A
Paris, l’après-élection pose problème parce qu’elle impose un changement de
gouvernement. Le Président François Hollande est obligé de changer d’équipe
après la débâcle du parti socialiste dans les élections de dimanche. Il va
devoir remplacer Jean-Marc Ayrault pour en faire un fusible. Il promet
d’intervenir ce soir à 20 heures pour annoncer de «grands changements».
Mais c’était compter sans la curiosité des journalistes, sans surtout les
ressentiments et les infidélités à l’intérieur du système Hollande…
Dès
les premières heures de la matinée, la une des télévisions était
celle-là : la démission de Jean-Marc Ayrault et son remplacement par
Manuel Valls, le ministre de l‘intérieur. C’est bien le cabinet du Premier
sortant qui avait fuité l’information. D’ailleurs, il avait refusé de venir à
l’Elysée présenter sa démission lui-même au Président. Préférant, sans doute en
signe de mécontentement, envoyer sa démission par l’intermédiaire de l’un de
ses conseillers et se garder lui-même de faire le déplacement.
La
fuite a eu un effet catastrophique sur le timing fixé par le Président
Hollande. Du coup, son intervention a perdu tout de son importance. L’effet qui
en était attendu s’est perdu parce qu’elle n’annonçait plus rien. Comme quoi la
communication peut être une arme dangereuse. L’occasion de rappeler aux
politiques qu’ils doivent tout à la communication. C’est par la communication
qu’ils font passer leurs messages, qu’ils deviennent audibles et visibles. C’est
par elle qu’ils peuvent influer sur le cours des événements.
On
est frappé en Mauritanie par l’indifférence affichée par nos politiques
vis-à-vis de cet outil. D’un côté comme de l’autre – pour ne pas dire de tous
les côtés car les groupes et rassemblements donnent plusieurs nuances
politiques -, on essaye de faire comme si on pouvait se passer de la
communication.
Les
autorités oublient d’imaginer une stratégie de la communication à même de
restaurer une image positive du pays. Il n’y a pas plus dramatique de voir
comment la Mauritanie est vue de l’extérieur : un pays esclavagiste où l’exercice
de l’arbitraire est quotidien, où les libertés n’existent pas, où des milices
tribales sévissent en toute impunité...
Les
protagonistes du pouvoir ne sont pas plus conscients des enjeux pour la
Mauritanie et pour la démocratie. Jamais, la liberté de presse n’a été au
centre des combats politiques. Les grandes avancées dans le domaine sont le
fait d’une lutte menée par les journalistes eux-mêmes. Ils ont su imposer,
pendant la première transition, l’idée d’une grande réforme du secteur :
introduction du régime de la régulation au lieu de celui de la surveillance,
création d’une Haute autorité de la presse, libéralisation de l’audiovisuel…
Pendant la seconde transition et après l’élection de 2009, seront introduites d’autres
améliorations, notammant la loi de dépénalisation du délit de presse et celle
régissant la presse électronique. Un chemin a certes été parcouru, mais rien ne
l’indique de l’extérieur : en 2013, la Mauritanie a été classée par
Freedom House dans la catégorie des «pays
les moins libres». Ridicule !
Nous
savons désormais que l’arme de la communication a emporté des pouvoirs – depuis
le régime des Ceausescu en Roumanie en 1989 à celui des Ben Ali, Moubarak et
Kadafi en Tunisie, Egypte et Libye. Elle a emporté des peuples et des pays qui
ont sombré dans la guerre civile – depuis le Rwanda et son génocide à la Syrie
et son hécatombe qui se déroule devant nous.
A chaque événement chez nous, nous voyons se déployer
cette arme redoutable : manipulations, provocations, déstabilisation…
fausses informations… analyses tronquées… tout est bon pour intoxiquer l’atmosphère
et compliquer la situation. J’usqu’à quand ?