La célébration de la fête du 3 mai a coïncidé
avec le lancement officiel de la radio privée Mauritanid FM (MFM). Dans la
réalité, elle émet depuis quelques semaines. Et déjà elle est la première radio
écoutée à Nouakchott. La couverture des informations, le pluralisme de
l’expression, les débats, l’implication des auditeurs… tout cela participe à
donner une longueur d’avance considérable à la première radio privée du pays.
Depuis l’expérience de la Radio citoyenne
durant la première transition, on n’a plus d’inquiétudes concernant les dérives
verbales sur les ondes. Les émissions et les échanges sur les ondes MFM
confirment la responsabilité de l’auditeur mauritanien, à quelque niveau que ce
soit…
Nombreux sont ceux qui s’inquiètent pour la
Mauritanie qui risque selon eux des dérives inévitables. Oubliant que "là où croît le péril, croît
aussi ce qui sauve", selon l’heureuse
expression du poète allemand Friedrich Hölderlin.
«Ce qui sauve», c’est, à la base, cette liberté
d’expression qui ne s’use que si l’on ne s’en sert pas. L’un des maux de notre
société d’aujourd’hui, c’est justement le refus d’en user, voire d’en abuser.
Au lieu d’assumer nos écrits et nos
positionnements, certains d’entre nous, par lâcheté plus que par peur des
conséquences, préfèrent utiliser l’expression sous le couvert de l’anonymat.
Ceux d’entre nous qui cherchent à réhabiliter les réflexes anciens, restaurer
l’ordre qui prévalait, préfèrent les graffitis, les tracts… et donc fatalement la
vulgarité dans l’expression, les excès dans le langage. Ce qui participe à la
décrédibilisation de la parole publique, déjà largement entamée. Et fait partie
des aspects de la résistance engagée pour empêcher les transformations de notre
société.
En ces heures de questionnements, nous avons
besoin d’entendre nos intellectuels indépendants, au sens de l’autonomie. Pas
ceux qui sont liés à la ligne d’un parti ou d’une idéologie de parti. Pas ceux
non plus qui se réclament d’une orthodoxie stérile.
Nous avons besoin d’une conscience critique et
libérée des pesanteurs qui nous empêchent d’avancer. Nous avons besoin d’une
explosion de créativité et de création pour nous miroiter des pâturages
meilleurs vers lesquels nous pourrons nous diriger. Nous avons besoin
d’affirmer notre diversité dans l’unité de notre espace…
…De quoi fonder une
société égalitaire, une conscience citoyenne fondée sur le principe de la
solidarité, ayant pour seul objectif l’accomplissement de l’homme et son
émancipation. Son bonheur en somme.