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jeudi 2 juillet 2015

Il faut sauver la saison de Kanawal (de l’Adrar)

Kanawal, un quartier à l’entrée sud de la belle ville d’Atar. Un quartier qui a son histoire qui pèse dans la somme de l’Histoire de la région de l’Adrar. Un quartier qui a son caractère : festif, ouvert, cosmopolite mais aussi laborieux et organisé.
C’est naturellement dans ses grands espaces publics que s’organisent les veillées autour d’une partie de pétanque, d’un med’h, d’une soirée folklorique… C’est ici aussi que s’organisent les grands tournois à l’occasion de la guetna, ce festival des dattes qui est l’occasion de célébrer la culture oasienne très profonde. Ici, la guetna est d’une ampleur et d’une couleur qu’on ne lui connait nulle part ailleurs. Kanawal devient un point de convergence où une partie du pays se retrouve le temps d’une célébration…
Cette année, le mawsim de Kanawal risque d’être privée de l’une de ses manifestations majeures : le tir à la cible. L’organisation qui la prend en charge est traversée par une profonde crise de leadership.
La justice, comme à son habitude, a ajouté à la confusion dans ses décisions en faveur de l’une ou l’autre des parties prenantes dans un conflit qui a fini par prendre les allures d’un mauvais scénario et d’un tout aussi mauvais jeu de rôles. Du coup, deux directoires pour l’union nationale du tir à la cible. L’exercice qui s’est transformé en sport noble ces dernières années, est devenu l’objet d’enjeux financiers considérables. D’où la lutte acharnée autour de son leadership.
Devant cette confusion, le ministère de la culture, ministère de tutelle, n’a pas trouvé mieux que de demander la suspension des activités de l’union. Il suffisait pour cela d’arrêter l’approvisionnement en munitions dont la traite est la première source de revenus de l’activité. Avec l’arrêt de l’activité, c’est tout un pan du festival (mawsim) de Kanawal qui se trouve en danger.
En effet depuis près de deux décennies, des concours de tir étaient organisés pendant ce festival. Ce qui drainait des activités économiques dont profitaient d’abord les populations laborieuses de l’Adrar. En plus des échanges sociaux et humains qui participaient à alléger la souffrance de ces populations confrontées au dur labeur de la culture oasienne qui est d’abord marqué par la carence de l’eau notamment et par l’hostilité du climat avec les chaleurs excessives.
Cette année, la guetna a été visiblement mauvaise, les problèmes d’approvisionnement en eau potable se posent encore et la culture maraichère a été à son plus bas niveau. La saison du festival était donc plus attendue que par les années passées. Perçus comme un moment d’exceptionnelle abondance, les quelques jours d’activités sportives et culturelles qui animaient la ville d’Atar permettaient à des commerces de prospérer l’espace d’un temps certes court, mais intense. L’absence du concours de la cible cette année remet en cause ce fil d’espoir, cette soupape qui permettait de faire passer un souffle d’oxygène.
Les étrangers ont tué la région en la déclarant zone rouge. Les caprices du climat ont eu raison de la légendaire endurance des habitants d’une région longtemps habitués à vivre de la sueur de leurs fronts – ils sont les seuls dans l’espace Bidhane à faire du travail une valeur. Il ne faut pas qu’une décision rapidement prise prive ces populations et cet espace d’une aubaine qui peut paraitre peu mais qui est beaucoup dans un environnement fait de rareté.
Le règlement des contentieux autour du leadership ne peut pas bloquer les compétitions prévues pour ce mawsim de guetna en Adrar. Parce qu’il va prendre du temps, parce qu’il exige une réelle prise de conscience des autorités et des pratiquants autour des véritables enjeux financiers et sécuritaires (surtout) du tir à la cible.

La décision prise par les autorités n’a pas pris en compte le sentiment de dizaines de pratiquants de ce sport. Elle a ignoré aussi l’intérêt des populations locales pour ce qui est devenu un grand moment social, culturel et économique pour des régions où le tir à la cible est une activité traditionnelle.

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