La loi 048/2007 criminalisant la pratique de
l’esclavage a été l’objet d’un séminaire de sensibilisation autour de sa portée
et de ses incidences. Organisé par l’ONG SOS-Esclaves dirigée par Boubacar Ould
Messaoud, ce séminaire s’est ouvert à Aleg (Brakna) le 21 novembre et se
poursuivra dans d’autres régions du pays, notamment le Trarza, cette semaine.
Selon les indications de l’ONG
anti-esclavagiste, le séminaire a pour objectif de «renforcer les capacités de
ses membres dans la compréhension de la Loi» et, certainement, de pousser vers son
application avec rigueur.
Dans son allocution d’ouverture, le président
Boubacar Ould Messaoud a rappelé le combat mené par son organisation depuis sa
création en 1995. «La société
mauritanienne, toutes composantes confondues, étant profondément inégalitaire,
il s’impose à tous les courants progressistes de conjuguer leurs efforts car
l’unité nationale ne peut se bâtir sans la liberté». Soulignant que
l’objectif «n’est pas de confronter les
esclaves et les esclavagistes car nous savons que maitres et esclaves sont
acculés par le poids de l’héritage social, mais de les sensibiliser sur les
moyens d’éradiquer le phénomène».
Le vieux combattant n’a pas manqué de
rappeler : «Nous avons été arrêtés
et jugés à Rosso en 1980 par un tribunal présidé par un colonel pour avoir osé
mettre sur la table cette problématique», suite à quoi, «le régime de l’époque a fait la déclaration
du 5 juillet 1980 condamnant l’esclavage». Mais 27 ans ont été nécessaires
pour arriver à la criminalisation formelle de la pratique. C’est bien cette
lenteur dans les procédures d’application des lois récriminant la pratique
qu’il faut trouver la raison première de la radicalisation des discours.
L’adoption par le pouvoir actuel d’une feuille
de route pour la lutte contre la pratique et ses séquelles, n’empêche pas le
développement de discours hargneux autour de la question. Cette feuille de
route n’a pas bénéficié de campagnes médiatiques à même de la faire connaitre.
Elle se déroule en 29 points qui commencent par
la nécessité d’amender la loi 048/2007 pour permettre d’y inclure une
définition sans ambiguïté de l’esclavage et qui continuent par l’exigence d’une
discrimination positive envers les victimes, pour se terminer avec la mise en
place d’un comité de suivi et l’élaboration d’évaluation périodique du travail
accompli en la matière.
Dernièrement, le conseil
des ministres a adopté la création d’un tribunal dédié exclusivement au
traitement des questions liées à la pratique. Cette institution tarde à voir le
jour sans qu’on sache pourquoi.