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mercredi 19 juin 2013

La victoire de l’Iran

A voir les commentaires diffusés çà et là dans les media occidentaux et arabes, on ne peut s’empêcher d’esquisser un sourire ironique. Personne ne semble accepter qu’en Iran, l’alternance par les urnes est aussi possible, surtout qu’elle amène au pouvoir un «modéré». Personnellement je ne sais pas ce que «modéré» peut vouloir dire dans le pays des Ayatollahs, mais à partir des commentaires, j’ai cru comprendre qu’il s’agit d’un homme moderne qui pourrait avoir une ouverture sur le reste du monde, notamment occidental. Même si avoir ces prédispositions ne signifie pas nécessairement être un «homme moderne», c’est quand même bien que ce pays ne soit pas dirigé par un guerrier toujours prêt à tenir les propos les plus extrêmes pour satisfaire on ne sait quel relent de violence.
Les «puissances arabes» ne doivent pas apprécier l’issue heureuse de cette élection présidentielle. Dans son environnement géographique arabe, aucun des pays n’a connu une pareille évolution. Même pas en Irak où les Américains sont venus imposer la démocratie… même ici, c’est une oligarchie Chiite qui règne en maître absolu, commanditant assassinats politiques et confessionnels, pillant les ressources, cultivant la haine… Des monarchies, ne parlons pas.
Peu de lumières ont été braqués donc sur l’évènement qui va pourtant bouleverser les cartes de la région.
Tout, absolument tout, s’est construit ces dernières années sur l’opposition à l’Iran nucléaire et guerrière de Mahmoud Ahmadinejad. Les alliances entre certaines monarchies et les Occidentaux, le soutien aux rébellions et aux groupes armés, y compris ceux qui sont proches d’Al Qaeda, les regroupements régionaux…
Dans ce jeu d’influence, les monarchies du Golfe se proposaient – se proposent toujours – d’étouffer l’Iran en attendant l’assaut final que les Etats-Unis et Israël voulaient – veulent encore – entreprendre contre ce pays. En attendant, le théâtre où s’affrontent les protagonistes est celui qui se passe en Syrie.
Avec l’entrée en jeu du Hezbollah libanais du côté du pouvoir et de l’armée régulière, on s’est vite acheminé vers une confrontation entre les véritables belligérants de la zone du Moyen-Orient : Israël et l’Iran. On a vu que les bombardements israéliens répétés contre la Syrie ont eu pour prétexte de prétendues armes qui pourraient être utilisées contre Israël à partir du Sud Liban. En fait le seul «ennemi» que l’Etat hébreux craint et pour lequel il a de la considération, est bien le Hezbollah. Tout affaiblissement du mouvement chiite sert Israël d’abord, ses alliés ensuite.
On est mal à l’aise en Occident et dans le Monde arabe quand on parle de cette élection qui a permis le passage de Hassan Rohani, le plus «modéré» des candidats, le moins attendu visiblement… pour qui ? Seulement pour ceux qui construisaient une image de l’Iran, une image négative d’un pays qui sombre sous la dictature et dont les biens servent à soutenir les économies occidentales par des investissements aussi faramineux qu’inutiles (achat de clubs de football, construction d’immeubles dans les grandes métropoles européennes, acquisition d’îles touristiques, de yachts, de casinos, de harems… dans un pays comme celui qui nous est décrit quotidiennement, on ne peut parler de démocratie, ni d’élection libre et transparente. Même si cela arrive. 

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