Le Conseil des ministres du 4 septembre a adopté «le projet de
décret relatif à la détermination de la représentativité des organisations
syndicales». Une vieille revendication de certains syndicats et qui vise à
rétablir une forme de justice à même d’assurer une équitable représentation des
organisations syndicales dans les conseils d’administration de la CNSS
notamment. Mais le décret est surtout le prélude nécessaire à l’engagement d’un
dialogue social parce qu’il vise à fixer des critères de choix basés sur la
représentativité réelle. Il est aussi l'occasion de savoir qui va représenter les travailleurs dans les conférences internationales du BIT.
Environ 21 organisations sont actives sur la scène mauritanienne. Jusqu’à
présent, ces syndicats sont traités au même pied d’égalité, sans pise en
considération de leurs poids respectifs. Ce qui crée des dysfonctionnements
quant à l’équité dans les affectations d’aide et de postes de responsabilité. Des
syndicats qui n’ont d’existence que quelques éléments et un cartable, son
parfois mieux traités que les organisations les plus en vue comme la CGTM
(confédération générale des travailleurs de Mauritanie), la CNTM (confédération
nationale des travailleurs de Mauritanie), la CLTM (confédération libre de
Mauritanie), et l’UTM (union des travailleurs de Mauritanie,
organisation-mère).
En fait et comme dans tous les secteurs, le syndicalisme a connu
un foisonnement extraordinaire avec la libéralisation. Il a d’abord épousé les
contours des clivages politiques, chaque syndicat étant l’émanation d’un groupe
ou d’un parti politique. Dernière étape de ce processus de récupération de l’activisme
syndical par les partis politiques, est la collision entre ces syndicats et les
politiques au sein du Forum national pour la démocratie et l’unité (FNDU).
Pour revenir aux nouvelles dispositions, elles préparent donc le
dialogue social qui demande à fixer les règles qui permettent de classifier les
organisations. Ce n’est pas par hasard si la CGTM est la seule centrale qui
célèbre l’adoption d’une vieille revendication pourtant collective. C’est parce
que cette centrale est la mieux implantée dans tous les secteurs de la vie. Seule
cette centrale peut assurer les 30% de représentants exigés.
Cette situation annonce de
sérieux clivages entre les centrales, la plupart d’entre elles essaieront de
dénoncer le nouveau projet. N’empêche qu’il s’agit là d’un pas important vers
la normalisation des rapports entre les intervenants sociaux.