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mercredi 13 juillet 2011

Comment comprendre notre Justice ?

Quoi qu’il advienne, notre Justice nous surprendra toujours. C’est à se demander si elle est assez mature pour assumer complètement l’indépendance dont elle doit jouir. Il n’y a pas longtemps, l’instrumentalisation était évidente. Les hésitations révélaient une Justice incapable d’avoir d’intimes convictions, si elle n’est pas juste une caisse de résonance ou une boîte de réception de dossiers mal ficelés par la police qu’elle était obligée de suivre. On disait qu’elle avait toujours tendance à couper la poire en deux en cherchant à satisfaire tous les pans de la société. On a cru un moment cette période révolue. Deux jugements, dans deux affaires que rien ne lie, viennent de nous révéler une face cachée, des voies impénétrables, une attitude illisible.
Je me souviens qu’il y a quelques années, la police nous avait inondés de déclarations concernant le trafic de drogue qui était, pour la première fois, mis à nu par les autorités. On avait alors expliqué les affaires révélées par l’absence désormais de couvertures à l’intérieur de l’Appareil. Des filières furent démantelées selon les déclarations de la police, ainsi que les enquêtes menées ici et là. On a cru que la Mauritanie avait enfin mis fin aux réseaux qui se développaient impunément, favorisant une économie souterraine vicieuse.
La Cour d’Appel vient de nous révéler que tout ce qui a été dit et révélé par l’enquête était faux. Il n’y a jamais eu de filières, jamais eu de trafiquants, jamais eu de receleurs, ni de dealers, ni de convoyeurs. Que par conséquent, les quantités de cocaïne qu’on nous avait présentées à l’époque étaient de la farine. Que les Juges ayant présenté l’opération de destruction de cette «farine» faisaient semblant. Bravo !!! après tant d’années, en fait 4 à 5 selon les affaires. Il faut en tirer les conclusions nécessaires : les policiers et les juges qui ont enquêté sur l’affaire ont construit toutes les preuves et falsifié la vérité. Au nom de la communauté nationale, nous avons aujourd’hui le droit de les poursuivre pour faux et usage de faux. Je propose aux heureux acquittés de demander des dommages et intérêts après tout le mal qui leur a été fait.
Cette Justice qui a eu l’audace de rendre caduques toutes les révélations du dossier de la drogue, a été incapable de rendre un verdict dans l’affaire de Ahmed Ould Khattri, cet ancien directeur des PROCAPECs emprisonné depuis plus de deux ans, sans jugement. Il n’a pas suffi apparemment de le priver de sa liberté tout ce temps, mais il a fallu aussi empêcher la conclusion de son affaire. Il est vrai que l’accusation avait quelque mal à prouver quoi que ce soit, il est vrai que les Juges avaient du mal à avoir l’intime conviction de la culpabilité de l’intéressé, mais de là à s’abstenir de rendre le verdict, il y avait un pas qu’il ne fallait pas franchir. Pour ce qu’il comporte de non-dits et de présupposés.
Bravo quand même ! nos Juges savent ce qu’ils font et font très bien ce qu’ils savent… faire. Couper la poire en deux. Et toujours nous surprendre. Parfois nous intriguer.

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