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mercredi 30 mai 2012

Du Conseil de l’Iftaa


C’est une nouveauté introduite la semaine dernière pour remplir un vide que n’arrivaient pas à combler ni le Haut Conseil Islamique, ni le Médiateur de la République. La nouvelle institution sera chargée de la production de fatwas officielles sur les questions qui nous concernent. Elle recueillera aussi les plaintes des citoyens qui n’ont pas accès aux juridictions et/ou qui auront été incapables d’arracher leurs droits de plus forts.
Nous avons tous dernièrement noté cette propension de l’univers des érudits à produire des fatwas sans discernements et d’en parler publiquement. On se souvient encore de ce Conseiller du PM qui soutenait que les femmes n’avaient pas droit d’accéder aux postes de commandement. Ou de ceux qui parlent «d’esclaves» et de «maîtres» dans un pays sensé avoir aboli l’esclavage et toute forme de privilège social pour instaurer l’égalité de ses citoyens. C’est la première bataille qui doit mener ce Conseil dont le président, Mohamed el Mokhtar Ould M’Balle, et les membres sont incontestables et bénéficient d’une grande notoriété au niveau des élites et au niveau populaire.
Nous en attendons qu’il se prononce sur une forme de centralisation de la production de la fatwa. Qu’il soit expliqué que seuls les avis de ce Conseil valent officiellement sur l’ensemble du territoire et qu’ils tiennent lieu d’autorité. Qu’on rompre aussi avec un certain informel qui fait que n’importe qui pouvait soutenir n’importe quoi…
En 1981, au lendemain du 16 mars et alors qu’on attendait la réponse du chef de l’Etat de l’époque, le colonel Mohamed Khouna Ould Haidalla, le Premier ministre avait reçu un groupe de Ulémas qui se sont empressés de produire une fatwa interdisant au président du CMSN de gracier les putschistes sous prétexte de devoir affronter les ayant-droits. Ils seront exécutés.
Plus proche de nous, en 2009 et alors que la Mauritanie avait gelé ses relations avec Israël en attendant la rupture annoncée, le Président Ould Abdel Aziz avait reçu une fatwa signée par plusieurs de nos érudits lui interdisant d’aller à la rupture avec Israël sous prétexte que cela mettrait le pays en danger.
Ne parlons pas de toutes les réponses hâtives aux questionnements, souvent mal formulées, de nos concitoyens qui cherchent toujours «à mettre la chose au cou d’un Erudit pour en sortir indemne». L’adage qui voudrait que quand vous avez l’avis du ‘Alem, vous n’avez plus à vous en faire.
Ce Conseil doit frapper vite et fort pour se ménager une place dans un espace politisé à l’extrême et très hostile à cette centralisation. Il faut dire que, comme la politique, la religion est devenue une source de revenus pour beaucoup d’entre nos Erudits et de nos …activistes. Ils la prennent en otage.

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