Le
coronavirus – dénommé désormais COVID19 – fait des ravages. La peur voire la
terreur accompagnant les épidémies s’intensifie. Dans un Monde déjà affecté par
les plaies causées par les dérèglements climatiques, économiques et sociaux, la
méfiance est à son paroxysme. Cette maladie impose une sombre atmosphère où
l’individualisme se confond fatalement avec l’égoïsme, parce qu’elle engendre
le réveil des instincts primitifs et des replis mortifères. Il en naît une
sorte de chao dans l’intelligence des choses et dans les comportements des
moins audacieux qui y voient l’«opportunité» de se défaire de toutes les
réserves morales qui régulent leurs propos et leurs actes.
Dans
notre espace, l’effet de l’épidémie – pandémie – est là : la culture des
clivages, des sectarismes, l’appel aux instincts primaires dans les «identités
meurtrières», l’excès dans les paroles dites souvent sans discernement, la
violence dans les actes irréfléchis… cela arrive quand la Raison dérive.
Quoi
qu’on dise cependant, rien ne justifie cette hystérie qui se déchaîne à travers
les réseaux sociaux, par messages audio, visuels (et audiovisuels) si ce n’est
l’incompétence et la mauvaise foi.
L’incompétence
parce qu’il s’agit du refus d’imaginer un monde meilleur, de le proposer
ensuite de façon intelligible et acceptable pour la plupart d’entre nous. Une
incompétence qui délégitime les revendications parfois les plus «normales»
parfois les plus «justes». Une incompétence qui pousse à choisir la paresse
comme attribut de la démarche suivie. Réduisant le champ de l’intelligence au
strict appel au premier degré du sens, celui qui marque la régression de
l’humaine condition.
La
mauvaise foi sert à couvrir l’incapacité à produire un discours rationnel, un
plaidoyer puissant développant un argumentaire imparable. La force de la vérité
s’inscrit toujours dans la justesse des propos. La mauvaise foi est aussi une
parade au refus de reconnaître les manquements du passé récent, «les absences»
répétées sur le champ de bataille quand ce ne sont pas les complicités avec les
forces réactionnaires et maléfiques qui ont fait peser une chape de plomb sur
cet espace d’infinies plénitudes.
L’incompétence
et la mauvaise foi empêchent certains parmi nous de voir tous ces feux au vert.
Ils préfèrent alors freiner des quatre fers au risque de causer des
embouteillages et des accidents constituant ainsi des goulots d’étranglement
dans la marche inexorable du Progrès.
Non !
Non ! et non !
La
Mauritanie d’aujourd’hui a besoin de consolider le front intérieur. Les Mauritaniens,
plus que par le passé, doivent se donner la main pour préserver ce climat de
sérénité où les promesses d’une équité sont réelles, où une gouvernance neuve
et nouvelle s’installe, et où il fait mieux de vivre quelles que soient par
ailleurs les appréhensions que nous pouvons avoir les uns et les autres.
Le
rendez-vous de l’Etat de droit, de la citoyenneté solidaire, de la justice
sociale vivante, de la tolérance active, de la culture innovante et productive,
bref le rendez-vous de la Modernité dans tous ses états ne peut être gagné que
si nous avons conscience du moment et de son caractère exceptionnel.
La
rupture avec le passé pesant – et clivant – commence par le rejet des discours
haineux, la condamnation des relents racistes et des revendications sectaires
(ethnicistes, tribalistes et/ou régionalistes).
La refondation exige le
calme parce qu’elle a besoin de savoir raison garder. Elle a besoin de chacun
de nous pour endiguer «les inspirations contagieuses» du moment, celles qui,
comme le coronavirus (Covid19), semblent s’étendre inexorablement, produisant
une atmosphère chaotique où la musique est un bruit, où les mots sont des
flèches empoisonnées, où le dialogue est une cacophonie.
Ould Oumeir
(Horizons quotidien du
2 mars)
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