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mardi 18 décembre 2012

Dans la ligne de mire


L’information qui a fait l’actualité de cette journée, c’est celle publiée par la plupart des sites et sur toutes les ondes «libres» : le limogeage du Directeur de Cabinet du Président de la République, Dr Isselkou Ould Ahmed Izidbih. Et chacun d’y aller dans sa «petite» explication pour justifier ce limogeage supposé… «supposé» parce qu’il n’en était rien, absolument rien.
Dès le début, n’importe qui pouvait avoir la vraie information mais qui veut la «vraie information» ? On a souvent parlé ici de cette propension à privilégier la rumeur par rapport à l’information et finalement à accorder plus de crédit au «supposé» plutôt qu’au fait. Une culture qui devient dominante avec l’usage de l’internet. Mais revenons à Ould Ahmed Izidbih et à la campagne dont il est la cible.
Il faut comprendre que l’intellectuel qu’il est – docteur en mathématiques, maitrisant parfaitement l’écriture – a rompu avec l’idée du «Dircab» se mêlant de tout, donnant l’impression de garder les secrets, se suffisant à une relation orale avec son patron, pratiquant la délation dans le système des rapports quotidiens, utilisant inconsidérablement les fonds mis à sa disposition pour avoir «sa» clientèle et «ses» réseaux… Il est déjà dérangeant pour tous ceux qui veulent le maintien des anciens réflexes.
Son passage à l’Université de Nouakchott, l’a obligé à «se frotter» aux organisations estudiantines affiliées à la mouvance islamiste. Il a réussi à faire face à leur mainmise sur l’université, ouvrant un front avec les étudiants et leurs «inspirateurs». Arrivé au Cabinet, il a «amené» avec lui ces animosités qui ont pris l’allure d’une forte haine ouvertement exprimée par tous les symboles et les sympathisants de la mouvance. Il a fini par paraître comme le seul responsable – ou même intellectuel – faisant obstacle à l’hégémonie islamiste sur la scène politique.
Il est accusé d’avoir créé un «cabinet de l’ombre» dédié à une contre-campagne médiatique, véritable rempart à la propagande islamiste et prenant du coup le contrepied de l’Opposition. En l’absence d’autres voix, celle de Ould Ahmed Izidbih a sonné comme une provocation de plus, une résistance de trop d’un système que l’on espérait affaibli. D’où la cristallisation contre la personne.
Autre «péché» de Ould Ahmed Izidbih, c’est de ne pas pouvoir se laisser confiner comme le représentant d’une entité tribale, régionale ou politique particulière. Ce qui est dérangeant pour les esprits de chez nous plutôt portés vers la facilité de ranger chacun dans un petit casier pour ne jamais l’en sortir.
Tout pour être dans la ligne de mire de ceux qui font l’opinion – ou qui croient la faire. Et qui sont de plus en plus décrédébilisés par ces campagnes autour de fausses informations jamais démenties par leurs propagateurs.

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