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mardi 20 janvier 2015

Dialogue : la copie du gouvernement

Dans le papier remis par le Premier ministre au Secrétaire permanent du FNDU, on note d’abord l’engagement de la Majorité à s’inscrire dans la dynamique du dialogue constructif inclusif, en vue de créer «une atmosphère politique apaisée». Partant de ce principe et «en vue de concrétiser sa volonté d’ouverture, la Majorité déclare sa disponibilité à discuter les thèmes suivants qui ont été soulevés par l’Opposition».
Thèmes à discuter : la couverture par les médias publics des activités de l’Opposition, le rétablissement de la confiance entre les deux pôles, l’arrêt de l’exclusion des cadres et hommes d’affaires de l’Opposition («s’il s’en trouve»), réorganisation du Conseil Constitutionnel, organisation de nouvelles élections municipales et législatives consensuelles et recul des sénatoriales, restructuration de la CENI, accord sur un calendrier électoral, réforme de la Constitution pour lever la limitation d’âge pour la candidature aux présidentielles, interdiction à l’Armée Nationale d’interférer dans la politique, organisation d’élections présidentielles anticipées, redéfinir les pouvoirs du Parlement et du Premier ministre, l’Unité nationale, la sécurité publique et extérieure, la loi et la transparence dans la gestion des affaires publiques, neutralité de l’administration, indépendance de la justice, relations des partis au pouvoir avec l’administration et la redéfinition du leadership de l’Opposition.
Le document conclut à la nécessité de discuter l’ensemble de ces questions «dans le cadre d’un dialogue national consensuel auquel tous les acteurs de l’espace politique national». Chacune des deux parties sera conviée à désigner des représentants à ce dialogue.  
Même si le document (en Arabe) précise qu’il répond à des doléances écrites, nous n’avons pas connaissance d’un écrit autre que celui de la proposition de Messaoud Ould Boulkheir. Or de nombreux points soulevés par le document du Premier ministre ne figurent pas dans la proposition de Ould Boulkheir. Notamment la question de l’organisation d’une élection présidentielle anticipée, mais pas seulement. Alors ?
Dans sa copie, le Premier ministre s’est voulu exhaustif : il a complété la proposition de Ould Boulkheir par toutes les demandes antérieurement exprimées par l’Opposition, mais aussi par tout ce qui peut l’intéresser. Les dix-huit points recouvrent effectivement le spectre revendicatif de l’Opposition dans son ensemble. Cela pose plusieurs problèmes.
D’abord de quelle opposition parle-t-on quand on fixe les protagonistes au nombre de DEUX ? Dans les documents on se suffit à désigner LE POUVOIR et L’OPPOSITION comme les deux parties prenantes. Dans ce cas, le label OPPOSITION désignera en même temps ceux de la CAP (Wiam, APP et Sawab) et ceux du FNDU. Mais accepteront-ils d’être traités au même niveau, de désigner leurs représentants d’un commun accord, de défendre les mêmes points de vue… ?
Même au sein du FNDU, les divergences sont évidentes et s’expliquent par les différences dans les approches et dans les conduites. Si le parti Tawassoul a participé aux dernières élections législatives, abandonnant ses compagnons de la défunte Coordination de l’opposition démocratique (COD), c’est bien parce que sa vision de l’avenir politique du pays et de son rôle sur l’échiquier est différente des autres. Si l’Union des forces du progrès (UFP) doit payer le prix du boycott qu’elle a adopté malgré de fortes réticences au sein des masses populaires et même de l’élite dirigeante, c’est bien parce que la direction historique s’est inscrite dans la logique d’autres composantes de la COD comme le Rassemblement des forces démocratiques (RFD) de Ahmed Ould Daddah. Les sentiments l’ont emporté à ce moment-là, mais la Raison a repris le dessus plus tard.
Autant dire que la proposition du gouvernement peut paraitre comme une manœuvre dans la mesure où l’on est sûr de côté qu’il sera difficile de trouver un accord entre les acteurs de l’Opposition. Surtout si ceux-ci lisent la proposition comme étant un moment de faiblesse, la conclusion est alors : «il ne faut pas aider le pouvoir à sortir de ses problèmes, mais le laisser s’empêtrer encore plus pour provoquer sa chute inéluctable». Cette conclusion amène à refuser toute ouverture sur le vis-à-vis.
On peut cependant refuser en adoptant une attitude de rejet pur et simple. C’est mortel et on le sait. On peut aussi faire des contrepropositions impossibles à réaliser et dans ce cas faire croire à une disponibilité qui n’est pas réelle mais qui a l’avantage de renvoyer la balle ailleurs, loin de son camp.

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