut altérer les valeurs islamiques et l’unité nationale.
  2. Le refus d’altérer l’honneur, les biens et la liberté des individus, tout en respectant le pluralisme dans les idées et dans les orientations intellectuelles.
  3. Le respect du droit du citoyen à avoir l’information et à s’exprimer en toute liberté.
  4. La différentiation entre l’information et la publicité.
  5. Le refus de publier tout ce qui menace la sécurité publique, la cohésion nationale et l’intégrité territoriale.
  6. L’éloignement des discours qui incitent à la division, à la haine et aux conflits personnels.
  7. Stricte observation de la neutralité et de l’égalité entre les candidats durant toute la campagne électorale.
Les signataires ont déclaré leur engagement quant au respect des principes démocratiques, le droit à la différence, insistant sur le souci de renforcer le pluralisme et la liberté en prenant en considération l’intérêt général du pays. Pour le suivi de tels engagements, les signataires ont constitué une commission chargée de suivre le respect de ces engagements et la coordination avec la HAPA et les parties prenantes. Ils s’engagent à faire la publicité de ce document auprès des intervenants politiques et de leurs adhérents.
Ce n’est pas le premier engagement du genre. Ce ne sera pas le dernier. C’est pourquoi, il importait de mettre en place une procédure répressive car il n’est vain de croire que le seul engagement sur l’honneur dans un pays où rares sont ceux qui se sentent engagés par ce qu’ils disent, écrivent ou signent.
Quant à faire la différence entre la propagande (publicité pour tel ou tel candidat, telle ou telle posture), il y a encore à faire plus qu’une déclaration d’intention. Il y a des sites, journaux et autres moyens d’information (TV et radios) qui sont les outils de partis reconnus. Il n’y a aucune honte à cela, mais il est impossible de leur faire respecter les limites élémentaires de la neutralité. Ils donneront la parole plus aux uns qu’aux autres, mettront à nu plus les uns que les autres, couvriront (dans tous les sens) les uns plus que les autres… Que peut faire la commission de suivi ?
Il y a pire : tous ces organes de presse qui ne vérifient jamais les informations, qui ne les démentissent jamais quand il est avéré que ce qu’ils ont écrit est faux, qui ne s’abstiennent jamais de faire les commentaires les plus excessifs sur les uns et les autres, de répercuter les communiqués les plus sectaires, les plus virulents et les plus menaçants pour «l’unité nationale» et la «sécurité publique», genre ces communiqués signés au nom de tribus et qui remplissent nos rédactions en ces jours de pré-élections.
Quand un mouvement se pose en défenseur d’une cause (anti-esclavagiste par exemple), il ne peut être taxé d’«antinational» ou de «menace pour l’unité nationale» quelle que soit par ailleurs sa méthode. Parce qu’il participe, de manière radicale ou non, à l’établissement d’un dialogue autour d’une question d’intérêt public, une question centrale dans le devenir du pays. Mais quand un individu ou un groupe d’individus bougent au nom d’une tribu donnée et expriment par là les velléités de cette tribu, cette expression entre forcément en contradiction avec cette volonté de créer un Etat où toutes les différences de naissance doivent disparaitre. Elle est donc en opposition à ce que nous avons choisi d’être : des citoyens d’un Etat unitaire, égalitaire et équitable pour tous.
Il fallait discuter, le temps qu’il faut, de ces principes et de ce qu’ils recouvrent. Il ne suffit pas d’appeler les représentants des syndicats et regroupements, leur faire signer un document plein de bonnes intentions et lui faire la publicité pour avoir une presse qui respecte les faits et le public, qui refuse le faux et la manipulation, qui veut l’indépendance financière et l’autonomie politique… Non ! Les élections sont conçues comme une période de «faste» pour ces organes de presse qui ne comptent sur aucun soutien financier sérieux et suffisant. Surtout en cette année où l’enveloppe de l’aide à la presse n’a pas encore été distribuée pour l’année 2013…

Encore une fois : «l’argent est le nerf de la guerre». Ici plus qu’ailleurs…

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