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dimanche 21 juin 2015

La fête sans la musique

Il n’y aura pas de célébration de la fête internationale de la musique. Motif officiel : le Ramadan. En réalité nous sommes dans un pays qui a cessé depuis longtemps de guetter toute occasion de faire la fête. Après avoir été une société passionnément festive, la chape s’est peu à peu installée pour imposer une grave tristesse. Le recul de la joie dans notre société est certainement le facteur principal de sa décadence. L’ennui étant l’une des grandes manifestations de cette décadence.
Le Nouakchott des années 70 et 80 est une ville bienveillante et bien vivante. Les nuits étaient animées par des concerts de musique organisés par de grandes familles de griots qui créent ainsi un espace de créativité, de poésie et donc de rencontres. A se rappeler la géographie de ces concerts, on croirait que c’était bien voulu : Ehl Abba, Ehl Amar Tichit, Ehl Hommod Val, Ehl Amar Iguiw, Ehl Nana, Ehl Meydah… chaque famille était à elle seule un centre culturel bien installé dans l’un des quartiers de la ville. On savait qu’à telle heure de la nuit, on trouvait tel poète ou tel autre chez l’une ou l’autre des familles.
En plus de ces lieux institutionnels, il y avait aussi de nombreux espaces d’amateurs qui animaient les concerts dans des lieux privés ou même dans les maisons de jeunes de la capitale. Il y avait une ambiance qui permettait à la ville de souffler, de respirer et de résister à la pollution déjà pesante.
La journée de la fête de la musique de cette année arrive à un moment où le monde des professionnels de la musique est en crise ouverte. Les divisions qui l’ont toujours miné refont surface, avec notamment les sempiternelles querelles de leadership entre les familles qui jugent, chacune, être plus à même de diriger que les autres.
Les professionnels les plus connus ne sont pas contents de l’attitude du ministère de la culture qu’ils accusent d’interférences dans des querelles qui ne devaient pas le concerner. Mais il semble que c’est surtout l’existence d’un Institut de musique aussi coûteux qu’inutile qui pose problème. Voilà une institution qui aurait dû servir à révolutionner les organisations professionnelles, l’art lui-même et qui, en définitive, freine toute évolution.
L’institut de musique n’a finalement servi à rien, sinon à amplifier les divergences entre les professionnels, à rendre toute activité et donc toute évolution impossible.
Rendez nous la joie de vivre d’antan, nous vous donnerons assez d’espoir pour croire aux lendemains qui chantent.

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