Kanawal,
un quartier à l’entrée sud de la belle ville d’Atar. Un quartier qui a son
histoire qui pèse dans la somme de l’Histoire de la région de l’Adrar. Un
quartier qui a son caractère : festif, ouvert, cosmopolite mais aussi
laborieux et organisé.
C’est
naturellement dans ses grands espaces publics que s’organisent les veillées
autour d’une partie de pétanque, d’un med’h, d’une soirée folklorique… C’est
ici aussi que s’organisent les grands tournois à l’occasion de la guetna, ce
festival des dattes qui est l’occasion de célébrer la culture oasienne très
profonde. Ici, la guetna est d’une ampleur et d’une couleur qu’on ne lui
connait nulle part ailleurs. Kanawal devient un point de convergence où une
partie du pays se retrouve le temps d’une célébration…
Cette
année, le mawsim de Kanawal risque d’être privée de l’une de ses manifestations
majeures : le tir à la cible. L’organisation qui la prend en charge est
traversée par une profonde crise de leadership.
La
justice, comme à son habitude, a ajouté à la confusion dans ses décisions en
faveur de l’une ou l’autre des parties prenantes dans un conflit qui a fini par
prendre les allures d’un mauvais scénario et d’un tout aussi mauvais jeu de
rôles. Du coup, deux directoires pour l’union nationale du tir à la cible. L’exercice
qui s’est transformé en sport noble ces dernières années, est devenu l’objet
d’enjeux financiers considérables. D’où la lutte acharnée autour de son
leadership.
Devant
cette confusion, le ministère de la culture, ministère de tutelle, n’a pas
trouvé mieux que de demander la suspension des activités de l’union. Il
suffisait pour cela d’arrêter l’approvisionnement en munitions dont la
traite est la première source de revenus de l’activité. Avec l’arrêt de
l’activité, c’est tout un pan du festival (mawsim) de Kanawal qui se trouve en
danger.
En
effet depuis près de deux décennies, des concours de tir étaient organisés
pendant ce festival. Ce qui drainait des activités économiques dont profitaient
d’abord les populations laborieuses de l’Adrar. En plus des échanges sociaux et
humains qui participaient à alléger la souffrance de ces populations
confrontées au dur labeur de la culture oasienne qui est d’abord marqué par la
carence de l’eau notamment et par l’hostilité du climat avec les chaleurs
excessives.
Cette
année, la guetna a été visiblement mauvaise, les problèmes d’approvisionnement
en eau potable se posent encore et la culture maraichère a été à son plus bas
niveau. La saison du festival était donc plus attendue que par les années
passées. Perçus comme un moment d’exceptionnelle abondance, les quelques jours
d’activités sportives et culturelles qui animaient la ville d’Atar permettaient
à des commerces de prospérer l’espace d’un temps certes court, mais intense.
L’absence du concours de la cible cette année remet en cause ce fil d’espoir,
cette soupape qui permettait de faire passer un souffle d’oxygène.
Les
étrangers ont tué la région en la déclarant zone rouge. Les caprices du
climat ont eu raison de la légendaire endurance des habitants d’une région
longtemps habitués à vivre de la sueur de leurs fronts – ils sont les seuls
dans l’espace Bidhane à faire du travail une valeur. Il ne faut pas qu’une
décision rapidement prise prive ces populations et cet espace d’une aubaine qui
peut paraitre peu mais qui est beaucoup dans un environnement fait de rareté.
Le
règlement des contentieux autour du leadership ne peut pas bloquer les
compétitions prévues pour ce mawsim de guetna en Adrar. Parce qu’il va prendre
du temps, parce qu’il exige une réelle prise de conscience des autorités et des
pratiquants autour des véritables enjeux financiers et sécuritaires (surtout)
du tir à la cible.
La
décision prise par les autorités n’a pas pris en compte le sentiment de
dizaines de pratiquants de ce sport. Elle a ignoré aussi l’intérêt des
populations locales pour ce qui est devenu un grand moment social, culturel et
économique pour des régions où le tir à la cible est une activité
traditionnelle.