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mercredi 7 novembre 2012

Sur la route d’Aïoun

A partir de Kiffa, la route est éprouvante. En plus de trois ans de travaux, l’ATTM n’a réalisé que 40 kilomètres de la route qui relie Kiffa à Tintane. 40 km sur 140, même pas le tiers. On dit que l’entreprise, filiale de la SNIM, a eu tellement de marchés ces dernières années qu’elle a été incapable d’honorer ses engagements. Elle a été alors obligée de procéder à une priorisation de ses chantiers. Elle aurait placé celui de la route Kiffa-Tintane en dernier lieu. Difficile à croire quand on sait que cette route relie le pays profond à sa capitale. Qu’elle est empruntée quotidiennement par une partie des camions ravitaillant le Mali frère. Que c’est de ces régions que la population est alimentée en viande et, en partie, en céréales.
Alors nous est restée la deuxième hypothèse. Quand Yahya Ould Hademine a été nommé ministre et qu’il a été remplacé par le jeune Mohamed Ould Bilal, celui-ci aurait changé toutes les directions, y compris la technique. Il aurait cherché à installer des hommes nouveaux, soit parce qu’il cherchait en eux un système à lui, soit parce qu’il estimait que tout nouveau directeur devait changer pour dire à ses collaborateurs qu’ils pouvaient être changés. Non contents des choix faits, il y a eu une nonchalance au sein du personnel, laquelle a sérieusement compromis l’ordre et le rythme de travail.
En tout état de cause, il y a quelques mois, un nouveau matériel a été acquis par l’entreprise grâce notamment à l’intervention de la Présidence. Il y a quelques jours, le Président Ould Abdel Aziz ordonnait, de son lieu de convalescence près de Paris, au ministre de donner un coup d’accélérateur aux travaux sur cette route. Bouchées doubles et visites de terrain. Les ouvrages sont en voie de finition sur toute la route et les travaux se font de façon plus visible désormais.
Mais en attendant, il vous faut trois à quatre heures pour passer les 140 kilomètres entre Kiffa et Tintane. At quand vous arrivez à Tintane vous êtes si mal en point qu’il vous faut une heure de repos pour reprendre.
Tintane, toujours un projet (ou en projet). Au fond de la cuvette, l’eau est toujours là, stagnante, emplissant les rues, mais aussi certaines habitations, créant une nouvelle flore et certainement une faune d’insectes mutants. Ce qui n’empêche pas une partie de la population de revenir habiter dans les maisons dégagées. La cuvette revit sans que personne ne pense à cultiver ses terres fertiles. La paresse et le manque d’encouragements.
Sur la grande dune s’étendent deux routes en passe d’être goudronnées. On voit pousser quelques belles demeures. Ici celle du député islamiste qui fait désormais concurrence à l’ancienne demeure – un château en fait – de l’ex-président de l’Assemblée nationale du temps de Ould Taya, l’ancien colonel Cheikh Sid’Ahmed Ould Baba. Le modèle PRDSien s’impose dans ces contrées. Chaque acteur politique – du plus conservateur au plus révolutionnaire – se croit obligé de construire une maison imposante d’abord par ses dimensions, son style, ensuite par ses couleurs et son emplacement. Le souci est d’être le plus visible possible, le plus détonant par rapport à l’environnement – là ce n’est pas difficile au milieu de constructions plutôt sommaires, reflétant la pauvreté des propriétaires, sans prétention pour dire l’humilité ambiante -, et le plus imposant parce que cela participe de la notoriété.
J’ai toujours cru que la révolution, le changement pour être plus précis et moins utopique, consistait à avoir une classe politique novatrice par la rupture avec les méthodes du PRDS, plus proche du peuple, incarnant ses états et évitant de le provoquer par l’affichage de ses richesses. Ce n’est pas visiblement la classe politique d'aujourd'hui qui va réconcilier Morale et Politique…

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