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jeudi 26 avril 2012

Abidjan, un an après


Réveil très tôt, le décollage pour Abidjan est prévu à 5 heures et quart. Avec un groupe de journalistes (publics et privés), nous devons accompagner le Président de la République Mohamed Ould Abdel Aziz, invité comme observateur au sommet extraordinaire de la CEDEAO. Le sommet doit traiter des crises malienne et bissau-guinéenne. La Mauritanie et l’Algérie sont présents comme «pays du champ».
Sans le dire, la CEDEAO comprend qu’il ne peut rien se passer sans ces pays du champ avec lesquels il faut compter le Niger. C’est pourquoi elle tient à leur présence.
C’est l’occasion de revoir Abidjan où je n’y suis pas allé depuis cette visite du Panel du CPS de l’UA chargé de régler la crise postélectorale. Notre pays qui dirigeait le CPS à l’époque présidait ce Panel de chefs d’Etats. Entre «la République du Golf» - c’est comme ça qu’on appelait à l’époque le camp du président élu Alassane Dramane Ouattara, retranché à l’hôtel du Golf sous la protection internationale -, entre cette République et celle de Gbagbo qui s’entêtait à vouloir rester au pouvoir, le dialogue était impossible.
En réalité la mission africaine était piégée par l’engagement de certains de ses membres. Le burkinabé Blaise Compaoré était le principal soutien de Ouattara, alors que Gbagbo bénéficiait du soutien indéfectible du sud-africain Zuma. Et derrière se profilait le marionnettiste Sarkozy qui avait décidé d’en finir avec Gbagbo. Les pressions venaient de toutes parts pour empêcher tout accord.
Pendant ce temps, c’était le peuple ivoirien qui souffrait les affres d’une guerre civile imposée par des agendas extérieurs. Un an après, on veut bien croire que la légalité retrouvée, tout a changé en Côte d’Ivoire. Il est vrai que les images des confrontations, des balles perdues, des dommages collatéraux, que ces images ne sont plus visibles au quotidien. Mais la haine est là. Le désespoir aussi, ainsi que la perte de foi. Les gens qui circulent dans les rues semblent réservés, comme s’ils attendaient un signal. Lequel ? Celui de reprendre le chemin de la guerre ? Pas forcément. Celui de contester la satellisation de leur pays ? Sûrement pas. Celui de se rebeller à nouveau pour imposer un ordre nouveau ? Peut-être pas.
Ils attendent… Au sommet, on est surpris par l’atmosphère qui règne. On n’a pas l’impression que nos interlocuteurs ivoiriens nous disent tout. Pourtant ils se plaignent. De la hausse des prix, de l’insécurité endémique, de l’absence de perspectives politiques et sociales, du chômage, de l’économie qui ne redécolle pas, de l’espoir qui ne revient pas…
On tourne tout de suite la discussion vers la victoire de Chelsea, le club anglais qui compte parmi ses joueurs quelques «éléphants» dont Didier Drogba, l’artisan de la victoire du club contre la plus belle équipe d’Europe, le Barça. C’est quelque chose qui fait briller l’étoile ivoirienne en ces temps d’obscurité qui durent depuis… qui ne finissent pas de durer…

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