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mercredi 6 août 2014

La Mauritanie à Washington (2)

C’est hier soir qu’a eu lieu le dîner de la Maison Blanche. Vedette incontestée de ce dîner : le couple présidentiel mauritanien qui a été l’objet de plusieurs commentaires positifs de la presse américaine.
La Première Dame mauritanienne a été l’objet d’égards particuliers de la part de la presse outre-Atlantique, même les quotidiens les plus sérieux (les moins people) lui ont accordé des encarts pour parler de sa tenue et du comportement du couple durant toute la soirée. Le couple n’a pas manqué quelques «écarts» à la tradition en affichant sa cohésion et son bonheur commun. C’est ici des doigts qui s’entrelacent le temps de la photo officielle, c’est là le bras qui entoure la taille de la Présidente pour l’introduire à l’intérieur de la salle réservée au dîner dans la Maison Blanche. Des attitudes qui ne manqueront pas d’éveiller les plus obscurantistes de nos «bienpensants» qui peuvent se taire sur les adultères, les justifier et même les pratiquer, mais qui sont prompts à dénoncer des attitudes toutes humaines qui n’enfreignent en rien les préceptes de l’Islam. Passons.
Avant d’aller au dîner, le Président de la République a reçu les représentants de la communauté mauritanienne aux Etats Unis. Quelques dizaines de Mauritaniens venus de tous les Etats, représentants d’une communauté visiblement très dynamique.
«Tous ceux que vous voyez ici ne viennent pas pour demander des subsides. Nous travaillons et gagnons notre vie convenablement. Le moins nanti parmi nous envoie en moyenne trois cents dollars par semaine à ses parents restés là-bas. Ce que nous voulons, c’est que le pays pense à nous pour régler certains de nos problèmes…»
C’est une introduction que tous ceux qui ont pris la parole tiennent à faire. En gros, les problèmes sont de trois ordres. La première demande est celle qui concerne l’ouverture d’une succursale de banque pour leur permettre de faire les transferts de façon moins aléatoire qu’actuellement. Ils sont officiellement près de dix mille Mauritaniens à vivre ici, sans compter ceux qui sont dans la situation d’«exilés» pour des raisons politiques, sexuelles ou religieuses. C’est que l’on fait croire ici qu’il y a en Mauritanie une répression contre les opposants politiques, contre des franges données de la population (homosexuels, non-musulmans…). Ceux qui vivent dans la situation de réfugiés ne prennent pas contact avec l’Ambassade.
Une dizaine de milliers qui envoient chacun au moins 500 dollars par mois, c’est déjà dans l’ordre de cinq millions. Un pactole qui fait le bonheur des trafiquants de devises en prenant un circuit parallèle qui ne profite finalement pas aux institutions financières régulières. Pour cette question, le Président a promis de faire bouger la Banque Centrale de Mauritanie (BCM) pour faire le nécessaire.
La deuxième problématique est celle de la double nationalité. Le système est mal compris par nos communautés de l’extérieur. Il est désormais possible d’acquérir une nouvelle nationalité tout en gardant celle d’origine. «Il suffit pour cela d’en faire la demande et d’avoir un décret présidentiel, a expliqué le Président. Des instructions ont été données pour accélérer les procédures en attendant de prendre les dispositions légales pour que ce soit automatique».
Dans le même ordre d’idée, la question de l’enrôlement, cette fois-ci posée par tout le monde. Entre ceux qui n’ont pas de «green card» (résidence locale) et ceux qui n’ont plus les papiers mauritaniens après l’acquisition de la nationalité, chacun y est allé comme il peut, dans un désordre complet. «Aucun Mauritanien ne sera exclu de cet enrôlement, mais nous allons d’abord nous consacrer à ceux qui sont en règle. Après, les cas seront traités un à un. Pour des considérations sécuritaires, nous ne pouvons tout faire en même temps…»
Dernier grand registre de problématiques, celle de la préparation du retour et du maintien, en attendant, des liens entre la communauté et le pays. Cela demande une plus grande présence de la représentation diplomatique, une meilleure organisation de la communauté, une participation organisée dans le développement du pays…

«Monsieur le Président, nous vivons dans un pays qui nous a immédiatement acceptés comme citoyens. Dans un rang devant un comptoir, l’agent de sécurité ici présent ne peut se prévaloir d’aucun privilège particulier par rapport à l’un de nous. Aucun de nous n’a jamais été traité pour son faciès, sa religion, son origine… Nous n’avons jamais subi l’arbitraire ici. C’est pourquoi la relation avec la première puissance du monde doit faire l’objet d’une attention particulière. Les diplomates qui sont envoyés ici doivent nécessairement parler la langue du pays, faire preuve de compétences et d’intelligence…» Personne n’a finalement demandé l’ouverture d’un consulat, mais c’est peut-être la solution pour une communauté aussi forte, aussi dynamique.

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