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mardi 29 mai 2012

Le Nord et le Sud


Le Mali semble s’enliser. Comme si ce pays qui a tant offert à l’Humanité, n’intéressait plus personne. Ce qui s’est passé, c’est qu’avec les décisions précipitées de la CEDEAO, la crise a été confiée à un médiateur intéressé, le chef d’Etat burkinabé Blaise Compaoré. Cela s’est traduit par un retour à la constitutionnalité qui s’est soldé par la désignation de N’Diocounda Traoré, président de l’Assemblée nationale, puis d’un Premier ministre en la personne de Modibo Diarra l’astrophysicien de renommée internationale. le premier manque de force, le second de légitimité historique et de compétences politiques à même de lui permettre d’impulser une solution malienne à la crise.
La transition devait durer 40 jours, comme prévu par la Constitution. Ce qui a occasionné une crise entre la CEDEAO et la junte militaire qui n’a jamais effectivement quitté le pouvoir. Cette seconde crise a révélé la fragilité et les insuffisances de l’accord signé entre la junte et la CEDEAO. Déstabilisant encore plus le pouvoir central et les Institutions nationales maliennes. Enfonçant encore le pays tout entier dans la déconfiture…
C’est comme si les frères de la CEDEAO appuyaient le Mali dans sa chute dans l’abîme. Et y poussaient encore.
Parallèlement, le Nord prend le large. Avec l’accord signé entre ceux de Ançar Eddine et ceux du MNLA et la naissance de l’Etat islamique en plus des menaces qu’elle fait peser sur les pays voisins (voir la page de dimanche), elle renforce la partition du pays en éloignant plus le Nord du Sud.
Elle est aussi source de guerres civiles qui peuvent prendre l’allure de confrontations ethniques, et même tribales. Les Touaregs n’étant qu’une partie du peuplement de l’Azawad, ils ne peuvent prétendre décider de la destinée de ce territoire. Quelles parts pour les autres ethnies qui veulent rester rattachés au Mali et qui rejettent l’application de la Chari’a ?
C’est pourquoi tout le monde s’est précipité pour condamner cette union jugée contre-nature par ceux qui croient que le MNLA est en position d’imposer quoi que ce soit. Seul, Djibril Bassolé, le ministre burkinabé, médiateur dans la crise, y a trouvé l’avantage d’avoir un seul interlocuteur… Cela en dit long sur la lecture que le médiateur fait de la scène malienne. Une lecture qui aurait dû le disqualifier dès le départ.
Plus le temps passe, plus les groupes jihadistes se renforcent, plus l’entreprise de les déloger sera plus difficile à réaliser. Le temps est pour eux. Ils ont l’armement libyen, celui de l’Armée malienne récupéré en excellent état… Les recrutements reprennent et l’afflux des combattants est évident.
On peut envisager que la création d’un Jihadistan dans l’espace sahélo-saharien va permettre de déstabiliser non seulement le Maghreb, l’Afrique de l’Ouest, mais aussi l’Europe. Et si les Somaliens ont pu faire régner la terreur en Mer Rouge, ceux de cet espace menaceront à terme l’espace méditerranéen, voire atlantique. Surtout si la stabilisation de la situation en Libye prend du temps ou si elle s’avère impossible comme cela est probable.
La menace pèse sur tous ces espaces et sur leurs habitants. C’est aux pays de ces espaces de trouver la solution. En commun.

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