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lundi 31 mars 2014

La Valls à deux temps

A Paris, l’après-élection pose problème parce qu’elle impose un changement de gouvernement. Le Président François Hollande est obligé de changer d’équipe après la débâcle du parti socialiste dans les élections de dimanche. Il va devoir remplacer Jean-Marc Ayrault pour en faire un fusible. Il promet d’intervenir ce soir à 20 heures pour annoncer de «grands changements». Mais c’était compter sans la curiosité des journalistes, sans surtout les ressentiments et les infidélités à l’intérieur du système Hollande…
Dès les premières heures de la matinée, la une des télévisions était celle-là : la démission de Jean-Marc Ayrault et son remplacement par Manuel Valls, le ministre de l‘intérieur. C’est bien le cabinet du Premier sortant qui avait fuité l’information. D’ailleurs, il avait refusé de venir à l’Elysée présenter sa démission lui-même au Président. Préférant, sans doute en signe de mécontentement, envoyer sa démission par l’intermédiaire de l’un de ses conseillers et se garder lui-même de faire le déplacement.
La fuite a eu un effet catastrophique sur le timing fixé par le Président Hollande. Du coup, son intervention a perdu tout de son importance. L’effet qui en était attendu s’est perdu parce qu’elle n’annonçait plus rien. Comme quoi la communication peut être une arme dangereuse. L’occasion de rappeler aux politiques qu’ils doivent tout à la communication. C’est par la communication qu’ils font passer leurs messages, qu’ils deviennent audibles et visibles. C’est par elle qu’ils peuvent influer sur le cours des événements.
On est frappé en Mauritanie par l’indifférence affichée par nos politiques vis-à-vis de cet outil. D’un côté comme de l’autre – pour ne pas dire de tous les côtés car les groupes et rassemblements donnent plusieurs nuances politiques -, on essaye de faire comme si on pouvait se passer de la communication.
Les autorités oublient d’imaginer une stratégie de la communication à même de restaurer une image positive du pays. Il n’y a pas plus dramatique de voir comment la Mauritanie est vue de l’extérieur : un pays esclavagiste où l’exercice de l’arbitraire est quotidien, où les libertés n’existent pas, où des milices tribales sévissent en toute impunité...
Les protagonistes du pouvoir ne sont pas plus conscients des enjeux pour la Mauritanie et pour la démocratie. Jamais, la liberté de presse n’a été au centre des combats politiques. Les grandes avancées dans le domaine sont le fait d’une lutte menée par les journalistes eux-mêmes. Ils ont su imposer, pendant la première transition, l’idée d’une grande réforme du secteur : introduction du régime de la régulation au lieu de celui de la surveillance, création d’une Haute autorité de la presse, libéralisation de l’audiovisuel… Pendant la seconde transition et après l’élection de 2009, seront introduites d’autres améliorations, notammant la loi de dépénalisation du délit de presse et celle régissant la presse électronique. Un chemin a certes été parcouru, mais rien ne l’indique de l’extérieur : en 2013, la Mauritanie a été classée par Freedom House dans la catégorie des «pays les moins libres». Ridicule !
Nous savons désormais que l’arme de la communication a emporté des pouvoirs – depuis le régime des Ceausescu en Roumanie en 1989 à celui des Ben Ali, Moubarak et Kadafi en Tunisie, Egypte et Libye. Elle a emporté des peuples et des pays qui ont sombré dans la guerre civile – depuis le Rwanda et son génocide à la Syrie et son hécatombe qui se déroule devant nous.
A chaque événement chez nous, nous voyons se déployer cette arme redoutable : manipulations, provocations, déstabilisation… fausses informations… analyses tronquées… tout est bon pour intoxiquer l’atmosphère et compliquer la situation. J’usqu’à quand ?

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