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samedi 17 août 2013

Le «salaud lumineux» s’est éteint

On lui colle tous les noms là-bas, chez lui. On le soupçonne de tous les maux. Mais on lui reconnait volontiers un sens de l’engagement et de la prise de risque. Ce qui est extraordinaire pour un avocat français comme Jacques Vergès. Du haut de ses 78 ans, Me Vergès aura dominé tous ses protagonistes.
Ici, nous le regardons en héros. Celui qui a défendu la révolution algérienne à travers Djamila Bouhared qu’il épouse après l’avoir arrachée au sort qui l’attendait, est un anticolonialiste qui est de notre côté et pas de celui de l’oppresseur dominant.
Quand il défend Carlos ou George Ibrahim Abdallan c’est encore notre cause qu’il épouse. Et même quand il défend les criminels, nous le percevons ici comme une tentative de narguer les puissants du monde, de provoquer leur ire pour les amener à se remettre en cause.
Il est venu une fois en Mauritanie pour défendre Baba Ould Sidi Abdalla. Il avait alors évoqué cette Sagesse islamique qui condamne deux cadis sur trois à aller en Enfer.
Il est revenu aussi dans le cadre de l’affaire du trafiquant franco-togolais Eric Walter Amegan qui a fini par sortir de prison. Il intriguait à plus d’un titre. Cela lui faisait plaisir, réellement plaisir.
Il m’avait paru à l’époque un homme studieux, à l’écoute, assagi par tant d’années de combats. Il n’était pas extraordinairement chaleureux. Il donnait l’impression de prendre plaisir à se faire courtiser et croyait qu’il intéressait chacun.
Quand le fils d’un ami, à peine âgé de 12 ans lui demande où il était pendant ses années d’absence, son plaisir est énorme comme s’il disait : «Voyez-vous, même un enfant connait ça et cherche à percer le mystère».

La mort de Jacques Vergès reste un évènement pour les générations qu’il a marquées, pour les histoires auxquelles il a été mêlé, pour les répliques qui vont passer à la postérité, pour ses engagements cinglants, souvent courageux, parfois justes.

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