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samedi 5 janvier 2013

Manque d’animateurs


Le phénomène des radios et télévisions privées me permet de faire un constat : ce qu’on reprochait à Radio Mauritanie et à TVM en matière de compétences à diriger les débats, à donner l’information, à présenter les dossiers d’information, n’est pas inhérent aux institutions mais relève des capacités intrinsèques des Mauritaniens à animer… Il suffit de suivre l’une des émissions de débat sur n’importe quelle nouvelle chaine privée pour s’en convaincre. Si l’on excepte Mohamed Mahmoud Ould Eoulmaaly de Radio Nouakchott, vous êtes fatalement en face d’un journaliste qui ignore complètement et le parcours et la personnalité de son invité et les sujets dont ils peuvent parler. La tendance est de couvrir cette ignorance, soit par une agressivité excessive qui prend vite l’allure d’un affrontement qui n’a pas sa raison d’être, soit par l’effacement devant l’interlocuteur.
J’ai suivi plusieurs personnalités politiques et culturelles répondre à des journalistes évidemment mal préparés à leur faire face. Alors que la direction d’un débat est d’abord une question de préparation. On n’invite pas Hamden Ould Tah quand on ne sait pas quoi lui demander. Ni Bedredine, ni Ould Maham, ni Sarr, ni Ould Messaoud… quand on ne sait de ces gens que ce qui se rapporte à l’actualité, quand on ne connait pas le background qui a produit chacun de ces hommes, le parcours de chacun, l’interview que l’on espère risque de tourner au ridicule. Et c’est souvent le cas…
Et l’on revient à cette culture de la médiocratie qui fait que tout Mauritanien se croit spécialiste en tout (‘aalimou koulli vannin) et peut donc parler de tout et avec n’importe qui. Cela a donné cette fameuse émission présentée à la radio et à la télévision et où la concurrence entre le faqih et le médecin est très forte, chacun voulant répondre à toutes les questions. Genre de réponse fatale : «…hadha hraam ‘liik itçoum…» du médecin et/ou «…hadha yalla t’iss min kadha biih illi mahu ma’loum viik…». La première réponse qui relève du «licite ou de l’illicite» est celle du médecin, la seconde qui est du domaine de la santé est du faqih. On intervertit facilement les rôles parce que chacun se croit investi d’une compétence naturelle à répondre à tout.
Et pour revenir aux interviews, débats et émissions d’enquêtes sur les nouvelles chaines, nos jeunes confrères gagneraient à bien préparer leurs sujets pour pouvoir tout dévoiler de la personnalité de leurs interlocuteurs. Sans risque pour eux.

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