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jeudi 19 janvier 2012

Les ramasseurs de coquillages


Ils étaient des dizaines à manifester devant le Parlement pour sensibiliser autour de leur problème : on vient de leur interdire l’exploitation de la zone du nouvel aéroport pour extraire le coquillage.
Ils sont des dizaines de jeunes et de moins jeunes qui se rendent chaque jour à quelques vingt kilomètres au nord de Nouakchott. Leurs journées commencent vers six heures du matin pour ne se terminer qu’au coucher du soleil. Avec leurs pelles, ils creusent dans les sebkhas et isolent, grâce à l’utilisation de grands tamis, le coquillage qui sert dans la construction dans la ville de Nouakchott. C’est toujours grâce à leurs pelles et leurs bras qu’ils chargent les bennes et camions qui sont vendus par leurs propriétaires aux consommateurs de la ville. Eux vendent la force de leurs corps, en mangeant et en buvant peu (surtout mal) à des exploitants qu’on ne voit jamais : ce sont les intermédiaires, chauffeurs de camions ou pas, qui sont visibles.
On les côtoie quotidiennement mais peu de gens s’intéressent à leur situation. Ni syndicat, ni ONG, ni organe de presse, ni élu… personne ne s’est jamais intéressé à ce monde qui évolue en marge de la société. Jusqu’au jour où les autorités ont décidé de fermer cet espace à l’exploitation…
Pas même les associations de défense de l’environnement ne se sont inquiétées de l’exploitation abusive du coquillage dans ces dépressions nées de régressions marines anciennes. Pas même le ministère dédié à l’environnement.
Pas même le ministère de la santé pour s’inquiéter des conditions de vie de ces citoyens. Non plus les associations des Droits de l’Homme.
Peut-être qu’il est temps pour tout ce monde de regarder du côté des ramasseurs de coquillage pour soulager leurs peines.

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